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Kherrata et ses environs s'en souviendront toujours
Massacres coloniaux du 8 mai 1945
Publié dans La Tribune le 09 - 05 - 2009


De notre correspondant à Béjaïa
Kamel Amghar
Soixante-quatre ans se sont déjà passés depuis. Certes, les blessures se sont entre-temps cicatrisées. Les traces physiques du massacre s'effacent, elles aussi, peu à peu. L'œuvre du temps, qui file à toute allure, adoucit forcément la tragédie. Mais le
souvenir reste toujours frais dans la mémoire des survivants. Kherrata respire le printemps en ce 8 mai 2009. Une très belle journée pour se recueillir et convoquer la mémoire de tous ceux qui s'étaient héroïquement sacrifiés afin que vive l'Algérie algérienne. Un beau jour comme celui-là, cette petite ville avait pourtant vécu l'horreur coloniale dans toute sa barbarie. Cet fut exactement un mardi, le
8 Mai 1945. Une marche populaire, célébrant la victoire des alliés sur l'Allemagne nazie, a été sauvagement réprimée dans la ville voisine de Sétif. L'armée d'occupation française, secondée par des milices de colons armées par l'administration, lance une grande opération de nettoyage ethnique qui durera près de dix jours. Bilan : 45 000 morts, des milliers d'estropiés, des centaines de villages brûlés, des populations entières déplacées et un traumatisme collectif qui restera pour l'éternité. Le châtiment communautaire a touché toute la région du Nord constantinois, s'étalant des plages de Melbou et d'Aokas aux hautes plaines de Sétif et de Guelma. Kherrata,
profondément blessée dans sa chair, était justement aux premières loges de ce sursaut de la dignité. A l'annonce de la répression
qui s'est abattue sur la cité d'Aïn Fouara, les populations locales se sont vite solidarisées avec les victimes pour appeler à l'arrêt immédiat des tueries. Cela avait suffi à la soldatesque impériale et à ses suppôts locaux pour étendre leur infernal domaine d'intervention. La chasse aux «indigènes» a ainsi été ouverte. Lahcene Bekhouche, Messaoud Amrane, Arezki Manadi, Ali Aïd, Layachi Saal (un parent de Bouzid, la toute première victime de ces carnages), Rabah Ramli, Ahmed Damene, tous acteurs et témoins de ces opérations génocidaires, ont livré, ces dernières années, des témoignages poignants sur les horreurs vécues en ce maudit mois de mai qui marque la fin de la Seconde Guerre mondiale. «Pour desserrer l'étau qui étouffe le Sétifois, tous les villages environnants s'étaient mobilisés. L'émeute éclate. Des édifices publics ont été incendiés. Les communications sont coupées entre Bougie et Sétif. Le bureau de la poste, le tribunal et la mairie brûlent. La RN 9 est coupée à plusieurs endroits pour retarder la progression de l'appareil répressif de la légion étrangère», rappelle Lahcene Bekhouche lors d'une précédente célébration de cette date historique. Le couperet des représailles tomba instantanément. On commença par neutraliser les «meneurs» qui se recrutaient parmi les militants de la cause nationaliste. Membres locaux du PPA, adhérents des scouts musulmans (SMA), syndicalistes, activistes et sympathisants de l'indépendance sont canardés sans ménagement. «Le docteur Hanouz [chef local des scouts] et ses deux fils ont été abattus
et jetés, en premier, dans les gorges de Chabet Lakhera. De manière expéditive, tant d'autres nationalistes y passent par les armes», expliquait, il y a quelques années de cela, Messaoud Amrane qui séjournera conséquemment très longtemps dans les geôles coloniales. Le rouleau compresseur de la répression, redoublant de sauvagerie, s'acharnera ensuite sur l'ensemble des populations musulmanes. Même les prisonniers n'ont pas échappé à la purification. «Dans les gorges de Kherrata, du haut d'une falaise qui surplombe l'oued, d'un coup de pied les justiciers font basculer au fond du ravin les corps des prisonniers exécutés d'une rafale dans le dos, rangée après rangée», témoigne Henri Alleg dans son ouvrage intitulé De la guerre d'Algérie. Des centaines, voire des milliers de cadavres, s'étaient décomposés à l'air libre dans ce cours d'eau rocheux qui porte, à ce jour, l'insigne de la Légion étrangère gravé sur l'une de ses parois. «Blindés et artillerie, aidés par l'aviation, pilonnent la ‘‘zone de dissidence''. Depuis la côte de Bougie, les canons du Duguay-Trouin écrasent les douars de la région de Oued Marsa et de Beni Mimoun [actuellement, Melbou, Aokas, Souk El Thenine, Boukhelifa et Tichy]. On tire à vue sans faire de distinction entre hommes, enfants, femmes ou vieillards», rapportent de nombreux témoins. «It was an open season [c'était la chasse à volonté]», écrira, ensuite, un journaliste américain qui se trouvait sur les lieux. Tous les villageois de la région du Sahel (côte-est béjaouie) ont été parqués (sans nourriture ni couverture d'aucune nature) des jours durant sur la plage à Melbou. Le fameux rassemblement de Melbou était destiné à intimider et à avilir ces «va-nu-pieds» qui osent parler de liberté. Les localités de Darguina, Taskriout, Aït Smaïl, Souk El Thenine, Tamridjt et Tizi N'Berber ont été ainsi vidées de leurs habitants. De nombreux hameaux ont été réduits en cendres. «Regardez bien nos bâtiments de guerre, nos avions, nos canons, nos troupes. La France est une grande nation et ne peut être battue par une quelconque autre nation. Vous êtes trompés par des agitateurs qui croient pouvoir chasser la France d'Algérie, avec quelques fusils de chasse, des haches, des faucilles, des matraques», distillent les propagandistes du service psychologique de l'armée française à l'endroit de milliers de pauvres montagnards affamés. Sur les hauteurs de Kherrata, à Tizi N'Bechar, Amoucha et Ouricia, même le bétail et les champs n'ont pas échappé aux flammes de l'enfer. Dans son rapport ultérieur sur cette hécatombe, le général Tubert se limitera seulement à inventorier les quelques dégâts matériels causés aux bâtiments publics et les rares victimes d'origine européenne. Il ne soufflera pas mot sur les mechtas brûlées, les centaines de pauvres citoyens sommairement exécutés, les souffrances des paysannes qui ont accouché à même la plage de Melbou
ou sous les ponts de Chabet Lakhera, et la misère infligée en représailles, et pour de longues années encore, à tout un peuple qui réclamait son droit légitime à l'autodétermination. Exactement comme son général Tubert, la France continue toujours de fuir ses responsabilités. Entêtée, elle refuse d'admettre sa culpabilité.


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