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Massacres du 8 mai 1945 : un souvenir indélébile à Kherrata
Publié dans Algérie Presse Service le 07 - 05 - 2015

Chasse à l'homme, exécutions sommaires, viols, tortures, déplacements de populations à Kherrata aura tout vu et tout éprouvé dans le sillage des massacres commis par l'armée coloniale française, le 8 mai 1945.
Dix jours durant, ses populations ont vécu l'enfer, "côtoyant" la mort à tout instant, n'en sortant qu'au bout d'un traumatisme qui, 70 ans après, peine à se débarrasser des séquelles de la barbarie coloniale.
"L'armée coloniale nous a déclaré une guerre totale, qui n'a épargné, ni les femmes, ni les vieux, ni les enfants encore moins les jeunes. C'était une répression féroce, aveugle et longue", se souvient encore Lahcene Bekkouche, sorti miraculeusement de la "géhenne" puis de la "potence", après une condamnation à mort expéditive prononcée à son encontre par le tribunal colonial de Constantine.
Du haut de ses 88 ans, rien n'a encore altéré sa mémoire et les souvenirs sont horriblement intacts. Les corps vivants jetés comme des ballots de fripes dans les ravins des gorges de Chaâbet L'akhra, et qui résonnent encore le fracas de leur corps s'écrasant contre les parois rocheuses ou l'appel de leurs détresses, le cri des hommes épouvantés suspendus sur les parapets des ponts s'y trouvant avant d'être catapultés dans le vide, l'angoisse des cohortes d'hommes parqués dans le camion pour des destinations inconnues... Rien ne s'est dissipé, dans sa tête, d'octogénaire. Le peut-il seulement ?
"A chaque moment triste ou d'angoisse, je tressaillis et je revois toutes les scènes d'horreurs auxquelles j'ai assisté, dont une me hante particulièrement, celle de l'exécution de Arab Hannouz et ses enfants, tués de façon ignoble", évoque-t-il, détournant la tête pour écraser une larme.
Le chahid Hannouz, délégué médical, communément appelé "Docteur" par respect et affection, avait été conduit sur un pont de Chaabet L'akhra, avec ses deux enfants, ligotés avec du fil barbelé puis précipités dans le vide, l'un après l'autre, dans un rituel macabre qui dépasse tout entendement.
Lâchez-les dans le vide !
Les soldats, commis à la sale besogne, jubilaient et semblaient s'en délecter comme dans un jeu de massacre en fête foraine. "On jette ? s'adressait machinalement l'un d'eux à son chef, qui lui renvoyait un ordre cynique et glaçant: "Lâchez", disait-il en prenant soin de suivre du regard le plongeon des corps dans le vide du goitre rocheux, se rappelle encore Lahcene Bekkouche.
Beaucoup d'hommes ont subi le supplice, à contrario de M. Bekkouche, descendu miraculeusement de "l'échafaud" à cause de son jeune âge, 17 ans non révolus, sauvé, apparemment, par sa frimousse enfantine.
Un officier, qu'il avait croisé dans un autre contexte, eut pitié de lui et le sauva alors de "l'échafaud", mais n'y fit rien, en revanche, pour lui éviter les affres de la prison, ni les tourments de la justice, qui l'a condamné à la peine capitale.
"Je suis un miraculé. Je devais avoir un ange gardien pour me protéger" déduit-il, emboîtant la parole à un autre survivant, Allik Saïd, qui, sans connaître le même cheminement, a vécu des affres et des souffrances d'un acabit identique.
"Toute ma famille, mon père, ma mère, mes deux frères, ma sœur ont été assassinés devant mes yeux, l'un après l'autre, fusillés à bout portant par les soldats de la légion, reconnaissables à leurs képis blancs", raconte-t-il, la gorge nouée.
"Ils étaient entrés brutalement dans la maison, ont saccagé le fruste mobilier qu'elle comptait puis s'en sont pris à mes parents, qu'ils ont copieusement violentés avant de les exécuter. Moi, j'étais dehors, caché derrière un rocher en face de la maison, tétanisé. J'ai tout vu", déroule-t-il d'une traite, un peu comme pour abréger l'horrible souvenir.
Il n'avait que 13 ans au moment des faits. Et sa mémoire le traumatise encore, d'autant que les jours ultérieurs, l'armée coloniale a déversé toute sa puissance de feu sur la région, bombardant, incendiant et tuant sans retenue, une dizaine de jours durant.
Les massacres avaient débuté, le 9 mai 1945, à Kherrata. Au lendemain du carnage de Sétif, les villageois ont du organiser une marche de soutien pacifique dans la ville.
Seulement, le cortège, une fois arrivé à hauteur de la Poste, a été surpris par un tir d'arme à feu, lâché par le receveur de la poste lui-même, provoquant la colère des manifestants qui ont réagi en incendiant la poste d'abord puis d'autres immeubles administratifs.
Les choses se sont emballées depuis lors avec l'envoi sur place d'un renfort militaire, qui initialement dépêché pour restaurer le calme, mais qui a vite fait de se transformer en opération de représailles, puis de guerre ouverte, caractérisée par des tueries de masse, des regroupements forcés des villages et un quadrillage systématique des populations. Soixante-dix ans plus tard, Kherrata garde toujours les séquelles de la barbarie de l'armée coloniale française.


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