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19-20 juin 1845 : Enfumades des grottes de Nekamaria à Mostaganem
La France doit reconnaître le crime de 1000 morts.
Publié dans Réflexion le 18 - 06 - 2009

L'on connaît, sous le nom d'affaire des grottes du Dahra, ce terrible épisode de la guerre d'Afrique au cours duquel des insurgés-toute une fraction de tribu- furent asphyxiés dans les cavernes où ils s'étaient réfugiés pour échapper à la poursuite d'une colonne française.
Cet événement- qui à l'époque où il se produisit eut un retentissement énorme- était de nature, par son caractère tragique à frapper les esprits de façon durable ; son souvenir demeura dans toutes les mémoires ; il devint historique et même peu légendaire. La gravure contribua à fixer dans l'imagination populaire l'acte le plus émouvant et le moins certain du drame, et toute le monde a vu cette reproduction d'une œuvre de Tony Johannot- plein de romantisme et d'invraisemblance- qui nous montre dans des cavernes, insuffisamment enfumées, des groupes de femmes échevelées et mourantes, présent leurs enfants sur leur sein, tandis que leurs époux, divisés en partis contraires, augmentent l'horreur de la seine en se fusillant entre eux.- sans être toujours plus véridiques. Touts les histories de l'Algérie ont parlé de d'Afrique des grottes du Dahra d'une séance de la section historique, le commandant Rinn a exposé les causes du drame et raconté son dénouement dans la forme vigoureuse qui lui fait était propre et que n'ont pas oubliée ses auditeurs de 1903 le sujet n'est donc pas nouveau. Mais les aspects romantiques et les obscurités des récits des historiens conseillaient une étude minutieuse des faits. En autre la rencontre, dans les cartons de la collection Vaudouard, d'une relation autographe et inédite de Pélissier et lui-même, nous a amené à rechercher et à comparer entre eux les documents originaux relatifs à l'affaire du Dahra.
Ales examiné, il a paru que la reconstitution de l'épisode et de ses alentours, d'après les renseignements fournis par les textes, ne serait pas inutile : l'exécution des Ouled-Riah est en effet entrée dans l'histoire avec un cortège de menues inexactitudes indéfiniment reproduites. Les inconvénients de la méthode ou du défaut de méthode qui consiste à négliger les documents, même les pus accessibles, sont ici très manifestes. Les textes originaux relatifs à l'épisode du Ghar-El-Frachich sont actuellement, à notre connaissance, au nombre de cinq.
Ce sont :
1.- Le rapport officiel du colonel Pélissier, chef de la colonne expéditionnaire, au maréchal Bugeaud, gouverneur général de l'Algérie. Ce document se trouve aux archives de la guerre0 daté du 22 juin 1845, le rapport du colonel fut rédigé sur le lieu même de l'événement. C'est le document le plus détaillé, le plus précis (3).
2.- Une lettre de Pélissier au colonel de saint- Arnaud qui opérait lui-même dans le Dahra, au nord d'Orléans ville. Elle fut écrite le 20 juin, quelques heures après la suspension de l'incendie et contient quelques détails importants, une copie en existe dans les cartons politiques, aux archives du gouvernement général.
3.- Une lettre d'un officier espagnol attaché à l'état major de la colonne. Elle fut adressée au Heraldo et reproduite dans l'ouvrage de P. Christian, l'Afrique française (1845) P.430. C'est un document tendancieux et hostile à Pélissier et à l'armée d'Afrique. Nous n'avons pu d'ailleurs en contrôler l'authenticité.
4.- Une lettre d'un soldat de la colonne expéditionnaire, également publiée dans l'Afrique française de Christian, son auteur qui a des prétentions littéraires parait avoir exactement, raconté ce qu'il a vu et entendu dire : l'authenticité de cette lettre n'est pas établie, mais le document ne parait pas suspect ;
5.- Un document original mais contemporain : la relation autographe de Pélissier qui a été trouvée dans la collection Vaudouard, récit complet, de l'événement, que le maréchal écrivit en 1857 au verso des feuillets d'une notice biographique rédigée par Alphonse de Vaudouard et communiquée par lui à celui qui en était l'objet. C'est un simple brouillon qui n'a même pas été relu ; l'on y rencontre des contradictions singulières, il semble que la fin du document ait été assez long temps auprès les sept premières pages. Néanmoins le maréchal a eu visiblement le souci d'écrire pour la postérité ; la vérité des faits est altérée à dessein par endroits alors qu'on sent et qu'on constate eu d'autres passages la sincérité de l'auteur. Cette pièce présente un grand intérêt et peut servir en particulier à éclairer l'état des prit de Pélissier au moment de l'exécution des Ouled Riah et après cet événement.
L'épisode qui nous occupe eut lieu en 1845 au mois de juin. Après la période de calme qui suivit la victoire des l'Isly et la fin de la guerre avec le Maroc, l'agitation des tribus recommença au mois de janvier 1845 ; dans le Dahra et la vallée du Chélif les prédications de Bou Maza l'homme à la cheve, provoquèrent une grave effervescence. La répression fut. Energique et prompte. Bou Maza fut battu par saint- Arnaud et se réfugia dans l'Ouarsenis, où le maréchal Bugeaud en personne le poursuivit. Puis le gouverneur général ayant obtenu la remise de plus de deux mille fusils et s'étant assuré que l'insurrection ne pouvait plus s »étendre, rentre à Alger par té nés et laisse aux colonels Pélissier, Ladmirault et de saint- Arnaud la mission de venir à bout des derniers insurgés.
Les 19 et 20 juin 1845, Un détachement militaire français, sous les ordres du colonel Pélissier et chargé d'une mission de représailles dans les Monts du Dahra par le maréchal Bugeaud, remontait le Cheliff en direction de la côte.
La colonne, partie quelques jours plus tôt d'Orléansville, progressait lentement, razzia après razzia, terrorisant les populations pour obtenir qu'elles se soumettent définitivement.
Le 17 juin, un bataillon, parti en avant-garde sur la rive gauche de l'Oued Djerrah, pour couper des figuiers ainsi que d'autres arbres fruitiers et incendier quelques maisons, fut attaqué par un groupe d'hommes armés de fusils de la tribu des Ouled Riah.
A la suite de cette embuscade, les assaillants se replièrent à l'intérieur d'une grotte, située plus en amont, en bordure d'un torrent dénommé Oued Frachich. A la vue de la colonne française, toute la tribu, femmes, enfants, vieillards, s'était précipitée vers la grotte, emportant les biens qu'il était possible d'emporter : réserves de nourriture, bestiaux, tissus, bijoux…
A ce moment-là, les Ouled Riah ignoraient encore le malheur qui allait s'abattre sur eux. Depuis des temps immémoriaux, leur refuge, dénommé « Ghar El Frachich » était resté inviolé et les avait préservés des assassins et des pillards. Mais ils ne savaient pas à quel point sont cruels et haineux ces hommes qui, maintenant, approchent et dont les tambours sonnent déjà la charge. Ils ne pouvaient pas concevoir jusqu'à quelles profondeurs obscures ceux-ci allaient déchoir dans la barbarie, même si, certains d'entre eux, et pas des moindres, ont à coup sûr lu Voltaire !
Le 18 juin au matin, la grotte est cernée. Mais les Français ne pouvaient avancer davantage. Ils étaient accueillis à coups de fusils. On donna de l'artillerie, avec des obusiers de montagne, en vain. Vers 10 heures, le colonel Pélissier, ordonna à la troupe de couper du bois et de ramasser de la paille dans les champs alentours où murissaient les moissons. Par paquets, ces combustibles étaient entassés aux deux entrées de la grotte et l'ordre fut donné d'y mettre le feu. Un officier espagnol qui fut témoin des faits rapporte dans les colonnes d'un journal madrilène, l'Heraldo, que le feu eut d'abord du mal à prendre « à cause d'un grand amas d'eau que l'on supposait exister à l'entrée des grottes ». Le témoin poursuit : « Vers une heure, on commença à jeter à l'ouverture de l'Orient des fagots qui, cette fois, prirent feu devant les deux ouvertures, et par une circonstance singulière, le vent chassait les flammes et la fumée à l'intérieur… de sorte que les soldats purent pousser les fagots dans les ouvertures de la caverne, comme dans un four ».
Comme dans un four !
Sous la direction des officiers du génie, le feu fut attisé toute la journée et au cours de la nuit suivante tout entière. Le lendemain, 19 juin à 9 heures, une délégation des assiégés sortit à travers les flammes. Elle offrit de payer une somme de 75000 francs si l'armée se retirait. Pélissier refusa cette condition et la délégation retourna dans la grotte. A midi, Pélissier ordonna de rallumer le feu.
Un soldat rapporte dans une lettre à sa famille : « …Le feu fut alimenté toute la nuit…Voir, au milieu de la nuit, à la faveur de la lune, un corps de troupes françaises occupé à entretenir un feu infernal ! Entendre le sourd gémissement des hommes, des femmes et des animaux ; le craquement des rochers calcinés s'écroulant !... »
Le lendemain, après être entré dans la grotte, il rapporte les scènes suivantes : « A l'entrée gisaient des boeufs, des ânes, des moutons ; leur instinct les avaient conduits à l'ouverture pour respirer l'air qui manquait à l'intérieur. Parmi ces animaux, et entassés sous eux, se trouvaient des femmes et des enfants. J'ai vu un homme mort, le genou à terre, la main crispée sur la corne d'un boeuf. Devant lui était une femme tenant un enfant dans ses bras. Cet homme avait été asphyxié, ainsi que la femme, l'enfant et le boeuf, au moment où il cherchait à préserver sa famille de la rage de cet animal(…) On a compté 760 cadavres »
Témoignage confirmé par l'officier espagnol: « Le nombre des cadavres s'élevait de 800 à 1000. On en sortit de la grotte environ 600, sans compter tous ceux qui étaient entassés les uns sur les autres, comme une sorte de bouillie humaine, et les enfants à la mamelle presque tous cachés dans les vêtements de leurs mères.»
Ainsi fut clos un des épisodes tragiques de la guerre de colonisation de notre pays. A ce jour encore, les morts des Ouled-Riah demeurent sans sépulture.
La France coloniale a tout fait pour qu'on les oublie.
L'Algérie indépendante n'a rien fait pour qu'on s'en souvienne.


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