La suspension des manifestations en Guinée est un signe de bon augure pour une solution définitive à la crise politique que traverse le pays, mais une décrispation totale dépend des résultats sur lesquels débouchera l'échange entre le président Alpha Condé et le chef de l'opposition, Cellou Dalein Diallo, qui a enfin dit "oui" pour une rencontre ultérieure. Dans le souci de privilégier le dialogue politique avec les partis de sa mouvance et le pouvoir en place, le chef de file de l'opposition guinéenne et président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo a annoncé "la suspension de la manifestation" prévue demain lundi. "En commun accord avec les autres membres de l'opposition, nous avons décidé de surseoir à la manifestation du lundi 11 mai pour favoriser le dialogue", a expliqué Diallo. L'option de l'opposition est républicaine et vise à favoriser le dialogue visant à apaiser la situation politique très tendue ces derniers temps, avec une série de violences sur les militants (de l'opposition), a estimé le président du UFDG. Diallo d'accord pour rencontre avec le président Condé Jeudi 7 mai, le chef de file de l'opposition guinéenne, l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, a annoncé, à l'issue d'une journée de manifestations à Conakry marquée par des violences meurtrières, qu'il ne se rendrait pas au Palais présidentiel le lendemain, sans exclure une rencontre ultérieure "Je voulais aller rencontrer le président dans un climat apaisé et serein pour aborder toutes les questions qui constituent aujourd'hui des sources de divergence ou de conflits entre l'opposition et le pouvoir. Donc, j'ai estimé qu'il n'était pas productif, pas décent d'aller le lendemain (des violences) rencontrer le président. C'est pourquoi j'ai demandé un report", avait-il expliqué. Assurant qu'il sera disposé à rencontrer, à une date à sa convenance, le président Condé, au début de la semaine prochaine, le chef de l'opposition compte beaucoup sur la tenue de discussions entre les deux parties autour de toutes les questions, à même de mettre fin au "dialogue de sourds", qui jusque-là prévalu en Guinée. Toutefois, aucune date n'a été officiellement annoncée pour la prochaine rencontre de concertation entre le président guinéen Alpha Condé et le chef de file de l'opposition. Les dessous d'une contestation Depuis 2010, selon les explications de l'opposition, le mandat des élus locaux est arrivé à échéance, et au lieu d'organiser des élections le président a procédé à la dissolution des communes et à la mise en place des délégations spéciales notamment dans les communes urbaines. Les délégations spéciales même si elles sont légalement mises en place elles n'ont qu'un mandat de six mois, pourtant elles sont là, depuis trois ans, exerçant un pouvoir totalement "illégitime et illégal". "Donc la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne peut pas décider de pérenniser ça lorsque des accords politiques ont décidé depuis le premier trimestre de 2014 la tenue de ces élections locales pour mettre fin à cette situation d'exception que constituent les délégations spéciales", avait déclaré Cellou Dalein Diallo à des médias locaux. "Je pense que si le président prend l'initiative d'échanger sur ces questions avec moi, je crois qu'il pourra prendre en compte les revendications légitimes de l'opposition qui considère qu'il faut respecter les lois et que seul un dialogue politique franc peut décider de faire des dérogations aux lois et de changer la séquence des élections, ce n'est pas la CENI", avait estimé M. Diallo. Depuis plusieurs mois, l'opposition guinéenne organise des manifestations pour protester contre le calendrier élaboré par la CENI. Un calendrier qu'elle qualifie de "chronogramme de la discorde". Il prévoit l'organisation du scrutin présidentiel avant les élections locales. Pour plus de neutralité, l"opposition exige une nouvelle composante de l'institution électorale. Cependant, M. Diallo a mis en garde le pouvoir contre une éventuelle indifférence vis-à-vis des revendications exprimées par l'opposition, qui sera, a-t-il dit, dans l'obligation de "reprendre les manifestations et les meetings politiques" dans tout le pays jusqu'à la satisfaction de leur plate-forme. "Car, il ne s'agit pas là de protester contre un calendrier électoral, mais plutôt contre les violations des lois de la République, c'est-à-dire la loi fondamentale", a-t-il affirmé. Par Rebiha AKRICHE