A insi, le FIFM 2008 se déroulant du 14 novembre et jusqu'à aujourd'hui au Palais des congrès de Marrakech, aura été une célébration du 7e art international prenant de l'épaisseur et surtout gagnant en crédibilité où le faste le dispute au festif, le strass au stress ou encore du glamour à l'humour. Bref, une fébrilité dans l'air. C'est la fête du cinéma ! Une grand-messe...noir et blanc et en couleur présidée par le réalisateur, scénariste et producteur américain Barry Levinson, l'auteur de Good Morning Vietnam, Rain Man et Wag The Dog et supervisée de front par un jury constitué par les belles actrices, l'Italienne Caterina Murino (Casino Royale) et la Française Natasha Régnier (La vie rêvée des anges), le cinéaste anglais, Hugh Hudson (Chariots of Fire), l'acteur portugais Joaqim De Almeida (Che : Guerilla), Sebastian Koch (acteur allemand), le réalisateur espagnol Agusto Villaronga, Ghita El Khayat (anthropologue et auteure marocaine) et Mariama Barry (juriste et écrivaine guino-sénégalaise). Ce soir, quatre awards seront décernés : L'Etoile d'or (meilleur film) et les Prix du jury, interprétation féminine et masculine départageant une quinzaine de films en compétition officielle. Parmi les films qui ont séduit les festivaliers figurent Time to Die (Temps pour mourir) de la Polonaise Dorota Kedzierzawska, un long métrage pathétique et à la brillance technique ou encore Flame and Citron du Danois Ole Christian Madsen et ce, de par une maîtrise efficiente de la réalisation et l'unique film marocain en lice dont tout le monde parle, Kandisha de Jérome Cohen-Olivar ayant signé Cool Crime en 1999. Kandisha compte un casting cosmopolite et consistant : Amira Casar, Assaâd Bouah, Saïd Taghmaoui, Hiam Abbas, David Carradine ou encore Hassan Sequili, un acteur très aimé au Maroc, mort récemment. La trame du film porte sur une quête policière et enquête initiatique d'une jeune avocate casablancaise (Amira Casar) à la recherche de la vérité innocentant sa sœur accusée à tort, alors qu'elle était victime car séquestrée par son époux. « Bien sûr qu'on y croit. Mais après, c'est entre les mains de la providence. On verra bien », commente Jérome Cohen-Olivar. Amours dévoilées Bien que programmé en hors-compétition, le film Amours voilées ( Hidjab El hob) de Aziz Salmy — dont c'est le premier long métrage — est de très bonne facture et de bon augure pour le « revival » du cinéma marocain. Il met en vedette Younès Megri, l'ex-chanteur pop de la fratrie des Megri (remember Leily Touil), la jeune actrice Hayat Belhaloufi qui a crevé l'écran de par un talent avéré et un charme fou...droyant ! Amours voilées est un film méritoire — racontant l'histoire d'un amour impossible entre Batoul et Hamza — brisant un tabou sur la condition de la femme dans le monde arabe et plus particulièrement au Maghreb. Elle est une victime expiatoire et privilégiée du machisme, le conservatisme primaire, l'extrémisme religieux et autre hypocrisie, misogynie ambiante. Un sujet réel et réaliste quant à l'empathique modernité et obscurantisme portant sur le mariage (forcé). Car dans le monde arabe, la femme existe par le mariage, un statut social. Aziz Salmy s'imprègne, immanquablement, des films d'Almodovar, de Nadir Moknèche, de Moufida Tlatli, de Nouri Bouzid, de Farid Boughdir ou encore s'inscrivant dans la veine de Satin rouge, La Graine et le mulet et Caramel. C'est la tendance lourde actuelle du cinéma arabe. Le film de Aziz Salmy exhibe un scénario, images et autres jeux de rôles bien sentis. Amours voilées, est à la fois jovial, triste et aussi téméraire voire « licencieux », diront les esprits chagrins. Un film qui va faire parler de lui. Toujours dans la condition « infrahumaine », parmi les coups de cœur du festival, un autre film marocain émerge. C'est celui de Mohamed Zineddaine, Tu te souviens d'Adil portant sur la réalité de la jeunesse marocaine, russe ou encore burkinabé entre espoirs et détresse humaine pour ne pas dire inhumaine. Une fiction-réalité mettant l'emphase sur le spectre du terrorisme, le chômage, l'ostracisme juvénile et le phénomène des harraga... De front, un hommage appuyé à été rendu aux 50 ans du cinéma marocain dont le père est Mohamed Ousfour ( 1927-2005) qui a réalisé la première fiction cinématographique par un Marocain, Le fils maudit, en 1958. Le cinéma égyptien a été salué à travers une rétrospective de la filmographie de Youssef Chahine et les 40 ans du cinéma britannique par la projection des films cultes comme Chariots of Fire de Hugh Hudson, Gandhi de Richard Attenborough, A passage to India de David Lean, Quatre mariages et un enterrement de Mike Newell, The Fool Monty de Peter Cattaneo ou encore Hotel Rwanda de Terry George. Un anniversaire fêté à travers une forte délégation composée de John Woodward, président du UK Film Council, des acteurs Christopher Lee (Dracula...), John Hurt( 1984) et en présence de Hugh Hudson, membre du jury. John Woodward a annoncé la signature d'une convention de partenariat britannico-marocain en matière de coproduction et industrie du cinéma. La baraka de Sigourney Weaver Parmi les moments forts et intenses du festival, c'est le passage très remarqué de l'actrice américaine Sigouney Weaver à la place Djamaâ El F'na accueillie par… des milliers de personnes, lors d'une projection grandeur nature, à la bonne et belle étoile des trois opus d'Alien. Une ambiance de concert d'une...pop star. « Je suis bouleversée. 30 000 personnes venues voir les trois films d'Alien sous les étoiles. Si vous m'aviez dit qu'une telle chose allait se passer, je ne vous aurais pas cru. Je suis ravie d'être ici, deux semaines après ce qu'on peut qualifier de révolution dans mon pays, les Etats-Unis. Nous avons une...baraka (Le nouveau président Barak Obama). C'est une grande bénédiction d'avoir un leader beau et charismatique comme Barak Obama. J'espère et je prie pour qu'il aide notre pays, notre planète pour un monde sage, paisible et plus juste... », déclarera Sigourney Weaver, qui n'était plus une « alien » (étrangère, extraterrestre en anglais), dans l'oasis urbaine ocre ! Elle y a été adoptée citoyenne du monde ! La preuve ! Elle a reçu une Etoile d'or pour l'ensemble de sa carrière impressionnante ! Une bonne étoile et toile est née dans le ciel de Marrakech !
