La musique rap était à l'affiche jeudi dernier, à la place du front de mer de la ville d'Azeffoun. Une sacrée soirée estivale et conviviale. Après Tigzirt, la caravane Dz-Rap a accosté jeudi 31 juillet à Azeffoun. Auparavant, elle avait sillonné les villes de Staouéli, Aïn Benian et Zéralda. L'initiative est de l'association Tizi pour les jeunes. Pour leur passage dans cette charmante localité de la Kabylie maritime pavoisée aux couleurs de l'été, les participants n'ont pas lésiné sur leur savoir-faire éclectique pour égayer, l'espace d'une soirée, les estivants venus nombreux assister à leur spectacle sur la place du Front de mer. Au programme : la culture urbaine dans son expression plurielle : rap, break dance, danse hip-hop, exhibitions de yamakasi, et de la beat box, une technique consistant à imiter la musique instrumentale et autres bruits (coups de feu, scènes westerns..) avec la bouche. Une heure avant le début du spectacle, les alentours de la scène improvisée à même le trottoir sont déjà occupés par une foule jacassante qui anime la scène à sa manière, sous l'œil vigilant d'une escouade de policiers. 19 heures. Le show peut enfin commencer. La première partie est assurée par un show de Yamakasi appelé communément l'art du déplacement. Les stars de la soirée doivent escalader des obstacles, des murs et les escaliers. Ils effectuent des sauts vertigineux et autres type d'acrobaties. L'assistance, qui découvre pour la première fois ce sport, est subjuguée par les numéros exécutés magistralement par de jeunes athlètes qui ont fait le déplacement d'Alger et de Blida. Les organisateurs, menés par le trublion tout-terrain Rachid Doufène, enchaînent avec des morceaux musicaux du terroir balancés à pleins décibels par un DJ. Il attaque, en envoyant sur les platines, le tout dernier album à grand succès de l'indétrônable Mohamed Allaoua qui mettra le feu sur scène. Des émigrés marseillais en vacances à Azeffoun, visiblement émerveillés par cette ambiance du bled, braquent l'objectif de leurs caméras sur les fêtards en ébullition. Des caméras de téléphones portables filment la débauche d'énergie juvénile. Suivront des rythmes de rap américain et de country music. Le public, qui semble apprécier, répond par des applaudissements et des vivats. La fièvre de ce jeudi soir montera d'un cran avec l'entrée en lice d'une dizaine de rappeurs. Parmi les présents, on a reconnu le collectif mené par le groupe Mafia crew, Zenka résistance (Tipaza), Philophenomène (Sidi Belabbès), Junior mafia et des artistes en herbe qui font déjà parler d'eux sur la place d'Alger. Les thèmes chantés sont ceux de toute une jeunesse : malvie, el hadda, harraga. Le propos est clair, net et précis. En filigrane, le rêve d'un avenir meilleur mais … ailleurs. 22 h passées, la prestation des rappeurs en play-back bat son plein. Sans pause. De véritables bêtes de scène. « Ils peuvent chanter jusqu'à demain matin sans interruption », fait remarquer Rachid Doufène. Il ajoutera au sujet de la déferlante rap en Algérie : « Tout le monde est branché rap. Il y a plus de 2000 groupes dans notre pays. Le rap n'est pas uniquement un genre musical. C'est aussi un combat et un moyen d'expression pour dire les vérités autrement. » Sur le plan organisationnel, le président de l'association Tizi pour les jeunes a déploré le manque de moyens matériels mis à la disposition de ce festival. « Les APC veulent nous aider mais elles manquent d'argent elles aussi. » Retour à l'ambiance. Deux clowns amusent la galerie. Il est 23 h 30, philophénomène et Amar clôturent en beauté la sacrée soirée par des airs contry joués à l'harmonica mélangés à du rap bien de chez nous. De l'autre côté de la scène, à une dizaine de mètres, des couples prennent un bain de minuit.
