PARIS - Le cauchemar se poursuivait mercredi à l'aéroport parisien d'Orly pour plus d'un millier de passagers algériens éreintés, pris en otages par les conséquences d'une grève déclenchée, sans préavis, par le personnel commercial navigant (hôtesses et stewards) d'Air Algérie, alors qu'aucun vol prévu mercredi ne décollera. Un important dispositif de sécurité continue à être déployé tout autour de l'aérogare où des cars de police et des gendarmes en faction, veillent à contenir tout débordement. Le teint livide après trois nuits d'insomnie, adossés à leurs valises ou allongés à même le sol, et une nourriture aléatoire, les improbables voyageurs désabusés ne contiennent plus leur colère. "Barakat mel bricolage", s'énerve un enseignant universitaire qui se dit "abasourdi" par le retard constaté dans la gestion de la clientèle par la compagnie. "Ils ne pouvaient pas envoyer des SMS comme le font les compagnies étrangères pour aviser les passagers d'éventuels retards", s'est-il interrogé. ‘'H'chouma (honteux) de nous laisser ainsi", rétorque de son côté un homme âgé, les vêtements froissés par trois jours de laisser-aller, assis sur un chariot, ne pouvant plus de rester debout après une nuit d'insomnie. "Je suis hypertendu et diabétique et je n'ai pas pu suivre mon régime convenablement à l'aéroport. Vous ne savez pas quand allons-nous partir", a-t-il demandé à l'APS. "C'est quoi ce mépris pour nous, dit une dame, allongée sur un lit de fortune. Vous savez, je suis ici depuis mardi matin, je n'ai pas pu embarquer pour Béjaïa et je sais que je ne partirais pas aujourd'hui car ils doivent commencer par ceux qui sont venus lundi. Je me demande si je ne vais pas carrément annuler mon voyage. Mais va-t-on me rembourser", s'est-elle demandée. "Nous attendons toute l'année pour aller à la rencontre de nos familles, nous choisissons notre compagnie nationale par principe. Nous faisons des réservations trois à quatre mois d'avance et, en fin de compte, nous sommes malmenés", a soutenu un jeune étudiant, présent en France depuis une année. "On pourrait comprendre cette grève du personnel navigant, mais on ne décide pas un débrayage sans avertir. C'est déloyal", estime une mère de famille. "Ils (les grévistes) voulaient frapper fort en haute saison et ont pénalisé des voyageurs qui n'ont rien à voir dans ce conflit social", a-t-elle ajouté. Mourad Mekroud, le chef d'escale à Paris de la compagnie, ne cesse de déployer des trésors de patience pour tenter de rassurer les passagers. Un haut- parleur à la main, il leur fournit, au fur et à mesure, les nouvelles qu'il reçoit d'Alger. Il a confirmé à l'APS que, depuis lundi, les passagers convergent sur Orly mais que les vols ne suivent pas normalement, ajoutant que la hiérarchie "s'attèle à trouver les solutions appropriées pour acheminer les passagers". Il a indiqué que les passagers qui ne peuvent pas prendre le vol mercredi, sont nombreux car, a-t-il dit, "il va falloir commencer par ceux qui n'ont pas pu prendre leur avion lundi, ensuite ceux de mardi ". Il a ajouté que les avions affrétés entre mardi et mercredi, soit cinq vols transportant entre 1000 et 1400 voyageurs, dont celui de Batna "ne suffisent pas à absorber le nombre important de voyageurs" et que ces avions ne peuvent acheminer les passagers que vers Alger, dans la mesure où les compagnies sollicitées ne sont pas habilitées à les transporter vers les autres wilayas. Il a regretté que les clients d'Air Algérie, prévus sur les vols de mercredi, soient contraints de passer la nuit à l'aérogare au cas où ils n'habitaient pas la région parisienne, tout comme la veille "alors qu'ils ont été avertis par voie de presse de l'annulation des vols de la journée".