Avant la démocratie, il faut avoir sa culture. Et pour sa culture, il faut avoir l'acteur qui consent à labourer. Pas à la donner. Ni à manger et applaudir, ou maudire dans un café. La démocratie, c'est comme la liberté. Elle ne se donne pas, elle s'arrache. C'est pour cela, d'ailleurs, que le Peuple ne semble pas être enthousiaste, outre mesure, à l'offrande en cours de cuisine. Quoi ? Nous n'avons pas le Peuple requis pour ? Quel blasphème ! La question ne mérite même pas un référendum. Dès lors que Hmida joue et arbitre son propre jeu, on ne peut pas être certain du score, mais pas du pronostic : la victoire de l'arbitre au profit de Hmida ! À hauteur des scrutins déjà fraudés, la réponse est oui. Un oui majoritaire, non pas selon la géographie de la République, mais au goût des classes de son Peuple votant ou pas. Peut-on arracher un bout de démocratie avec les partisans de la thèse populaire des ‘'Nourris et abreuvés ! Alors que nous manque-t-il ?'', qui désapprouvait la contestation de certaines catégories socioprofessionnelles. Qui ne dissocie pas le Citoyen d'une vache qui broute dans un fossé ? Et qui attend que les collègues kabyles ou algérois arrachent un quelconque droit pour en jouir, dans la joie. Et que peut-on attendre d'un indu employé du filet social, capable de se tuer pour la défense de la cause d'un élu mal élu ? Ou du nègre d'une administration qui malgré sa compétence vraie et démontrée, croit, peureux comme une poule, que la vie et la mort sont du ressort d'un maire mal élu, ou entre les mains d'un papa-moudir hiérarchique pistonné ? Et que dire de l'Imam qui s'acquitte de bakchich pour décrocher son poste local, ou aller prêcher, en devises, la bonne parole aux frères émigrés ? Du vrai nécessiteux qui daigne se contenter d'un demi-couffin pourri de ramadhan, sans pour autant oser dénoncer le donneur et réclamer son droit légitime à une part entière, et non périmée ? Que peut être le choix d'un ex-garçon de café qui, à la faveur d'un piston solide ou de la connaissance d'un quelqu'un, se retrouve gardien de l'ordre public, valant deux médecins, ou pesant plus lourd que trois enseignants débutants, et prêt à matraquer ses frères sans uniformes ? La ‘'série'' reste plus longue qu'un feuilleton ENTV. Du moins suffisante pour réunir une majorité de peuple précaire. Au Front des ‘'ouitophones'', c'est tout le Rassemblement de la famille ‘'ouitionnaire'' qui n'osera pas dire non au cadeau, pour la simple conviction de la jouissance, perpétuelle et héritable, de l'héritage d'un vaste pays. Nier l'inaptitude à la démocratie, c'est dénier au peuple son héroïsme légendaire, et aller à contre-sens de sa vanité populaire. La démocratie reste une affaire de culture, et le Peuple est cultivé. C'est pour cela d'ailleurs, que son âme vaillante ne cesse de construire des bibliothèques publiques fermées, et des centres culturels vides. Et d'accorder des rabais Internet substantiels à une partie de la classe A des Algériens. Personne n'en disconvient, le Peuple n'a pas attendu que le frère tunisien s'initie à la démocratie, ou que les insurgés libyens remettent en cause celle de Kadhafi, pour essayer celle de ‘'l'Oxydent''. Sans trop remonter dans le temps pour la voir sans lendemain, inscrite dans les principes de Novembre, c'est au début des triples révolutions de Boumediène que le Peuple a commencé à en jouir, bouche cousue, dans les entreprises socialistes et à la télévision. Souvenez-vous en, tout était par le peuple et pour le peuple. Selon l'intérêt à préserver, le régime, de bananes ou autres, peut être incompétent. Mais certainement qu'il n'est pas con. Il sait parfaitement qui il sert, et sur quoi il repose. Un peuple héroïque ne dit pas non à la démocratie. Mais quelle démocratie ?