Ebna-i el a3iza ! Banati l-a3izète ! Louange à Dieu, et gloire à B Abouréforme de l'école fawdhamentale, et B «Boubkeur» sans lequel il n'y aurait eu ni réformes, ni bled. Le B sous lequel ce bled est redevenu bled, ce peuple peuple, et nos gosses des génies au vu de leurs notes au Bac ! C'est grand-mère Oum Harrag sur-heureuse qui pavoise au lieu de pleurer, car weldeha Harrag a pris le Bac. Ainsi, de haut en bas, chacun a sa raison de faire la fête du Bac du wi-ème. A la cime du sinistre scolaire, Boubkeur se frappe la poitrine et proclame les résultats du record des records depuis qu'il était élève. Et les lauréats ‘'Excellents'', plus nombreux que les généraux-majors promus cette saison, sont là pour valider les pompes. La récolte exceptionnelle mesure les Islahette profondes de Sidi Boubkeur. Les fuites n'étaient que des rumeurs. Et puis, y avait-il difficultés au point de susciter les fuites ou les antisèches ? Comme lors d'un plébiscite national, les candidats ont eu subitement un éveil de conscience pour relever leur niveau tout en rougissant la face à Boubkeur. Tous les instits vous le disent : quand il s'agit de 18/20, c'est l'élève qui a bien travaillé. Lorsqu'il mérite un 5/20, c'est toujours l'instit qui n'a rien foutu. C'est une habitude bien ancrée dans le système : à El Mouradia, on reçoit les excellents lauréats, et dans les rues d'Alger, on reçoit leurs profs avec la matraque. A Mosta, Oum Harrag aura trouvé le prétexte à se faire rembourser cadeaux, gâteaux, congratulations, voire DJ, redevables. Harrag, lui, s'interroge parfois sur comment un tel Bac lui est tombé sur la tête. Lui, qui, victime du nomadisme de son lycée Zerrouki une année durant, a passé plus de temps dans son Facebook que dans ses books. La chance ? Peut-être. Mais sûrement à cause de la bienveillance du wi-ème ayant offert un 19,5/20 en EPS par-ci, et par-là, un 17 ou 18/20 en philo, sinon des notes dont n'avaient même pas rêvé ceux qui l'ont dédicacé, à leur époque de lycées. A la joie succède l'embarras du choix : une occupation classique de 4 ans ou compressée en 3 ans avec une LMD ? Les 2 formules étant extensibles à l'infini, selon le temps perdu dans une organisation estudiantine ? Un avenir quasi assuré sous un Képi ? Ou une formation de maçon car le Bac empoché se révèle à peine suffisant pour peupler presque un CFPA par grand douar ? Ah la belle époque à jamais révolue ! Quand Boubkeur était encore au collège. Quand le maître était vrai, en classe et dans la rue. Quand savoir et connaissances étaient prodigués sans desseins occultes, ni idées ou idéologie derrière les oreilles. Quand les notes n'étaient ni négociables, ni négociées. Seulement méritées, jamais distribuées au prorata du faciès des élèves, ou du rang des parents. Quand les élèves n'étranglaient pas leur instit à la sortie de l'établissement, et n'allaient pas en classe avec des coutelas. Pas à pas, la pauvre école est passée du sérieux et du seul mérite, à la ‘'djez-ara'' massive et forcée, au fatalisme populaire de ‘'li kra, kra bekri !'' et de ‘'l'essentiel était de participer'', avant de distraire des générations entières par la démocratisation des diplômes du wi-ème pour tous et sans rachat.