Le Conseil de sécurité des Nations unies tient mercredi une réunion d'urgence pour évoquer les nouveaux projets de colonisation d'Israël à El Qods-Est occupée, au moment où la ville sainte est secouée depuis plusieurs jours par des heurts d'une ampleur inédite autour de la Mosquée Al Aqsa. Le conseil de sécurité se réunira à la demande de la Jordanie, après une requête du représentant palestinien à l'ONU Riyadh Mansour, qui a demandé aux 15 membres du Conseil "de se pencher sur la situation de crise à El Qods-Est occupée". La réunion doit s'ouvrir à 15H00 locales (19H00 GMT). La Jordanie, membre non-permanent du Conseil de sécurité, joue communément les intermédiaires pour les Palestiniens. Dans sa lettre, Riyadh Mansour veut que le Conseil demande à Israël de retirer immédiatement son projet d'accélérer les plans pour la construction de 1.000 logements à El Qods-Est occupée, et "revienne sur le chemin de la paix qu'il a clairement abandonné". Les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) ont souligné combien de tels projets compliquaient la recherche d'une solution négociée au conflit israélo-palestinien. Mais la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki n'a pas mentionné si son pays s'opposerait à toute décision du Conseil de sécurité critiquant Israël. Israël a annoncé lundi accélérer les plans pour la construction de 1.000 logements à El Qods-Est occupée, empoisonnant encore davantage l'atmosphère déjà très tendue autour de la ville sainte, annexée et occupée. Les Palestiniens ont prévenu qu'une telle action pouvait déclencher "une explosion" de violences. La ville sainte d'El Qods est secouée depuis plusieurs jours par des heurts d'une ampleur inédite, notamment autour de la Mosquée Al-Aqsa, théâtre quasi-quotidien d'actes de répression des soldats et des colons israéliens. "L'escalade israélienne à Al-Qods Est occupée et dans les lieux saints, les dangereuses agressions quotidiennes et l'annonce d'un nouveau plan de colonisation à Al-Qods Est occupée constituent un danger que nous condamnons et considérons comme inacceptable", avait déclaré à la presse Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne. Les lieux saints sont des lignes rouges, affirment les Palestiniens Le chef du gouvernement palestinien Rami Hamdallah a tenu à affirmer que les lieux saints comme la ville d'El-Qods "sont des lignes rouges", après l'annonce par Israël du plan de construction de 1.000 logements à El Qods-est. M. Hamdallah qui s'est symboliquement rendu à la mosquée Al-Aqsa, sur l'esplanade des Mosquées, a répété les déclarations du président palestinien Mahmoud Abbas: "El Qods, Al-Aqsa et les lieux saints musulmans et chrétiens sont des lignes rouges", réaffirmant qu'"Israël est ici une puissance occupante". Pour l'organisation israélienne anti-colonisation "la Paix maintenant", l'annonce de la poursuite de la colonisation peut donc difficilement tomber plus mal. L'ONG a jugé qu'"il n'y a jamais de bon moment pour faire des choses pareilles, mais celui-ci l'est encore moins que les autres, alors qu'El-Qods est en train de brûler", en référence notamment à la tension qui règne dans la partie palestinienne de la ville, où de nouveaux heurts entre jeunes palestiniens et policiers israéliens sont survenus lundi. Le Croissant Rouge palestinien a recensé plus d'une vingtaine de blessés dans la nuit de dimanche à lundi dans le quartier populaire de Silwan, au pied de la Vieille ville. L'UE presse Israël de revenir sur sa décision L'Union européenne a demandé lundi à Israël de "revenir d'urgence" sur l'intention d'accélérer la construction de plus de 1.000 logements à ElQods-Est, jugeant que cela serait "une décision peu judicieuse et inopportune". "Nous avons demandé des éclaircissements et des détails", sur "la décision du gouvernement israélien d'aller de l'avant dans l'expansion de colonies à ElQods-Est et en Cisjordanie", a déclaré Maja Kocijancic, une porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, avant d'appeler Israël à "revenir d'urgence" sur sa décision. "Cela ferait une nouvelle fois douter de l'engagement d'Israël en faveur d'une solution négociée avec les Palestiniens", a souligné Mme Kocijancic. L'UE a toujours condamné les projets de colonisation israélien au-delà des frontières d'avant 1967, qui dit-elle doivent servir de base aux négociations de paix. L'Union européenne avait déjà condamné début octobre l'aval donné à un projet de construction de 2.610 logements dans une colonie d'El Qods. Après l'annonce par Israël de construire plus de 1000 unités d'habitation à El Qods-Est, Wshington a jugé qu'une telle action est "incompatible" avec les efforts de paix entrepris dans la région. "Nous continuons à avoir une position parfaitement claire: nous considérons les activités de colonisation illégitimes et nous nous opposons sans équivoque à toute décision unilatérale qui fait tort à l'avenir d' El Qods", a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, "très inquiète" de la décision israélienne. "Les dirigeants israéliens ont affirmé qu'ils soutiendraient un chemin vers une solution à deux Etats, mais ce type d'action serait incompatible avec les efforts de paix", a-t-elle ajouté. Washington condamne systématiquement l'établissement de nouvelles colonies en Cisjordanie ou à El Qods-Est. Mais les remontrances américaines ne sont jamais suivies de sanctions et Israël reste l'allié le plus proche des Etats-Unis. Les Palestiniens veulent faire d'El Qods-Est la capitale de l'Etat indépendant et la communauté internationale juge illégale l'annexion et l'occupation d'El Qods-Est par Israël. La réunion de mercredi intervient alors que les Palestiniens œuvrent pour une résolution qui mettrait une date butoir en 2016 pour la fin de l'occupation par Israël.
