Le dernier rapport du médiateur de la République revêt une coloration gênante par les suppliques qu'il adresse au chef de l'Etat. Non pas que les griefs soient déraisonnés, mais on est bien obligé d'admettre que les mauvaises notes étalées sont en total décalage avec la situation difficile et compliquée du pays. Il y est question de budget de fonctionnement et de salaires et on se surprend à constater que la nouvelle institution de l'ancien président de l'Assemblée nationale réclame au président de la République d'être lui-même le médiateur attitré. Tant qu'à faire et pour une mise en conformité avec les compréhensions et l'esprit actuels, autant demander au chef de l'Etat de prendre en charge personnellement la remise des extraits de naissance et le contraindre à la petite gestion des usuels documents administratifs. Un médiateur de la République a toutes les raisons d'une présence pour être à l'écoute de la survenance des démêlés et des excroissances entre acteurs économiques et sociaux, mais dans la pénible conjoncture actuelle il était prédit qu'une telle institution ne pouvait apparaître que comme un réceptacle de tous les maux du pays. Devant l'inextricable maillage des profonds problèmes, il était prévisible que la charge à supporter par la nouvelle institution était trop lourde et qu'il lui sera ardu d'assumer le rôle qui lui est dévolu. Il aurait fallu, sans le moindre doute, qu'un tel organisme articule sa mission dans une société préalablement harmonisée où des citoyens désespérés ne répondent pas au pied levé à la tentation des solutions finales à la hauteur de l'immolation par le feu. Les doléances du frais médiateur teintées par une irritabilité évidente ne sont pas fugaces. Bien que leurs formes soient légitimes et justifiées, elles ne se démarquent pas cependant d'une manie généralisée qui veut que la charrue soit mise avant les bœufs. Pour être efficace et bien menée, la médiation ne peut pas être une couverture palliative pour une société désarticulée dans un monde déboussolé. Elle n'est qu'un outil de retouches pour parfaire l'harmonie et la sérénité d'un pays.