– Le préscolaire : L'égalité des chances est bafouée L'une des aberrations, pointée également comme une injustice par de nombreux parents, est la non-généralisation du préscolaire dont bénéficient certains enfants à l'âge de 5ans, tandis que d'autres découvrent les bancs de l'école à l'âge de 6 ans. «Le préscolaire n'est pas généralisé. On forme des classes de 25 élèves. Les autres sont renvoyés jusqu'à l'âge de 6ans, en raison du manque de classes et d'encadrement», relève Hand Ouali, chargé de la pédagogie au Satef. De l'avis de ce pédagogue, ce problème se pose partout dans les établissements, et en première année, les élèves ayant fait le préscolaire se retrouvent dans la même classe que ceux qui ne l'ont pas fait. Si pour ces derniers l'apprentissage de leurs premières lettres, la tenue du stylo et la découverte des outils pédagogiques commence en première année, certains de leurs camarades arrivent avec des acquis, tels que la maîtrise de l'écriture, de la lecture et de certaines notions de base leur permettant une assimilation facile du contenu des programmes. Ainsi, l'égalité des chances est bafouée à la base ! – Cycle primaire : L'admission d'office en deuxième année Depuis des années, tous les élèves de première année sont admis d'office en deuxième année, et ce, quels que soient leurs résultats. Ainsi, certains élèves accèdent en deuxième année avec des lacunes très contraignantes pour le reste de leur cursus. Ce mode de fonctionnement est en vigueur depuis l'application de la réforme éducative. Les adeptes de cette démarche estiment que faire redoubler un enfant de première année est une sanction qui peut affecter sa scolarité. Alors que «ce passage d'office peut bien le freiner en deuxième année», rappelle M. Hand Ouali. Le recrutement massif, autre lacune au primaire ! Le professeur d'arabe est chargé d'enseigner toutes les matières, excepté la langue française. Avec le nouveau recrutement d'universitaires, certains enseignants trouvent des difficultés à enseigner les matières scientifiques, et d'autres, scientifiques de formation, éprouvent également beaucoup de difficultés à enseigner les lettres et la grammaire arabes. Les erreurs qu'engendre cette situation sont nombreuses. La dernière en date consiste à transformer la superficie en longueur ! C'est une œuvre d'une enseignante nouvellement recrutée dans une wilaya du Centre. «Transformer en mètres la surface de 8 ares». Telle est la question de l'enseignante laissant tous les élèves dans l'ambiguïté. Même lorsque l'un des meilleurs élèves lui a fait comprendre que c'est impossible, l'enseignante n'a pas pu saisir l'erreur. Au contraire elle s'est mise à crier, accusant l'élève de manque de respect. Devant cette situation qui remet en cause carrément le statut de l'enseignant, le Satef appelle à la «semi-spécialisation», ainsi qu'à la formation des animateurs pour l'activité ludique dont les enfants du primaire ont besoin. Hand Ouali propose également le retour à l'ancien système et à l'enseignement du programme de 5 ans en 6 ans, dans la mesure où l'élève est trop jeune pour arriver au CEM pour remplir de nouvelles exigences. – Enseignement moyen : La répartition des matières pose problème La première caractéristique de la première année du cycle moyen est le taux d'échec qui demeure trop élevé. Vu les lacunes dénombrées, le taux d'élèves qui refont la première année moyenne reste très élevé. Autre lacune, la répartition des matières, qui pose problème. A titre d'exemple, le volume horaire accordé aux sciences naturelles est de 2 heures par semaine, alors que cette matière devient une filière au lycée. Ainsi, Hand Ouali estime que le volume horaire de 2 heures accordé à une matière qui devient par la suite une spécialité est insuffisant. «Il faut donner de l'importance aux sciences», suggère-t-il. L'orientation des élèves qui échouent au BEM pose également un grand problème. Ces derniers ont, soit la chance de refaire l'année, soit ils sont orientés vers la vie active. Le Satef demande l'application de tous les fondements de la nouvelle réforme éducative en optant pour la création de lycées professionnels, comme cela est le cas dans les pays où cette réforme est appliquée. Au bout de trois ans, cet élève qui éprouve des difficultés à suivre l'enseignement général, aura la chance de passer le bac professionnel. – Enseignement secondaire : Problème d'orientation et de coefficients L'orientation des élèves ayant obtenu leur BEM se fait selon deux filières au lycée: tronc commun sciences et tronc commun lettres. Cela se fait dès la première année. «En deuxième année secondaire, l'orientation des élèves se fait selon des quotas, au lieu de prendre en considération leurs notes et leur motivation. Les élèves sont orientés d'office pour remplir les classes», dénonce le syndicaliste du Satef. A cela s'ajoute le problème des coefficients. A titre d'exemple, «la somme des coefficients des matières essentielles en sciences expérimentales est inférieure à la somme des coefficients en matières secondaires», fait remarquer notre interlocuteur. Conséquence, «Il y a des élèves qui obtiennent leur bac sciences grâce aux matières littéraires. Ces derniers sont orientés à l'université vers des filières scientifiques», assure Hand Ouali. Ce qui explique en partie la diminution de la valeur des diplômes universitaires. Par ailleurs, notre interlocuteur trouve que «le bac de 5 jours est une torture pour les élèves». A cet effet, le Satef propose l'organisation de cet examen en deux parties : l'examen des matières secondaires en 2e année secondaire, et celui des matières essentielles en terminale. Mais "il y a des matières qui doivent disparaître dans certaines filières" , estime ce pédagogue. D. R.