Des spécialistes et experts ont appelé, mercredi à Alger, à l'impératif d'ériger les médias africains en médias puissants à même de faire face à l'hégémonie médiatique occidentale et protéger l'identité culturelle africaine au mieux des intérêts du continent. Les participants à la 2ème Conférence internationale des Organisations africaines membres du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC), ont passé en revue, au 3ème et dernier jour des travaux, l'état des médias africains et les défis de la mondialisation. Lazhar Marok, enseignant universitaire des sciences de l'information et de la communication, a indiqué que "les médias africains vivent aujourd'hui une situation critique, en ce sens qu'ils sont incapables de faire face à la mondialisation et aux technologies, ni de changer les stéréotypes véhiculés par les médias occidentaux sur le continent africain". Il a appelé, dans ce sens, à l'impératif d'une "coopération" entre les pays de l'Union africaine (UA) pour promouvoir des médias africains puissants, capables de faire face à l'hégémonie médiatique occidentale, de manière à préserver l'identité culturelle des africains et à protéger leur avenir". M. Marok a expliqué, dans ce sillage, que les médias jouaient un rôle majeur dans la formation de l'opinion publique, c'est pourquoi "les agences occidentales qui contrôlent 80% des flux d'informations vers l'Afrique, ont pu véhiculer des images négatives sur l'Afrique, en assurant une couverture continue des conflits, des catastrophes, des actes de violence, de la pauvreté et des maladies, en omettant la diversité culturelle, le développement et les compétences humaines, dans l'intention de servir les intérêts de certains pays. Pour le même enseignant universitaire, les raisons de cette vulnérabilité des médias africains reviennent à "l'absence de moyens technologiques, de liberté et de climat propice devant développer leur capacités professionnelles", soulignant la nécessité d'assurer un climat adéquat à travers la coopération entre tous les pays africains en vue de construire des médias forts capables de changer les stéréotypes sur l'Afrique et de mettre sur pied des agences de presse conjointes capables de concurrencer leurs homologues occidentales. Il a, en outre, appelé à l'instauration d'un environnement permettant l'accès à la source de l'information, la protection de l'identité culturelle du continent africain et la lutte contre certains lobbys qui tentent de provoquer une scission au sein des sociétés africaines sur la base de la religion, de l'ethnie et de la tribu, ce qui engendre des conflits dont la majorité est souvent utilisée comme prétexte pour spolier les richesse de l'Afrique. Pour sa part, Abdelmadjid Tabbi, économiste, a mis l'accent sur la nécessité d'impliquer les jeunes africains dans la prise de décisions politiques et économiques, d'autant que cette tranche constitue 60 % de la société, soulignant la nécessité de libérer le continent africain de l'exploitation étrangère de ses richesses, citant, à ce propos, la nécessité de concrétiser l'Agenda 2063 pour l'Afrique. Après avoir indiqué que les conflits internes secouant de nombreux pays africains, l'absence de développement durable, la non exploitation de la ressource humaine à défaut d'une formation adéquate étaient des facteurs ayant fait que le développement économique soit tributaire de la demande sur les matières premières, il a préconisé une révision des systèmes de formation et de travail et l'encouragement de l'esprit de l'initiative auprès des jeunes. L'Algérie a abrité du 19 au 21 novembre la 2ème Conférence internationale des ONG africaines, membres de ECOSOC, organisée sous le thème "Impliquer l'Afrique face à la crise migratoire".