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De l'indiscipline dans le système éducatif
Publié dans Batna Info le 06 - 01 - 2011


par Rachid Brahmi *
« Qui croit devoir fermer les yeux sur quelque chose se voit bientôt forcé de les fermer sur tout. » (J.J .Rousseau)
L'indiscipline en milieu scolaire et universitaire a pris une ampleur préoccupante, même si nous faisons abstraction de la violence qui peut en découler et qui s'intègre dans une violence sociale plus large, multiforme, omniprésente et juridiquement réprimée. Si elle existe dans différents pays, y compris dans les milieux (quartiers) défavorisés en Occident, l'indiscipline semble toucher toutes les structures éducatives des pays du Sud, dont l'Algérie. Qu'entend-on par indiscipline et comment se manifeste-t-elle ? Quelles sont ses répercussions, ses causes et les solutions à mettre en œuvre afin d'éliminer ou du moins circonscrire ce type d'écart ? C'est à ces questions que ce texte tente d'apporter quelques éléments de réponse.
Selon Annie Tschirhart, auteur en sciences de l'éducation (1), la discipline qui s'inscrit dans l'histoire de l'humanité, en définissant ce qui permet aux individus de passer de l'état de nature à un état social, est un ensemble de règles nécessaires à la cohésion de la société. Si la discipline peut dégager une connotation négative, les auteurs en sciences de l'éducation sont unanimes à considérer que sans discipline, on ne peut parler d'éducation. Pour E. Prairat (2), la discipline est «un dispositif et des règles de conduite en vue de garantir les activités dans un lieu d'enseignement. La discipline permet, autorise, facilite, rend possible. Elle permet à l'élève d'entrer dans une culture de la responsabilité, de comprendre que nos actes sont suivis d'effets et que nous devons apprendre à en répondre. Etre discipliné, c'est se donner librement des règles de conduite en fonction de valeurs et d'objectifs à atteindre». Toute manifestation d'indiscipline, nommée «incident critique» par les spécialistes en sciences humaines, représente selon une définition (3) «un événement inattendu qui cause un problème (critique) dans le déroulement d'un cours et qui entraîne une réaction sur-le-champ. Cet incident peut être lié à un étudiant ou au groupe, et peut relever de la gestion de classe (règles, routines, comportements) ou de l'apprentissage.» L‘incident critique ne peut être reconnu qu'a posteriori. Nous pouvons citer les bavardages et le brouhaha qui en découlent, les agitations, les turbulences, tels les jets de projectiles, aussi inoffensifs soient-ils, à l'intérieur ou aux abords des structures éducatives, les retards, les absences et le manque de soins apportés aux biens publics de la structure de formation, si nous excluons la dégradation volontaire des biens comme les équipements, les locaux, le mobilier ou le véhicule de l'enseignant, ces derniers actes relevant de considérations pénales. Le désintérêt perceptible pour les études, la contestation injustifiée, l‘insolence, le défi, la provocation volontaire ou (et) irréfléchie qui se manifeste par exemple par la sonnerie d'un téléphone portable en salle de cours, en dépit des règles énoncées, constituent des formes d'indiscipline. Si nous prenons le cas de l'indiscipline à l'université, il s'avère aujourd'hui impossible de maintenir le silence absolu durant un cours pendant plus d'une dizaine de minutes. Pourtant, cela était possible sans difficulté aucune durant la décennie quatre-vingt, et dans des amphis dont l'effectif pouvait atteindre ou dépasser largement 400 étudiants. Aujourd'hui, dans le système LMD, les enseignements se font avec des groupes qui ne dépassent pas la cinquantaine d'étudiants, quand ces derniers sont tous présents, ce qui est rarement le cas ; en dépit de cela, l'ordre et le calme nécessaires dans les lieux du savoir se sont effilochés.
Les étudiants ignorent les divers signes qui indiquent le début d'un cours, alors qu'ils ne ratent pas de multiplier les signaux pour y mettre un terme, à l'approche de la fin de la séance. Notons le tumulte perturbant de la part d'étudiants inoccupés, aux abords des salles, dans les couloirs et les halls, là où il n'y a ni surveillants ni «pions» et où on exploite l'ambiance anonyme, contrairement à un lycée où l'élève est connu, donc vite identifié. Dans ce sens, l'autodiscipline doit-elle s'apprendre à l'université ou bien avant ? Ajoutons les périodes d'examens où certains se présentent démunis d'une pièce d'identité, de calculatrice, de stylos et d'autres effets indispensables aux épreuves ; ajoutons les tentatives de fraude devenues non pas l'exception, mais presque la règle, où sanctionner l'étudiant fautif exige des formalités supplémentaires, telle l'élaboration d'un rapport qu'il faut rédiger, remettre à l'administration, puis attendre la réunion du conseil de discipline pour statuer. Le déroulement de toute activité passe par une bonne organisation où chaque paramètre se gère, dont la gestion du temps. L'organisation transite par l'ordre. Il est donc question d'ordre ; «Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place», dixit un certain Samuel Smiles. Demandant réflexion et concentration, l'activité éducative accuse les contrecoups d'une désorganisation due à l'indiscipline. Les pertes de temps occasionnées sont irrécupérables. D'autre part, si de l'indiscipline à la violence aussi verbale soit-elle, il n'y a qu'un tout petit pas, évacuons encore une fois ce cas de figure.
Alors pourquoi nos apprenants sont-ils démotivés, flânent, rêvassent, chahutent, sont subversifs ? Les causes, chacune avec son poids, sont difficiles à hiérarchiser. La surcharge des classes y est pour une large part. La personnalité de l'enseignant, si on exclut ses aptitudes pédagogiques et scientifiques, joue également un rôle. Qu'il soit autoritaire ou permissif plus qu'il n'en faut, le résultat est négatif quant au bon déroulement d'un cours. Il s'agit donc de tenir le juste milieu. Le manque de discipline peut également provenir du volume horaire mal agencé, des méthodes pédagogiques inadéquates ou non maîtrisées ou encore du contenu des programmes. Par ailleurs, la non implication ou la permissivité de certains parents dans le suivi régulier de leurs enfants contribue souvent au relâchement de l'élève ; le cœur l'emportant sur la raison, le papa et la maman sont affectivement piégés par leur môme. Et si des parents ont des difficultés parfois à gérer une famille de quatre enfants, que dire d'un enseignant dans une classe bondée d'élèves ?
Quant aux raisons de démotivation de l'élève, nous citerons une mauvaise orientation, un enseignant manquant d'expérience ou d'assurance, le milieu familial de l'élève… Soulignons également que la violence de l'environnement, dont celle véhiculée par l'audiovisuel à travers des films, des vidéos, Internet, est responsable de la fréquente poussée d'adrénaline chez les jeunes. Un seul exemple : comment la petite tête d'un enfant peut-elle donner un sens aux cours d'éducation civique, à l'ordre, à la discipline, aux rangs nécessaires dans la cour de l'école lorsque, parallèlement, les yeux de cet enfant mémorisent une pagaille due à l'absence d'une chaîne organisée, pour ne pas dire une chaîne tout court, par des adultes, dans un bureau de poste ou chez le boulanger du coin ? L‘émiettement des valeurs dont la dévalorisation sociale de l'enseignant (4), la perte des repères, la crise socio-économique constituent autant de facteurs supplémentaires secouant la société et n'épargnant évidemment pas le système éducatif qui ne vit pas en vase clos. La problématique de l'indiscipline nécessite donc une approche globale, tout en «décortiquant» les éléments en interaction.
Il n'est pas toujours évident de mettre en œuvre la solution correspondante à certaines causes d'indiscipline; un exemple venant à l'esprit est celui de la surcharge des classes qui ne peut se régler à court terme, ou encore l'interaction du système éducatif avec un environnement éprouvé et éprouvant. Il apparaît aussi que ce n'est pas le contenu d'un règlement disciplinaire qui provoque les conflits, mais plutôt son application ; celle-ci devant être rigoureuse, effective, dépourvue d'excès, applicable et acceptée par tous et pour tous, à condition d'opérer une sensibilisation permanente par une large information. Fixées et admises dans l'esprit de chacun, les règles du jeu contribueront certainement à éviter nombre de malentendus et prévenir des situations conflictuelles. Soulignons aussi que l'école n‘est pas une garderie où l'on se débarrasse de sa progéniture. Sans la franche collaboration des parents, le personnel éducatif est incapable d'assumer toutes les défaillances. Inutile de chercher un bouc émissaire : l'éducation de l'enfant s'enracine dans la cellule familiale pour se poursuivre ensuite au niveau éducatif et social. Victor Hugo disait : «L'éducation, c'est la famille qui la donne ; l'instruction, c'est l'Etat qui la doit.» De même, la discipline est une question familiale, scolaire et publique.
Concernant le système éducatif, il revient à ses responsables d'approfondir les réformes, en se penchant sur l'agencement du volume horaire, les méthodes pédagogiques, le contenu des programmes et surtout la formation des formateurs. En outre, l'obtention d'un diplôme ne suffit pas pour exercer une activité donnée. La gestion de la salle de cours nécessite des compétences scientifiques, didactiques, communicationnelles et relationnelles, à maintenir, à nourrir et à réactualiser en permanence dans le cadre d'une formation continue, multiforme, encouragée et sanctionnée par des évaluations. Dans ce sens, sur le lien «pédagogie» de son site (4), Ahmed Bensaâda signale qu'au Québec « le corps enseignant dispose, annuellement, de 18 journées dites pédagogiques pour les rencontres entre les collègues ou la participation à des formations et des colloques». Quel est alors le nombre de ces journées pédagogiques en Algérie ? Existent-elles d'abord, sinon pourquoi ? Pour diverses organisations dans le monde, la formation permanente n'est pas un slogan creux mais un leitmotiv, une devise sacrée.
Pour conclure, sommes-nous prêts à effectuer des réformes en profondeur ? Attitude réfractaire des apprenants, l'indiscipline, qui est inconciliable avec l'éducation, représente un signal que nous pouvons considérer comme positif, dans la mesure où il interpelle les pouvoirs publics, les intellectuels, les chercheurs, la famille éducative et la société dans son ensemble, pour d'inéluctables changements. Car l'éducation sculpte la citoyenneté. Eliminer, sinon circonscrire les conflits, en tenant compte de tous les paramètres, fera que l'apprentissage et l'enseignement ne soient pas une corvée mais un plaisir, comme l'indique si bien l'étymologie du mot école qui vient du latin schola, et signifie «loisir consacré à l'étude».
* Département de Physique (Université d'Oran)
Quelques références :
1. AnnieTschirhart, Quand l'Etat discipline l'école, Editions l'Harmattan 2005.
2. Quelques documents didactiques d'Eirick Prairat sont disponibles sur Internet.
3. http://www.unites.uqam.ca/pcpes/pdf/incidentsAIPU04.pdf
4. http://www.ahmedbensaada.com/
5. http://www.gptlesplon.be/adultes/sortir.htm
6. http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article2935
7. http://pedagogieuniversitaire.wordpress.com/2009/05/19/la-discipline-a-luniversite/


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