Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Bienvenue en Absurdistan Ramdhane n'y est pas mais c'est sa guerre de deux jours. Deux jours de guerre dans l'achat des ustensiles et des provendes. Avant de réunir la famille, Ramdhane divise le foyer. La femme a honte de ne pas faire comme les autres. Changer et acheter ne serait-ce qu'une casserole, l'exigence est un ultimatum. Comme les autres, Madame doit repeindre ne serait-ce que sa cuisine, et ressortir le mortier et son pilon rangés depuis l'an dernier. Le mari, le pauvre, qui n'a pas le salaire de ses désirs, grimace dans son cœur, mais doit partir à la guerre des souks et des centres villes. C'est connu et reconnu car imprimé sur le registre des mœurs acquises. Le phénomène du bazar pas bizarre est national. Vous n'êtes pas l'Etat qui n'existe pas, donc vous n'avez pas le droit à contrôler, ni la marchandise, ni son tri ou quadri-vendeur. Vous avez vos yeux, vous voyez, vous appréciez à vue d'œil et achetez ou laissez et partir sans regarder derrière. Il y aura toujours quelqu'un qui achètera. Enième ‘'reflambée'' cette fois-ci depuis longtemps prévue des prix, sachet de lait caché, Syrpalac déployé et Dame Batata stockée, Zlabiya régulée par décret, couffin à destinataire choisi, pois chiches de Mustapha le vizir vivement attendus ... Le mois de la piété et de la pitié est bien là. Il préoccupe, et le peuple et son Etat déjà préoccupé par tous les projets d'une société qui n'en a aucun après 50 ans de marche en rond. Hormis l'horizon quotidien d'une ‘'meïda'' à garnir. On se prépare à l'accueil. Chacun de son côté et à sa façon de survivre à une mercuriale artificiellement affolée. Les sujets par l'empressement de tous à tout acheter en même temps. Et la haute sphère par des réunions interminables généralement closes par des couffins, et des appels à la pitié et à la raison. Entre les deux reflexes, c'est l'ogre ‘'marché'' qui sévit. Et qui permet à la laitue ou au navet, de se laisser pousser des ailes pour prendre les airs, bien loin d'une bourse, surtout maigre. C'est la loi de l'estomac avide. Et des affaires, pas forcément saines. Rien d'extraordinaire donc pour un bled régit, réglé et régulé par des échéances différées et des barons gros et magiques.
