La prison rouge de la ville de Ferdjioua (Ouest de Mila) demeure un témoin de la politique de torture systématique contre les Algériens et de la barbarie du colonialisme français, dont l'Histoire continue de révéler au grand jour. Les rescapés de ce sinistre de lieu sont marqués dans leur chair et leur âme par les infamies perpétrées par les bourreaux de la France coloniale, et les murs des cellules de la prison semblent encore renvoyer de lointains échos des cris des torturés. Le moudjahid Brahim Raslaïne, âgé de 85 ans et originaire de région d'Ain el Baida Ahriche (Ouest de Mila), fait partie de ces rescapés. Responsable à l'époque de la Nahia-3 de la zone-1 de la wilaya historique-2, il se rappelle : "Quiconque est transféré vers la prison rouge est perdu". Les détenus étaient suspendus en l'air par les pieds puis frappés et brûlés, leurs dents étaient arrachées en plus de leur privation de nourriture et de sommeil durant de nombreux jours. Les détenus relâchés étaient obligés à exiler pour préserver leurs vies laissant derrière eux leur famille comme ce fut le cas pour le père de l'universitaire, poursuit ce dernier. Pour sa part, le directeur de wilaya des Moudjahidine, Karim Ghodbane, a considéré que la prison rouge, qui tire son nom de la couleur de la pierre et de la terre avec lesquelles elle a été construite, était ''un établissement de répression de la population de la région de Ferdjioua et ses environs". Construit en 1955, l'établissement pénitentiaire est l'un des plus grands de la Nahia historique-3. Outre le pavillon de l'administration, il comptait 29 cellules individuelles et collectives, dont deux pour les détenues femmes, une salle d'interrogatoires et trois autres cellules pour les condamnés à mort, a ajouté le responsable. Selon les témoignages d'anciens détenus consignés dans le guide historique de la wilaya de Mila durant la Révolution libératrice, tous les détenus devaient être interrogés sous d'horribles tortures avant d'être ensuite libérés, transférés vers d'autres prisons ou dirigés vers les cellules des condamnés à mort.