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A travers les ruines de Nahr El Bared, loin du monde
L'incroyable détresse des Palestiniens
Publié dans El Watan le 19 - 10 - 2008

Le camp de réfugiés palestiniens de Nahr El Bared dans le nord du Liban porte mal son nom. Le Nahr existe toujours. C'est la rivière qui le traverse avant de se jeter dans la belle baie de Tripoli, la grande métropole du nord-liban. Un camp avec vue sur la mer, avant de lui tourner le dos et de faire face à un déluge de feu. Mais l'a-t-il été un jour même si on dit de lui qu'il fut un centre commercial important et qu'il faisait vivre une région entière ?
Les mauvaises langues diront de lui qu'il était également, sinon beaucoup plus, le royaume de la contrebande et depuis peu le refuge d'un groupuscule dénommé Fateh El Islam. Quelle supercherie quand on sait que les Palestiniens avaient tout sauf l'essentiel ! Une identité, une existence avec des droits nationaux, pas ceux qu'Israël et ses alliés veulent leur octroyer au mépris de toute justice. Les réfugiés palestiniens de Nahr El Bared comme du reste ceux des onze autres camps éparpillés au Liban avaient tout juste le droit d'exercer certains métiers, et de ne sortir du camp que les pieds devant ou pour un autre exil. C'est la conclusion que l'on dégage après une courte visite. Pas besoin de tout visiter pour se rendre à cette évidence et pour beaucoup il incarne à lui tout seul toute la détresse du peuple palestinien. On naît et on meurt réfugié. Les télévisions du monde entier ont rapporté des images de la vie dans la bande de Ghaza sous blocus israélien. A Nahr El Bared, a fini par admettre l'ambassadrice de Grande-Bretagne au Liban, c'est pire. Mais cela veut dire quoi au juste pour une opinion internationale privée de repères et d'instruments de mesure et qui croit libérer sa conscience en expédiant quelques sacs de riz ou de farine ? Là est toute l'erreur. Pour tous ceux qui ne connaissent rien de cette réalité et qui viennent de Beyrouth après avoir longé une magnifique autoroute côtière et relevé l'opulence de cette région, c'est véritablement le choc. Il suffit juste de quitter la grande route un peu à la sortie de Tripoli, en allant vers le nord, là où se sont perdus deux journalistes américains et où les forces de sécurité libanaises traquent ceux qu'elles accusent de préparer des attentats. L'armée a annoncé l'arrestation d'une « cellule terroriste » dans le nord du pays, responsable des attentats qui ont eu lieu dernièrement à Tripoli. Selon le quotidien As Safir, la cellule « envisageait une attaque contre un bus de l'armée sur la route Beyrouth-Tripoli et se préparait à attaquer le QG des FSI dans le quartier d'Achrafieh, à Beyrouth ». Qui se souvient de Achrafieh ? C'est là justement où a été déclenchée la guerre civile le 13 avril 1975. Retour à Nahr El Bared où cette impression de déjà vu devient abstraite si elle n'est pas rapportée à une situation d'ensemble. On a beau parler de tsunami ou de tremblement de terre, au regard des destructions causées au camp par des mois de combats entre l'armée libanaise et les combatants du Fatah El Islami, une organisation jusque-là inconnue, mais les dégâts d'ici ne sont pas ceux d'ailleurs, avec ce qui paraît insensé, une voie ou plutôt une route dans un camp qui n'avait que des ruelles. Une route qui monte, posée sur des maisons en ruines, ou encore des maisons sous une route : une image apocalyptique. Des cookies que l'on écrase, avait alors dit une jeune employée d'une organisation humanitaire.
Les dégâts doivent être rapportés au statut des habitants de Nahr El Bared. Ce sont des réfugiés palestiniens contraints de quitter leur foyer et leur terre lors de la guerre de 1948. Avec trente mille personnes ou encore cinq mille familles, ils peuplent l'un des douze camps de réfugiés palestiniens au Liban, une présence régie par les accords arabes de 1969 et de 1974. Des accords qui permettent d'avoir un refuge et un matricule auprès des organisations humanitaires chargées de pourvoir à leurs besoins. Elles leur ont donné un statut, mais pas une identité. C'est trop leur demander, et ce rôle incombe aux Etats pour qui la notion de justice n'est pas la même pour tout le monde. Un traitement au cas par cas, ce qui rajoute à la détresse des Palestiniens, même ceux des territoires que l'on disait passés à l'autonomie. Et dire que même le plus connu des Palestiniens, Yasser Arafat, est mort dans son exil, lui qui souhaitait être enterré à El Qods. Mais, il s'est heurté au refus de l'occupant israélien. Un tromperie, puisque ces territoires ont été réoccupés par Israël dans un silence complaisant de la communauté internationale. Pas besoin de visite guidée à Nahr El Bared si de tels paramètres sont ignorés ou occultés, parce qu' a priori, la douleur est la même partout, mais la détresse et le désespoir ont parfois une image sauf à se prendre pour un enfant gâté. Oum Khalil a profité de notre présence pour se plaindre des destructions causées par l'armée libanaise et nous a fait savoir qu'elle et sa famille ont perdu les économies réalisées par leurs trois enfants émigrés en Allemagne. Une précision, Nahr El Bared n'est pas un alignement de tentes. C'est beaucoup plus le royaume du parpaing, puisque des maisons ont été construites en dur, parce que l'exil durait et personne ne pouvait fixer un délai, sauf à faire des promesses auxquelles personne ne croira, même pas leur auteur. Et les Palestiniens ont vu plusieurs générations d'entre eux vivre dans l'exil, avec tout au plus une carte de réfugié pour toute identité et un matricule qui leur permet d'accéder à certains services que leur apportent les organisations humanitaires.
Et dans le cas de Nahr El Bared, il a été relevé à quel point les Palestiniens avaient tout fait pour améliorer leur ordinaire. Grâce à leur dynamisme, ils ont fait de ce camp un vaste espace de commerce qui rayonne bien au-delà du territoire libanais, en Syrie, très exactement de laquelle il n'est pas très éloigné. Mais que peut-on faire de plus quand les lois du pays d'accueil vous empêchent d'exercer le métier de votre choix ? Réfugié et rien d'autre. Réduit à cette inactivité qui entretient le désespoir, sauf bien entendu à vouloir fuir cet statut et aller ailleurs, un ailleurs peut être moins précaire mais qui permet d'exister en tant qu'individu. En attendant le retour. Ah ! ce concept objet de tant de négociations et auquel les Palestiniens refusent de renoncer. Et comme beaucoup de camps palestiniens, celui de Nahr El Bared est devenu un champ de bataille. Les guerres interpalestiniennes des décennies écoulées n'ont pas encore été oubliées, voilà qu'une autre survient, alors même que l'on croyait que les camps étaient suffisamment encadrés par des représentants de l'Autorité palestinienne. En très peu de temps, celle-ci a été balayée par une organisation inconnue, cette dernière prenant même pour cible l'armée libanaise à laquelle elle a infligé de lourdes pertes. Et celle-ci a utilisé ses gros moyens pour enrayer cette machine. Et elle n'a pas fait dans le détail comme en attestent les incroyables destructions. Pour ainsi dire, le camp, passé sous le contrôle de l'armée libanaise depuis qu'elle s'en est emparé, est totalement détruit, puisque sa reconstruction est envisagée et même entamée. Il est devenu le champ d'activité des organisations humanitaires, très nombreuses il est vrai. Leur présence suscite même des vocations, avons nous constaté sur place. Un palliatif. Et encore, quand l'argent ne manque pas, car même l'humanitaire n'échappe pas au politique sous prétexte de combattre la corruption présumée au sein de l'Autorité palestinienne, alors même que l'aide est distribuée par ces ONG. L'ambassadrice de Grande-Bretagne au Liban a d'ailleurs relevé que les réfugiés palestiniens au Liban figurent parmi les plus pauvres. Et dire que sans moyens, le camp de Nahr El Bared assurait jusqu' à 30% de l'économie du Nord. Sans que l'on sache comment ni même pourquoi, et les questions sur ce sujet se bousculent, sans jamais avoir de réponse, il est devenu un incroyable champ de bataille. Les combats avaient fait plus de 400 morts, dont 168 soldats. Difficile dans une telle situation d'accepter ce qui tient lieu de bilan officieux. S'il n'y a que quarante morts parmi la population civile, c'est parce que celle-ci a pu fuir dès le début des combats, nous explique-t-on. Inutile de chercher une plus grande explication. C'est à prendre ou à laisser. En tout cas, une véritable chape de plomb enveloppe le camp.
Une fois le calme revenu, des familles ont pu retourner dans un chez soi bien précaire. Certaines ont tout perdu, mais elles s'accrochent à quelque chose de bien dérisoire, mais qui symbolise la vie. Comme ces enfants qui ont créé une joyeuse cohue. Inutile de leur demander ce qu'ils feront quand ils cesseront d'emprunter le chemin de l'école. On a même vu un marchand de cosmétiques rouvrir sa boutique dans une ruelle du camp, non loin d'un point de contrôle de l'armée libanaise. Une bien curieuse coexistence, peut-être souhaitée, mais jamais réalisée. Les Palestiniens préfèrent ne pas en parler, mais ils ne cachent pas au moins leur gêne en se soumettant aux contrôles de l'armée libanaise à chacun de leurs déplacements en dehors du camp. Déjà que leur espace et surtout leur horizon n'étaient pas clairs, sinon tout simplement bouchés, les voilà cette fois à prier encore plus pour le retour, ce rêve caressé depuis tant d'années. Là est le drame des réfugiés palestiniens qui ne ressemblent pas aux millions d'autres à travers le monde, un monde qui leur tourne le dos et qui sont sa mauvaise conscience. Et dire que certains n' hésiteront pas à demander à ces Palestiniens de faire preuve de patience et de ne pas utiliser les moyens qui peuvent faire mal à Israël bien entendu qui les maintient dans cette condition d'êtres en quête d'existence. Quant à eux, ils assument pleinement leur identité de peuple.


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