La gestion et la préservation du patrimoine algérien ne devrait plus être monopolisée par l'administration, mais doit intégrer les experts et impliquer la société civile, a estimé samedi à Alger l'écrivain et chercheur Said Boutarfa. Le chercheur et consultant auprès du Centre national des manuscrits d'Adrar (Cnm) qui s'exprimait lors d'une conférence-débat sur l'état du patrimoine algérien Centre des loisirs scientifiques à Alger, s'est insurgé contre le monopole de l'administration dans la gestion du patrimoine, reprochant à celle-ci d' "écarter" les experts, le mouvement associatif ainsi que les détenteurs de ces biens. Selon l'expert "la mainmise des conservateurs et restaurateurs non qualifiés" ne fait qu'accentuer la détérioration du patrimoine national. Pour lui, le rôle du ministère de la Culture devrait se limiter au "financement", à l'"encadrement" et à la "régulation" des opérations de préservation et de restauration du patrimoine, le volet pratique devant être confié, a-t-il soutenu, aux experts et au mouvement associatif. Saïd Boutarfa a, par ailleurs, soulevé la difficulté que représente, à ses yeux, la nécessaire réappropriation des biens patrimoniaux, au vu de la "dévalorisation" d'une grande partie du patrimoine matériel et immatériel algérien "par ceux-là mêmes qui en sont les détenteurs". Chercheur spécialisé dans la conservation et la restauration des manuscrits et auteur de plusieurs ouvrages dont "Les manuscrits du Touat", "L'artisan", ou "Ahelil ou les louanges du Gourara", Said Boutarfa travaille actuellement pour le programme Manumed "des manuscrits et des hommes", dédié à la conservation préventive du patrimoine écrit de la Méditerranée. Le projet réalisé en partenariat avec l'Union européenne vise à améliorer les connaissances en conservation des collections documentaires dans les pays du bassin méditerranéen et préserver la diversité du patrimoine manuscrit et linguistique de la région.
