Forte de son poids économique et de son ancrage historique au sein du continent, l'Algérie s'impose aujourd'hui comme un levier central dans la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). C'est ce qu'a affirmé M. Gainmore Zanamwe, directeur de la facilitation du commerce et de la promotion des investissements à la Banque africaine d'import-export (Afreximbank), dans une déclaration à l'APS. Troisième économie d'Afrique, l'Algérie bénéficie d'un avantage comparatif certain pour accélérer l'intégration économique et commerciale sur le continent. À ce titre, elle joue un rôle pivot dans le déploiement effectif de la ZLECAf, cadre auquel ont adhéré 49 pays africains. Pour M. Zanamwe, «l'Algérie dispose d'un potentiel compétitif dans des secteurs stratégiques comme l'agriculture, les mines, les Start-ups et l'innovation». Des domaines qui offrent des perspectives concrètes de partenariats durables, portés par une base industrielle solide et diversifiée. Une vitrine continentale pour l'économie algérienne C'est dans cette dynamique que s'inscrit l'organisation, à Alger, de la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF), du 4 au 10 septembre 2025. L'événement, coorganisé par Afreximbank, le secrétariat de la ZLECAf, la Commission de l'Union africaine et le Gouvernement algérien, s'annonce comme une vitrine inédite du climat des affaires national. Il marquera, selon M. Zanamwe, «une étape majeure pour faire découvrir les opportunités d'investissement en Algérie et favoriser les échanges avec les milieux économiques africains et internationaux». Cette édition connaîtra une participation record : 147 pays représentés, dont une quarantaine issus du continent, près de 2.000 exposants et plus de 35.000 visiteurs professionnels sont attendus. Pour la première fois, une place de choix sera accordée à l'innovation et aux Start-ups. «L'Algérie, de par ses avancées dans l'économie du savoir, mérite cette reconnaissance», a-t-il ajouté, saluant le rôle moteur joué par les autorités algériennes, à leur tête le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, dans la préparation logistique et politique de l'événement. Des accords concrets attendus Plus qu'un simple salon, l'IATF constitue une plate-forme transactionnelle majeure. M. Zanamwe souligne que cette édition vise à «briser la barrière du déficit d'information économique entre les pays africains», un facteur qui limite encore les échanges intra-africains à seulement 15 %. Il insiste sur la vocation de la Foire à favoriser des accords commerciaux et d'investissement concrets entre vendeurs et acheteurs. Les perspectives sont ambitieuses : plus de 44 milliards de dollars de contrats sont attendus à l'issue de l'événement. L'expérience des précédentes éditions (Le Caire 2018, Durban 2021, Le Caire 2023) a déjà montré l'impact direct de la Foire sur le développement des échanges interafricains. Pour l'édition algérienne, les organisateurs souhaitent dépasser les précédents résultats en misant sur la diversité des participants et la qualité des rencontres d'affaires. Un espace dédié sera réservé aux jeunes entrepreneurs, chercheurs et innovateurs pour leur permettre de présenter leurs projets et d'accéder aux financements disponibles. Un écosystème d'intégration économique en construction L'IATF s'inscrit pleinement dans les initiatives d'Afreximbank, qui œuvre depuis 1993 à créer un environnement propice à l'intégration continentale. L'une des réalisations phares de la Banque est le Système panafricain de paiement et de règlement, qui permet aux pays membres de commercer entre eux en utilisant leurs monnaies locales. À ce jour, ce système inclut 16 banques centrales et 160 banques commerciales. Autre innovation en cours : le Système de garantie de transit africain commun, en phase-pilote dans la région Comesa. Ce dispositif vise à faciliter le transport des marchandises entre pays africains via un document douanier unique, réduisant ainsi les coûts et les délais logistiques. Basée au Caire, Afreximbank reste résolument engagée à mettre en œuvre la ZLECAf, tout en renforçant l'intégration économique du continent. L'Algérie, qui figure parmi les principaux actionnaires de la Banque, a récemment augmenté sa participation au capital de l'institution, témoignant de sa volonté de soutenir activement le commerce intra-africain et les ambitions du continent en matière de développement intégré. Un tournant stratégique pour l'Afrique En accueillant l'IATF 2025, l'Algérie envoie un signal fort : celui d'un Etat qui mise sur l'Afrique, sur la coopération Sud-Sud et sur l'économie de l'avenir. Au-delà des chiffres et des déclarations, cet événement constitue un test grandeur nature pour mesurer la capacité de l'Afrique à bâtir un marché commun, fondé sur l'échange, la connaissance et l'innovation. Pour M. Zanamwe, c'est «une opportunité historique de transformer les ambitions panafricaines en résultats concrets», avec l'Algérie comme pilier d'un nouveau chapitre du commerce continental.