MOKHTAR - Le Bazane, un habit traditionnel masculin, apanage des Touaregs, fait partie des composants d'un patrimoine matériel jalousement préservé par les habitants de Bordj Badji-Mokhtar qui continuent à privilégier cet effet vestimentaire, en attachement à leur culture ancestrale authentique. Cette tenue traditionnelle consiste, à l'instar d'autres effets vestimentaires locaux, tels que El-Gueznir et El-Ganilia, importés de pays voisins, en une large Gandoura en coton, aux couleurs bleue et blanche, accompagnée d'une longue étoffe, sorte de cache-nez appelé "Tedjlmest", servant également de chèche couvrant la tête et masquant le visage, de sorte à ne pas obstruer la visibilité et permettant à celui qui le porte de se prémunir, des rudes conditions climatiques sahariennes, que ce soit la chaleur ou les tempêtes de sable. Approché par l'APS, Mohamed lamine Akbaoui, chercheur dans le domaine du patrimoine, a expliqué que le Bazane constitue, outre sa vocation d'effet vestimentaire, une partie intégrante des composantes de l'identité culturelle locale, incarnant de nobles valeurs de la région. Très attachés à leur legs matériel et immatériel séculaire, des habitants locaux, aussi bien des vieux que des jeunes, préfèrent se parer comme le veulent les circonstances festives et religieuses, de cet habit traditionnel, signe de hautes valeurs humaines et de fidélité à la culture locale. Bien que cet habit ait connu certaines modifications en termes de design moderne, avec des broderies en fils d'argent aux motifs Tamazight, il demeure encore sollicité, ont indiqué à l'APS des artisans locaux lors d'une virée aux marchés de Bordj Badji-Mokhtar. Ce costume ancestral, dont la confection d'une pièce complète requiert deux jours et des ingrédients indispensables pour lui assurer son imperméabilité aux facteurs climatiques, s'impose comme un pan de la culture locale. Appel à inclure le Bazane dans la liste du patrimoine culturel Le Bazane reste toujours en vogue chez les habitants de la région, notamment durant les occasions festives, et n'a cessé de s'imposer en mode moderne parmi les jeunes qui se vantent de ses qualités sur les réseaux sociaux, en tant que symbole vestimentaire culturel marquant une des spécificités culturelles de cette région de l'extrême-sud du pays. Cette tendance au Bazane ne peut, toutefois, cacher, de l'avis d'artisans, les défis rencontrés, notamment le manque de main d'oeuvre qualifiée, ainsi que la rareté de la matière première de qualité, nécessaire à sa confection. Dans ce cadre, la présidente de l'association locale de l'artisanat, Mme Messaouda, a fait savoir que les associations locales s'emploient à former une relève pour perpétuer cet art ancestral, et ce, à travers les expositions, les défilés et les concours de couture. Elle-même artisane, elle a émis le souhait de voir étaler ce costume sur les stands des manifestations nationales et internationales et œuvrer à l'inclure, eu égard à sa symbolique culturelle nationale, dans la liste du patrimoine culturel. Selon nombre d'artisans, maitre-tailleurs de la région, ce costume ancestral allie, en plus de sa dimension patrimoniale, des valeurs d'authenticité et d'élégance, le laissant très apprécié et prisé notamment par les jeunes. Il constitue, selon eux, un pan de la culture locale reflétant le génie de l'homme du désert pour s'acclimater avec son environnement et s'attacher à son legs séculaire authentique.