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Un ouvrage de référence
Parution. Algériens et mlaghrébins en Nouvelle Calédonie de 1864 à nos jours
Publié dans El Watan le 07 - 01 - 2009

Grâce à sa participation au 13e SILA, Mélica Ouennoughi(a), l'auteure de cette excellente étude, s'est étendue longuement et de bonne grâce sur les conditions de ses recherches menées sur le terrain en Nouvelle Calédonie.
Des recherches menées en Nouvelle Calédonie ainsi qu'à l'ancien bagne où ont été transportés nos ancêtres et les siens, – les insurgés de 1871 –, qu'en Algérie pour retrouver le fil conducteur matérialisant toujours leur présence à plus de 22 000 km de leur patrie, soit aussi bien la culture du palmier dattier bien inscrite dans les paysages que la présence d'une « diaspora » forte de 15 000 habitants(1). Si une bonne partie de ses travaux porte sur l'histoire de l'héritage phœnicicole perceptible dans les vallées de Boghen et Nessasiou, vallées mises en valeur par les survivants du bagne et leurs ascendants, c'est plutôt la deuxième partie qui nous concerne le plus et de très près. En effet, au terme de deux décennies consécutives de travaux forcés si difficiles à imaginer et à reconstituer, comment les quelques survivants sont-ils parvenus tour à tour à se « régénérer », à s'y remettre, à fonder des familles en l'absence de toute femme d'origine algérienne… D'autant que les conditions minimales n'étaient pas réunies, comme le souligne Mélica Ouennoughi en différenciant la transportation algérienne en Nouvelle Calédonie de celle de la Guyane : « Curieusement, malgré l'absence de femmes algériennes, les Algériens en Nouvelle Calédonie ont joué un rôle de trait d'union et d'implantation spirituelle et culturelle durable auprès des autres communautés ». (p161).
Ali Ben… poète forçat, chantre de la justice et de la tolérance…
Assurément, une première réponse est à rechercher dans le vécu de l'un de ces forçats, son vécu témoignage incontournable : un poème poignant de 36 vers intitulé par celui qui a pu le recueillir en 1895(2) à la libération du versificateur, Ali Ben… Par humilité, le poète forçat n'a pas osé décliner son identité en s'expliquant peu à peu notamment au vu du vers 29 : « L'auteur de ces vers est résigné ; il est condamné pour toute la vie » pour enfin annoncer au vers 32 : « Le poète qui l'a composé est un taleb qui a étudié le (Saint) Livre des versets ». Or, ce maître d'école coranique n'a pas défendu seulement la cause de ses coreligionnaires, alors qu'il aurait pu se passer des autres forçats professant la même foi de ceux qui l'ont condamné et qui l'ont torturé tant physiquement et moralement que psychiquement, jour et nuit, quotidiennement durant deux décennies consécutives. Non, il n'a pas oublié les communards subissant le même sort. Bien plus, il a tenu à les défendre en se conformant pleinement aux principes et valeurs recommandés par sa religion, de principes et valeurs universels : « Dieu sait que tous, chrétiens et musulmans, travaillent tout le long du jour ; les montagnes ont été aplanies ? » (vers 8).Pareil comportement n'est pas passé inaperçu particulièrement de la part des élites parmi les communards. Tel est le jugement de l'un d'eux, messager : « Nous avons ici une quarantaine d'Arabes dans leurs costumes nationaux. Je t'assure qu'il y a là de bien beaux hommes et que nous paraissons peu de chose auprès d'eux. » Tel est aussi l'avis de Huglan qui a été fortement impressionné par « l'éclatante photographie de qui les représente dignes et fiers, souriant sur les collines herbeuses de la 5e commune (circonscription de l'île des Pins) ». Quant à l'héroïne de l'insurrection de la commune de Paris, Louise Michèle, elle a beaucoup admiré les Algériens en les qualifiant de « bons, simples et d'une grande justice ». S'agissant du fait suivant, il souligne l'attachement indéfectible des déportés à leur culture, beaucoup plus qu'aux us et coutumes. « Le 17 septembre 1875, un arabe (Bou Galouze) est mort, il a été enterré le 18 au matin derrière le camp. Toute la nuit, les Arabes ont veillé auprès de lui en chantant sans discontinuité (en guise d'arme, on lui a placé sous le ventre une hache) ». F C Cron (1989 : 148). Très riches en enseignements, ces témoignages dûment relevés et consignés par leurs compagnons de destin révèlent au grand jour non seulement le vécu de chacun des forçats, mais aussi et davantage celui d'une communauté parfaitement identifiée, de surcroît demeurée très attachée à sa foi, sa raison d'être quelles qu'en soient les conditions et circonstances.
La richesse inépuisable des insurgés transplantés dans le bagne déshumanisant de Nouvelle Calédonie
Outre ces témoignages de grande valeur, il y a lieu de se référer à l'inventaire relatif aux objets trouvés en possession, notamment des chefs de l'insurrection, dont Aziz le fils du cheikh El Haddad de la Ramanya, suivant l'inventaire reproduit par Germaine Maillé (1995 : 294), à partir des procès-verbaux archivés :
Un paquet de manuscrits arabes, n°1 ;
quatre feuilles manuscrites arabes, n° 2 ;
huit feuilles manuscrites arabes, n° 3 ;
un cahier arabe avec neuf manuscrits détaillés, n° 4 ;
un cahier contenant de nombreuses feuilles d'affaires, n° 5 ;
une enveloppe contenant 5 lettres en français et deux feuilles en arabe et 4 reçus, n° 6 ;
deux lettres non ouvertes, n° 7 ;
un carnet et…, n° 8 ;
quinze livres ou cahiers arabes, n° 9 ;
un porte-monnaie contenant une feuille arabe, n° 10. Par ailleurs, à l'exception de deux personnes n'ayant rien déclaré, tous ont « quelque chose, si peu que ce soit, et ce petit rien n'est parfois que le débris d'un objet, précieusement conservé ». Ainsi à la fois profondément intériorisés et parfaitement matérialisés et assimilés par ces symboles de savoir, les anciens insurgés et leurs ascendants ont résisté vaille que vaille à toutes les tentatives d'aliénation et de dépersonnalisation, comme l'a bien étayé l'étude. Cette rétrospection est à mettre en parallèle avec celle de notre pays de 1954 à 1962, au monde concentrationnaire au vu de deux témoignages, l'un se rapportant au couloir de la mort au sein du fort Monluc à Lyon, et l'autre au camp de concentration de Bossuet dans le Sud oranais. S'agissant du premier, les condamnés à mort, tout en attendant chaque jour leur exécution, ont continué assidûment à s'instruire : « Jusqu'à la veille du cessez-le feu, les condamnés à mort affirmeront que leur moral de fer reste toujours le même et réclameront surtout l'organe officiel de la révolution El Moudjahid et des livres de grammaire afin de poursuivre leur instruction. » « Et pourtant, aucun de ceux qui écrivent ces lignes n'ignore qu'un prochain matin l'affreuse machine le happera. » In A. Haroun (2006) Récemment, nous avons rencontré l'un d'eux qui était inscrit par correspondance à l'école Pigier. Dès qu'il a appris les conditions de détention, le maître l'ayant suivi a pris en charge les frais d'inscription. Pour ce qui est du camp de Bossuet, un concentré de tous les autres camps, l'ophtalmologue Messaoud Djennas (2006 : 288) précise : « Il y avait des représentants de toutes les catégories sociales : enseignants, oulémas, médecins, avocats, politiques,, fonctionnaires et paysans, syndicalistes. C'est à l'intelligentsia en cage qu'incomba le soin de veiller à la formation de base des frères moins chanceux. Le temps libre que nous laisse l'administration carcérale était consacré à l'organisation de cours de toutes sortes et de différents niveaux, cours d'arabe par le Pr Lalaoui Mohamed Tayeb, de droit par Me Bentounmi, de médecine par le Dr Bouayed, d'anglais, d'histoire, etc. » De citer une longue liste de figures du barreau, du syndicalisme, de nombreux médecins, d'enseignants… En conséquence, c'est avant tout grâce aux forces morales et à la recherche du savoir que les déportés en Nouvelle Calédonie ont résisté et survécu. Il va de même de l'Algérie qui n'a pu briser les chaînes de la tyrannie et des oppressions multiformes que grâce à ces forces morales et au savoir. Plus que jamais, l'Algérie de demain, celle de l'après-pétrole et de désertisation aggravante conjuguée à l'accélération de l'érosion, survivra-t-elle sans la valorisation rationnelle de ses ressources humaines, source inépuisable de richesse et de créativité ? Sans l'optimisation inlassablement du travail comme valeur centrale et de saine ascension sociale ? Sans refonte profonde du système éducatif axé non sur la massification aux dépens de la qualité, mais en adéquation avec une mondialisation désormais fondée sur l'économie du savoir ?
L'auteur est : Universitaire
(a) Ouennoughi M. (2008) : Algériens et Maghrébins en Nouvelle Calédonie Alger, éd. Casbah, 405 p.
Notes
(1) En fait, le titre ne doit pas prêter à équivoque, de Maghrébins, il n'est question que de quelques individus originaires du Sud tunisien, tandis que les membres des Ouled Sidi Cheikh, qualifiés de Marocains, ne l'ont été qu'à la suite du traité de Lalla Maghnia de 1845 ayant divisé la confédération en Chéraga et Ghraba, ceux-ci inclus dans le royaume alouite.
(2) Le poème avec sa traduction en français dans Dj. Sari (2003).
Références bibliographiques
Cron F. C. (1989) : Le temps retrouvé Paris.
Djennas M. (2006) : Vivre c'est croire, mémoires 1925-1991, Alger, éd. Casbah, 553.
Harou A. (1986) : La 7e Wilaya, Alger, éd. Casbah
Mallé G (199 ) : Déportation en Nouvelle Calédonie des communards et des révoltés de Grande-Kabylie (1872-1876), Paris, L'Harmattan, 423 p.
Michel L (2002) : Mémoires Paris, La Découverte, 335p.
Sari Dj (1997) : « Les déportés algériens en Nouvelle Calédonie », Alger, El Watan, 18 octobre.
Sari Dj. (2003) : A la recherche de notre histoire, Alger, Casbah.205 p.
Sonneck (1902) : Chants arabes du Maghreb, Paris, t I p. 132.
Thomas E (1990) : La commune de Paris, encyclopédie Universalis, t 3, p 190-194.


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