Les superficies forestières de la wilaya d'El Tarf qui couvrent près de 165.000 hectares sont "mises à mal" depuis quelques temps par une multitude d'interventions illicites, a indiqué samedi à l'APS le conservateur des forêts, Mohamed Teyar. Des individus "avides de gain facile" ont défriché des dizaines d'hectares du cordon dunaire situé dans la commune de Berrihane pour les transformer en superficies agricoles destinées à la culture de pastèques, notamment, "sans se soucier des dégâts pouvant être causés à la nappe phréatique qui alimente en eau potable des parties des wilayas d'El Tarf et d'Annaba", a ajouté ce responsable. Cette situation a conduit la Conservation des forêts à poursuivre en justice, durant le premier trimestre de l'année en cours, une dizaine de personnes pour "défrichage illicite", "atteinte au patrimoine forestier", "labours et exploitation de bois sans autorisation". M. Teyar a ajouté que certains de ces prévenus ont été condamnés à des amendes variant entre 10.000 et 20.000 dinars ainsi qu'au versement de dommages et intérêts pour les préjudices causés au patrimoine forestier. Durant l'exercice 2011, la Conservation des forêts a enregistré 138 délits forestiers dont les plus importants concernent le défrichement de 84 hectares du cordon dunaire de Berrihane, très convoité pour ses richesses en eau, en plus de labours illicites effectués sur 33 hectares à l'intérieur de la forêt qui lui sert de couvert végétal d'affaires liées au ramassage sans autorisation de graines de pin pignon. Pour mettre un terme à cette situation devenue "très préoccupante", selon M. Teyar, en particulier au niveau du "fragile" cordon dunaire de Berrihane, un vaste programme de reboisement des parcelles endommagées a été initié avec un appel aux gardes forestiers pour qu'ils redoublent de vigilance et aux riverains pour une plus grande implication dans la préservation de l'écosystème. La Conservation des forêts a également lancé dans cette zone 23 programmes de proximité de développement rural intégré (PPDRI) évalués à plus de 170 millions de dinars au profit de 1.732 familles, a fait savoir le même responsable, soulignant également que ces PPDRI ayant trait aux petits élevages, l'exploitation de vides labourables, l'exploitation des richesses forestières (bois et sous-bois), la réalisation de puits pour l'abreuvement du bétail et l'irrigation des cultures, ont permis la création de 900 emplois directs. Le renforcement des mesures de surveillance et la mise en place d'un programme de développement conséquent, créateur de richesse et d'emplois devra inciter, dans un proche avenir, les populations locales à se conformer à la réglementation en vigueur quant à l'exploitation de la forêt et à dissuader en même temps les "récalcitrants", a estimé le conservateur des forêts.
