Les journées littéraires qui se sont ouvertes, mardi soir, à la maison de la culture Hassan-El Hassani, ont mis à l'honneur l'écrivain Amin Zaoui qui a focalisé son intervention sur la révolution dans la littérature algérienne moderne et sur l'apport des écrivains dans les différentes expressions linguistiques. De prime abord, l'orateur dira avec humilité qu'il n'est pas dans son intention de donner une conférence à caractère académique, mais de laisser parler son cœur du patrimoine culturel algérien en adressant un hommage particulier aux poètes venus des différentes régions d'Algérie. Pour l'écrivain Zaoui, la culture est aussi une forme de militantisme, car elle porte en elle les valeurs humanistes exprimées dans plusieurs langues pour porter la révolution algérienne. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est la poésie populaire qui a le plus contribué à la révolution de par, outre sa beauté intrinsèque comme exprimée par Benkriou, Mustapha Benbrahim, des poètes d'envergure, comparables au Français Baudelaire. Et la poésie d'expression amazighe comme celle produite par Si Mohand U Mohand dont la beauté est comparable à celle de Rimbaud, eu égard à la profondeur de ses mots qui se perdent dans les tréfonds de l'histoire algérienne, dira l'orateur. Ce sont surtout les écrivains d'expression française de la 1re génération tels que Ouari, Dib, Haddad, Feraoun, Mammeri, Djebar, qui ont fourni un soutien indéniable à la révolution armée, en produisant une écriture dite d'algérianisation de la langue française comme l'a voulu Kateb Yacine. À propos de ces écrivains, l'écrivain Louis Bertrand, Européen d'Algérie, déclarera que "leurs œuvres sont devenues nos livres de chevet et que de la sorte, ils sont arrivés dans nos chambres à coucher". La littérature d'expression française a réussi à changer l'opinion française sur la question de l'Algérie, en se faisant aider par des maisons d'édition telles que Grasset, Le Seuil, Minuit, Denoël qui, dans le contexte des années 1950, avaient pris le risque de les publier pour être ensuite traduits vers d'autres langues. Parlant de la poésie populaire, il dira qu'elle était de type traditionnel manquant d'esthétique, mais véhiculait la profondeur de la pensée populaire de l'époque comme d'ailleurs la révolution d'Octobre 1917 et celle de la Seconde Guerre mondiale qui n'ont pas beaucoup survécu parce qu'elles ont été utilisées pour la consommation immédiate pour les besoins de propagande. "La décennie noire a amené à la relecture des œuvres sur la révolution algérienne et donné l'occasion de parler de certaines personnalités, dont les noms étaient tabous tel que Messali Hadj, permettant aussi de dépasser le côté sacré des choses pour s'intéresser à certaines zones d'ombre de la révolution mais pas sur l'écriture de l'Histoire qui est l'œuvre des seuls historiens". Les débats qui ont suivi ont été exprimés dans les langues arabe et française aussi bien par Zaoui que par les intervenants, fait qui est venu bousculer un tabou dans une région où la tradition ne voudrait l'usage que d'une seule langue. M. EL BEY