Le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a-t-il trouvé la parade pour casser les prix durant le mois de Ramadhan en dédiant plus d'un mois aux ventes promotionnelles ? L'avènement est inédit en Algérie, et on ne peut jurer de rien avant d'en faire l'expérience. Ainsi, M. Rezig a annoncé, jeudi dernier, que les ventes promotionnelles, en prévision du mois de Ramadhan, débuteront une semaine à l'avance, au niveau des commerces et marchés à travers toutes les communes du pays. Dans une déclaration à la presse, en marge d'une plénière du Conseil de la Nation consacrée aux questions orales, M. Rezig a indiqué que cette opération vise à préserver le pouvoir d'achat du citoyen et à permettre aux commerçants de compenser les pertes enregistrées pendant le confinement sanitaire. La vente au rabais concernera les produits de large consommation, à forte demande durant le mois sacré, notamment les produits alimentaires, la vaisselle, les vêtements, les chaussures et les appareils électroménagers. Ajoutant que des opérations similaires feront partie des nouvelles us et coutumes commerciales, à l'occasion de toutes les fêtes religieuses, célébrées dans le pays, a-t-il ajouté. Notons que les ventes promotionnelles, qui peuvent être menées, à tout moment de l'année, sont différentes des soldes, même si les deux peuvent être complémentaires, et ne doivent pas coïncider aux mêmes dates pour éviter toute confusion ou foire d'empoigne. Reste également à savoir si les commerçants accepteraient de s'initier aux techniques de la vente promotionnelle, dans une période marquée par une frénésie de la consommation, où les citoyens achètent à tour de bras malgré la flambée des prix. La vente promotionnelle est faite pour concurrencer le marché, vendre plus et plus rapidement, mais pourquoi aller vers cette formule quand on a l'assurance de vendre plus et rapidement durant le Ramadhan même à des prix relativement plus élevés? A moins que la chute du pouvoir d'achat change la donne cette année, et pousserait les commerçants à s'investir dans ce créneau pour écouler leur marchandise. En tout cas, pour éviter d'éventuelles hausses de prix, durant le mois sacré, le ministère du Commerce a mobilisé 9.000 agents de contrôle, opérant en brigades mixtes avec les services de la Sûreté, des Douanes et des Services agricoles, a précisé M. Rezig. Quant à la crise « irréelle » d'huile de table, le ministre a tenu à rassurer le citoyen à propos de la disponibilité du produit en quantité « considérable » durant le mois de Ramadhan, affirmant que des stocks importants de ce produit sont constitués au niveau des usines des six opérateurs activant dans ce créneau. Soulignant la disponibilité d'une réserve conséquente d'huile qui devra suffire jusqu'à fin juin prochain, M. Rezig a fait état de la production de plus de 51.000 tonnes en janvier dernier et plus de 53.000 tonnes en février, précisant que les besoins mensuels de l'Algérie sont estimés à 48.000 tonnes. Le ministre du Commerce a expliqué les perturbations en approvisionnement ces dernières semaines, par le refus des détaillants de facturer leurs achats, précisant que « l'un des opérateurs de la filière ayant sollicité une indemnisation et un soutien pour la première fois, a été obligé d'appliquer la facturation pour toutes ses transactions, ce qui a amené les commerçants de détail à renoncer à s'approvisionner en ce produit vital, pour éviter ainsi la facture ». Mais, le ministre ne dit pas ce qui pourrait amener ces commerçants de détail à revenir à de meilleurs sentiments et accepter la facturation. Les stocks d'huile de table peuvent répondre à la demande jusqu'au mois de juin 2021, mais on continue à la veille du Ramadhan à ne pas en trouver suffisamment sur le marché ! L'impératif de réguler la chaîne de distribution, pour faire parvenir l'huile de table au consommateur, est plus important que toute autre considération ou constat béat de disponibilité du produit chez les producteurs.
