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Sid-Ahmed Serri, une décennie d'absence et une vie de transmission
Evocation
Publié dans La Nouvelle République le 16 - 11 - 2025

Né le 3 novembre 1926 dans les ruelles vibrantes de la Casbah d'Alger, il grandit dans un milieu où la musique n'était pas un simple divertissement, mais une respiration, une manière de dire le monde. Sa famille, profondément attachée aux traditions mélodiques, perçut très tôt chez lui une sensibilité rare, une oreille qui retenait tout, une voix qui s'ouvrait déjà au sacré comme au sensible.
C'est dans les classes coraniques du Cheikh El Bachir El Bouziri que le jeune Sid-Ahmed fait ses premières armes. Il y apprend à réciter le Coran, à modeler la voix, à maîtriser souffle et phrasé. Ses capacités exceptionnelles le distinguent rapidement : il est sollicité pour animer les veillées du Mawlid Ennabaoui dans les sanctuaires emblématiques de Sidi Abderrahmane Et'Thaalibi ou de Sidi M'hamed Boukebrine, où son chant émeut et rassemble. Cette formation précoce, nourrie de spiritualité, deviendra l'un des socles de son art.
À la fin des années 1940, l'Algérie connaît une effervescence culturelle où la musique andalouse occupe une place importante. Sid-Ahmed, jeune homme passionné, plonge dans cet univers avec voracité. En 1945, il rejoint plusieurs associations musicales – El Andaloussia, El Hayat, puis El Djazaïria – où il rencontre Abderrezak Fakhardji, figure incontournable de la musique andalouse. Admiratif de la rigueur et des connaissances de son maître, il s'intègre à la classe que celui-ci dirige au Conservatoire d'Alger. Son talent vocal, sa mémoire prodigieuse et le soin qu'il met à comprendre la structure des noubates le propulsent rapidement parmi les meilleurs élèves.
En 1947, sa carrière prend un tournant décisif : il intègre la radio et l'Orchestre Sanaâ. L'année suivante, il est consacré « meilleur chanteur », un titre qui lui ouvre grandes les portes des studios de la radio puis de la télévision naissante. Sa voix, singulière et maîtrisée, se diffuse dans les foyers algériens et inscrit durablement son nom dans la conscience du public. C'est dans cette période que l'appellation « Cheikh » commence à l'accompagner, non comme un honneur galvaudé, mais comme la reconnaissance d'un véritable magistère artistique.
En 1952, alors que son maître Fakhardji est nommé au Conservatoire, Serri est appelé pour reprendre la classe supérieure au sein de l'association El Djazaïria, devenue El Mossilia après fusion. À seulement vingt-six ans, il passe du statut d'élève à celui de professeur. Sa mission, interrompue puis reprise après la guerre de Libération, s'étendra jusqu'en 1988. Parallèlement, il enseigne au Conservatoire, à l'Institut national de musique et à l'Ecole normale supérieure, formant plusieurs générations de chanteurs, musiciens et enseignants.
Dans les années 1980, il multiplie les concerts avec ses élèves, notamment sous l'intitulé « Automne de la musique algérienne ». Son engagement pour la sauvegarde du patrimoine andalou le conduit, en 1989, à être élu président national de l'Association de sauvegarde et de promotion de la musique classique algérienne, puis en 2006 président de la Fédération nationale des associations de musique classique algérienne. Ces fonctions, il les assume avec la conviction que le patrimoine doit être protégé autrement que par la seule tradition orale.
Son travail d'archivage témoigne de cette vision. Entre 1998 et 2002, il enregistre l'intégralité de son répertoire, soit quarante-cinq CD, une entreprise titanesque qui assure au patrimoine algérien une mémoire sonore durable. Il explore aussi différents modes et genres : plusieurs enregistrements « Aroubi », la nouba « Raml El Maya », un disque du mode « Rhaoui », ainsi que d'autres collaborations éditées en Algérie et à l'étranger.
En parallèle, il s'attelle à un travail d'écriture. Avec Rachid Mahi, il compose un recueil de poèmes andalous tirés des noubates de la musique Sanaâ, publié par l'ENAG en 1997 puis réédité en 2002 et 2006. Ce livre, devenu une référence, est aujourd'hui encore un outil essentiel pour les interprètes et chercheurs.
La reconnaissance officielle ne tarde pas : en avril 1992, il devient le premier artiste lyrique algérien à recevoir les insignes de l'Ordre national du mérite. Mais ceux qui l'ont approché savent que cette distinction, bien que précieuse, n'était pas ce qui comptait le plus pour lui. Son véritable bonheur se trouvait dans la transmission : voir un élève comprendre un mode, maîtriser une cadence, se tenir enfin face à un public.
Cheikh Sid-Ahmed Serri s'est éteint le 15 novembre 2015 à Alger. Dix ans plus tard, son héritage demeure vivant. Ses élèves, devenus maîtres à leur tour, perpétuent son savoir et son exigence. Et pour tous les amoureux de la musique andalouse, son œuvre reste une source lumineuse : un exemple de rigueur, de générosité et de fidélité à un patrimoine qui, grâce à lui, continue de respirer.


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