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Les yeux des mots
Publié dans El Watan le 08 - 01 - 2009

Se glisser dans la vie des mots, en connaître l'intimité, n'est-ce pas là une belle et téméraire entreprise ? Eh bien, deux linguistes d'exception, par delà les siècles et les civilisations, ont eu le courage de le faire : Ibn Manzour (1232-1311) et Emile Littré (1801-1881).
Le premier, est l'auteur du fameux Lissan Al-arab qui comportait pas moins de vingt volumes. On l'avait surnommé l'Africain sans pouvoir pour autant trancher sur son lieu exact de sa naissance. D'aucuns disent qu'il était né au Caire, alors que d'autres prétendent qu'il serait né à Tripoli ou encore à Tunis. Appartenance pour le moins confuse qui rappelle celle d'Homère dont toutes les villes de la Grèce antique se disputaient la paternité. De toutes les manières, l'envergure des grands hommes rend dérisoire leur localisation. Le deuxième Emile Littré (1801-1881) est bien connu par le dictionnaire qui porte son nom et, surtout, par cette photographie légendaire qui donne à voir une espèce de peau rouge fraîchement séduit par les bienfaits de la civilisation américaine. Un regard d'acier cachant mal des yeux sur le point de faire leur adieu à la lumière.
La littérature arabe avait déjà mille ans d'existence lorsqu'Ibn Manzour s'était employé à en expliciter les contours grâce aux riches exemples qui illustrent les innombrables entrées de son dictionnaire. Tout comme Littré, environ six siècles après lui, il s'est intéressé, au premier abord, à la manière « de connaître comment les emplois se succèdent les uns aux autres et s'enchaînent. » Il dut donc établir l'état des lieux d'une langue arabe, si riche et si variée, s'arrêtant sur le détail de tel vocable ou de tel tour de phrase, prenant appui sur certains exemples stylistiques consacrés par l'usage qu'en ont fait les grands poètes et les prosateurs durant dix siècles. Le travail quasi-astronomique d'Ibn Manzour portait avant tout le souci de faire bon usage d'une langue arabe à même de véhiculer les grands concepts de son temps.
Emile Littré, qui avait étudié les langues classiques ainsi que la langue arabe, observait, à quelques différences près, la même méthode que celle de son illustre prédécesseur. En effet, ce qui importait à ses yeux résidait bien dans « l'usage contemporain qui constitue le premier et principal objet d'un dictionnaire. C'est en effet pour apprendre comment aujourd'hui l'on parle et l'on écrit, qu'un dictionnaire est consulté par chacun ». Mais, d'où vient cet intérêt si pointu pour la langue sinon de l'amour de tout ce qui fait la vie ? Car, apparemment, il n'y a pas que le côté exact qui prime dans toute cette entreprise scientifique, entendez la phonétique, l'étymologie, le côté grammatical et littéraire, l'aspect diachronique et synchronique, l'usage stylistique à travers les siècles. Il y a aussi, et c'est là l'important, le désir de savoir ce qui se cache derrière les mots, c'est-à-dire l'être humain, ses origines et son devenir.
Certes, il s'agit d'une entreprise linguistique fascinante et nous en avons la preuve, non pas dans Lissan Al-Arab ou le Littré, mais plutôt dans le sacrifice physique consenti par ces deux géants de la langue. Pour avoir tous deux mené leurs recherches frénétiques jusqu'au bout, ils ont fini par perdre la vue à la fin de leurs vies.


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