Plus de la moitié des membres du gouvernement se trouveraient-ils en congé technique ou seraient confinés dans leurs bureaux pour cause de coronavirus ? Sur les vingt-huit ministres, sept ministres délégués et quatre secrétaires d'Etat, seuls une petite minorité est au four et au moulin, parmi lesquels le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, qui se retrouve à la première ligne du front dans cette lutte contre la propagation de la pandémie de coronavirus. Est-ce normal qu'une épidémie éclipse la majorité des membres du gouvernement ? De toute évidence, tous les efforts sont concentrés dans le secteur sanitaire, qui focalise les projecteurs de l'actualité, mais cela ne doit pas occulter que d'autres secteurs sont tout autant appelés à jouer leur rôle dans cette période sensible que traverse le pays. Car, tout le monde s'accorde à le dire, la gestion de la crise sanitaire est avant tout une gestion politique, qui devrait impliquer tout le gouvernement. Des Travaux publics à l'Habitat, en passant par la Solidarité, la Pêche, la Micro-entreprise et la Jeunesse, tous les secteurs sont tenus d'assurer la continuité des activités, du moins éviter la paralysie totale qui frappe de plein fouet de nombreuses branches. Tous les ministres devraient sortir de leur confinement et tenter de relancer les activités d'une manière graduelle dans les chantiers à l'arrêt ou évoluant à pas de tortue depuis plus d'un mois, dont les réalisations des logements et le BTPH en général, l'extension de la ligne du tramway, les lignes ferroviaires et autres usines de production à remettre en marche. On ne sait pas si les membres du gouvernement, qu'on ne voit plus que lors des réunions périodiques des Conseils des ministres, sont à l'œuvre dans cette optique, mais il ne s'agit pas de travailler ou planifier une reprise du travail dans l'enfermement. Toute activité des membres du gouvernement est politique et l'opinion est en droit de savoir ce que font les uns et les autres dans leur domaine particulier pour desserrer l'étau qui asphyxie la machine économique. Quelles solutions envisager dans ce sens ? Des issues existent, incluant la stratégie de sécurisation des travailleurs au niveau des chantiers et des usines, notamment le respect de la distanciation sur les lieux de travail et le port des masques protecteurs. La situation est grave à la veille d'un mois de Ramadhan réputé « oisif » sur le plan du labeur, sans qu'on y ajoute le sel de la pandémie de coronavirus, qui a, déjà, donné un avant-goût de cette léthargie inquiétante. Bien sûr, tout doit aujourd'hui obéir aux règles sanitaires et décisions qui émanent de l'autorité de tutelle, mais il n'est pas dit qu'on ne doit prendre aucune initiative et qu'on se laisse aller au confinement sans perspective d'une sortie tout au moins sélective et adaptée à l'évolution de la pandémie de coronavirus, « maîtrisée » pour le moment, selon les affirmations des plus hauts responsables. N'est-il pas, alors, temps de penser au déconfinement ?
