Beaucoup a ?t? dit sur cette campagne qui n?en est, pourtant, qu?? ses d?buts. Que les candidats se font une gu?guerre, ? la limite de la correction; que tous recherchent l?adh?sion massive des ?lecteurs et que le citoyen est la seule pr?occupation de tous, durant ces dix-neuf jours. Sur le terrain, chaque candidat tente de mettre ? profit qui un dysfonctionnement, qui une gr?ve, de d?noncer telle pratique ou de faire d?couvrir le grain de sable qui grippe la machine. Bref, tous les sujets susceptibles de provoquer un bouleversement dans les id?es faites et basculer des opinions afin de faire le plein. On tente d?imiter des candidats qui ont remport? des ?lections sous d?autres cieux, mais on se rend vite compte que ce qui est valable ailleurs ne l?est pas forc?ment chez nous. Chassez le naturel, il revient au galop. Et le galop reste la critique de l?autre. Une pratique qu?une majorit? de candidats appelle rupture, changement, et promesse d?une ?re nouvelle. Que d?sire, au juste, l?Alg?rien; l??lecteur pr?cis?ment? Conna?tre la strat?gie de d?fense nationale de chaque candidat? Comment s?y prendra le vainqueur pour assurer l?apr?s-p?trole? Que chacun d?nonce les travers de l?autre et parle des difficult?s que l?Alg?rien conna?t parce qu?il y est confront? quotidiennement, car vivant ici et pas ?l?-bas?? Tout ?a, c?est ?El boulitique?. L?Alg?rien voudra savoir si sa paye va augmenter, si son fils ?universitaire ou rat?- aura du travail et si, lui-m?me, b?n?ficiera d?un de ces millions de logements qu?on voit, ? la t?l?vision, les autres en b?n?ficier, chaque jour. Certains r?veront un cran au-dessus, certes, mais la majorit? restera terre ? terre et r?fl?chira utile. Et l?utile rel?ve de consid?rations mat?rielles ? sa port?e qui feront son bonheur. L?Alg?rien n?est pas si exigeant. R?ver au bon vieux temps, comme partir chaque ann?e passer un mois de vacances chez ?Tati?, ou ailleurs, n?est plus rentable avec tous ces trabendistes qui mettent l??conomie nationale ? genoux. Non. Car tant ? traverser la M?diterran?e par un moyen s?r, autant rester ?l?-bas? pour ?viter d?avoir ? faire le voyage ? bord d?un ?bot??, et risquer sa peau ou finir ses jours dans une prison en Alg?rie. Avec un peu de chance, dans une zone de r?tention, l?-bas. Ce que veulent les Alg?riens, c?est de travailler. C?est ce que s??vertue, bien s?r, ? faire le gouvernement ?pas Bouteflika, le candidat. Cr?er le maximum de postes d?emplois. Ce que veulent les Alg?riens, c?est un emploi stable. Pas un petit boulot de trois ou six mois; comme nettoyer les rues, le temps de lui rendre son visage ? une ville d?vast?e par des inondations ou faire le n?gre dans un chantier pendant quelques mois seulement. Mais du travail qui fera vivre et non qui servira ? adoucir des statistiques. Ce sera ? celui qui saura convaincre ces Alg?riens qu?il a la capacit? de cr?er des usines, de renflouer les entreprises en difficult? et de faire en sorte que des milliers de PME-PMI naissent chaque jour, et vivent longtemps, qui r?ussira ? transformer l?Alg?rien en ?lecteur. Et de gagner sa voix. Donc de rester le 7?me pr?sident de l?Alg?rie ou d?en devenir le 8?me.
