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Lyes Salem(Réalisateur) : « La dérision caractérise la société algérienne »
Publié dans El Watan le 18 - 09 - 2008

Rencontre avec un cinéaste qui monte et qui montre avec humour les travers mais aussi les qualités des Algériens.
Paris : De notre bureau
Le cinéma algérien, plutôt caractérisé par la chronique sociale, est en général avare de comédies. Hormis Mahmoud Zemmouri qui en a fait sa marque de fabrique, il faut désormais compter avec vous, après Mascarades. Dès vos débuts, en 2001, avec le court métrage Jean Farès, l'humour était au rendez-vous. Pourquoi ce choix de l'humour et de la comédie pour évoquer la réalité sociale ?
Je serai moins affirmatif que vous pour avancer qu'il y a peu de comédies dans la cinématographie algérienne. Il y en a eu quand même et, même si elles ne sont pas majoritaires, on pourrait citer par exemple Les Vacances de l'inspecteur Tahar, Le Clandestin et bien d'autres films encore… Disons plutôt que je m'inscris dans cette mouvance du cinéma algérien avec laquelle je souhaitais renouer. L'humour, et plus précisément la dérision, caractérisent fortement la société algérienne. Et j'avais le désir que le public algérien puisse rire de ses travers à travers ce premier long métrage dont le titre annonce la couleur.
Bien que vivant en France, vous êtes d'abord, à l'instar d'un Nadir Moknèche, un cinéaste de terroir (comme dans votre film précédent, Cousines). Comment expliquez-vous ce besoin ou cette volonté de tourner en Algérie ?
A vrai dire, je ne me l'explique pas. En réalité, cela ne résulte pas d'une volonté ou d'un effort mais cela s'est imposé à moi comme un fait naturel. J'ajouterai toutefois que cela tient aussi à des aspects personnels puisque mon long vécu en Algérie, pendant quinze ans, sans compter mes séjours ultérieurs au pays, ne pouvait que me renvoyer à ma terre de naissance en tant que source d'inspiration et lieu de tournage.
Comme Nadir Moknèche, encore une fois, vous vous inscrivez dans une forme de cinéma ancrée dans la culture méditerranéenne, avec pour références cinématographiques, la comédie italienne des années 60-70 de Dino Risi, Monicelli, Comencini ou Scola. Pourquoi ces choix ?
Le cinéma de la comédie italienne est un genre que j'ai toujours trouvé très riche et qui me plait beaucoup. D'abord parce que c'est un cinéma ambivalent avec, à la fois, la présence de l'humour, mais également la dimension de la satire qui met en exergue les travers et les contradictions de la société italienne de l'époque. Concernant mes références dans ce répertoire, je retiendrais particulièrement deux films : L'Argent de la vieille de Luigi Comencini et Affreux, sales et méchants d'Ettore Scola. Quant à l'identité méditerranéenne, j'y suis fortement attaché. De plus, elle représente, à mes yeux, beaucoup plus l'identité algérienne que d'autres influences culturelles.
Cette vision se retrouve dans les dialogues du film auxquels vous avez apporté un soin particulier apparemment...
Oui, cette vision de l'identité algérienne se retrouve dans la langue parlée dans le film et qui est ma langue, même si je la maîtrise imparfaitement. Je considère qu'elle est la langue identitaire de l'Algérie, la langue maternelle de la société algérienne. Les autres langues, qu'il s'agisse du français ou de l'arabe classique, ne sont pas des langues identitaires. Au mieux, elles sont périphériques à la langue algérienne proprement dite. D'où l'effort particulier que j'ai porté sur les dialogues du film qui sont l'un des paramètres de vérité de l'atmosphère recherchée. Dans une autre langue, le décalage par rapport au réel aurait été énorme et aurait remis en cause la crédibilité des personnages et des situations. Et on peut affirmer que la Méditerranée plonge au cœur de cette langue. Je voulais un effet de miroir qui fonctionne dans les deux sens. S'il faut comparer, je dirais par exemple que Tarik Taguia tourne en algérien comme moi, alors que Nadir Moknèche tourne plus en français.
Comme un certain Woody Allen, vous êtes à la fois devant et derrière la caméra, acteur et metteur en scène en même temps. Comment réussit-on à diriger et s'auto-diriger à la fois ?
Quand j'ai écrit le personnage de Mounir, il était profondément ancré à l'intérieur de moi. Des traits de son caractère étaient culturellement gravés en moi. Ensuite, sur le plateau, j'ai certes rencontré parfois des difficultés d'harmonisation. Mais j'ai la chance de posséder une technique d'acteur sur laquelle je peux m'appuyer en tant que réalisateur pour la direction d'acteurs. De plus, l'évolution technologique au cinéma est venue apporter un soutien important. Ainsi, certains moyens de visionnage immédiat en plein tournage, comme le « combo », sont d'une aide très précieuse pour éventuellement corriger telle ou telle scène, reprendre telle séquence, etc. Depuis mes débuts, j'ai toujours pratiqué avec cette double casquette d'acteur et de metteur en scène, et donc, avec l'expérience, cette supposée difficulté n'en est plus une, en tous cas pour moi.
L'une des grandes réussites du film, c'est incontestablement le choix des comédiens qui vivent et travaillent en Algérie. Comment le casting s'est-il opéré et comment les connaissiez-vous alors que vous vivez en France ?
Certains, comme Rym Takoucht (dans le rôle de Habiba, l'épouse de Mounir), je l'avais vue jouer dans Vivantes , le film de Saïd Ould Khelifa. Mourad Khan (Redouane Lamouchi, le voisin) et Mohamed Bouchïb (Khelifa, l'ami de Mounir), je les avais repérés à la télévision algérienne où ils ont interprété divers rôles comme vous le savez. Quant à Sarah Reguieg qui joue Rym, la jeune sœur de Mounir, je l'ai simplement choisie à l'issue d'un casting classique auquel elle s'était présentée. Mais une fois le casting effectué, il s'agit ensuite de bien se mettre d'accord avec tous ces acteurs quant au personnage de chacun, voir comment il se positionne dans l'histoire et ce qu'il est censé apporter en ce qui le concerne et par rapport aux autres. De mon côté, bien sûr, en tant que réalisateur, les choses doivent être claires dans mon esprit pour ce qui est des relations entre tous les personnages. A partir de Mascardes, comptez-vous continuer à creuser le sillon de la comédie ou de la satire ? Quels sont vos projets futurs ? La comédie encore ? Franchement, je ne sais pas… De l'humour, il y en aura sans doute. Mais pour le moment, les projets existent à l'état disons… confidentiel !
Rèpères
Né en 1973 à Alger, Lyès Salem s'impose comme une valeur sûre et prometteuse du cinéma algérien. Après son cursus scolaire en Algérie, il se rend à Paris pour étudier les Lettres Modernes à la Sorbonne, une formation qui lui ouvrira de nouveaux horizons dans la découverte de la littérature et des arts.
Sa passion pour le théâtre le pousse à s'inscrire à l'Ecole du Théâtre National Chaillot et au Conservatoire National d'Art Dramatique où pendant trois années, il va suivre les cours de professeurs de haut niveau comme Jacques Lassalles, Stuart Seide ou Daniel Mesguich. Il joue dans des pièces du répertoire classique universel et Shakespeare ou Molière n'ont pas de secret pour lui, de même que plusieurs œuvres du théâtre moderne. Cette pratique du théâtre lui a indéniablement servi dans sa petite mais riche carrière cinématographique, de même que son expérience d'acteur qui lui permet de diriger ceux qu'il retient pour ses films, d'autant qu'il a joué dans plusieurs films comme L'Ecole de la chair de Benoît Jacquot, A ton image d'Aruna Villers, Banlieue 13 de Pierre Morel, Alex de José Alcada, etc. Sensible à la dramaturgie algérienne et particulièrement au théâtre de Abdelkader Alloula, il a mis en scène en 1998 la pièce de celui-ci El Adjwad (Les Généreux) où il a joué le rôle de Djelloul le Raisonneur.
Sa filmographie comporte trois courts métrages de fiction : Lhasa, réalisé en 1999, Jean Farès (2001) qui obtient le prix du Jeune public au festival de Montpellier et surtout Cousines qui lui a valu le César de sa catégorie en 2005. Cette première expérience cinématographique l'encourage à réaliser son premier long-métrage, Mascarades (2007), actuellement sur plusieurs écrans d'Algérie (voir précédent Arts et Lettres). Cette histoire d'un jeune homme qui désespère de marier sa jeune sœur atteinte par la narcolepsie est traitée sur le ton de la comédie.
Produit par Laïth Média, Dharamsala et Arte Cinema, le film a été soutenu notamment par le Ministère de la Culture algérien, l'Agence Algérienne de Rayonnement Culturel et l'ONDA. D'une durée de 1 heure 34 mn, ce 35 mm a reçu le 31 aout dernier le Valois du meilleur film du Festival du Film francophone d'Angoulême, distinction suprême de cet événement.


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