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Amandes Les raisons d'une flambée
Publié dans El Watan le 29 - 06 - 2018

Vous l'avez remarqué, le prix des amandes n'a jamais baissé. La courbe grimpe. Les amandes ne sont pas cédées à moins de 2200 DA le kilo. El Watan Week-end explique les raisons d'une flambée jusque-là jamais justifiée.
«2200 DA. C'est ce que m'a coûté le kilo d'amandes. C'est très cher mais je n'ai pas le choix. J'en ai besoin pour préparer mes gâteaux de l'Aïd. Heureusement, mes enfants ne sont pas en classe d'examen. Cela veut dire que je n'ai rien à fêter. Pas de réception non plus, ni de mariage. Je n'aurai donc pas besoin d'amande pour les gâteaux sauf pour ceux de l'Aïd. Mes pensées vont vers les familles qui ont justement quelque chose à fêter. La facture sera salée», affirme Linda, une mère de famille de 53 ans. En plein saison estivale, période durant laquelle sont annoncés les résultats des examens, et où les fêtes de mariage se multiplient, les amandes connaissent une forte demande. La production nationale étant quasi-inexistante, les prix atteignent des sommets. «Mon fils passe son baccalauréat. Il ne l'a pas eu l'année dernière. Il le passe donc pour la seconde fois. Cette année, je suis optimiste. Je sens qu'il va l'avoir. J'ai prévu une grande cérémonie pour fêter ça en grande pompe. D'ailleurs, je m'y suis prise à l'avance en ce qui concerne les amandes, les pistaches et les noix de cajou. J'en ai achetées bien avant le Ramadhan», confie Yasmina, une maman de 47 ans. En effet, si certains s'y sont pris à l'avance, d'autres n'ont pas eu ce réflexe et se retrouvent à payer le prix fort. D'ailleurs, selon Hadj Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et des artisans (Anca), le prix des amandes a augmenté d'un tiers comparé à l'année passée. «Pour ce qui est de la moyenne des prix, elle varie entre 2100 DA pour le marché de gros et 2200 DA pour le détail», avance-t-il.
Monopole
Toujours selon le spécialiste, le prix a augmenté de 100 DA lors de cette dernière semaine en raison de l'arrivée de l'Aïd. N'empêche, le prix des amandes, même en dehors des occasions comme l'Aid, reste excessif. La raison ? Pour Souhil Meddah, expert financier, cela est dû au fait que l'amandier est une culture rustique, mais dont le niveau de production est intimement lié à la manière dont est conduite cette culture. «les amandes sont originaire d'Asie centrale et du Proche-Orient, mais les Etats-Unis, pour pourvoir s'accaparer le monopole de la production mondiale (80%), ont érigé cette culture en industrie après l'avoir génétiquement améliorée pour une meilleure fructification et en faisant passer sa longévité de 20 ans à plus de 60 ans. En étant «la reine» incontestée de la confiserie mondiale, dont la production se limite à 1,7 millions de tonnes par rapport à une adaptation géographique réduite, la demande est largement supérieure à l'offre mondiale, le prix de ce fruit est devenu exorbitant. De son côté, l'expert agronome Akli Moussouni explique que même si, de manière générale, la hausse des prix d'un produit est directement liée à la loi de l'offre et la demande, «du point de vue de l'analyse du marché, face à une quantité demandée, les offres permettent de réguler les tendances en fonction de périodes bien précises ou encore durant toute l'année et en tenant compte des facteurs quantitatifs divers». N'empêche, selon le spécialiste, cette loi ne s'applique pas forcément aux amandes, car la demande est en même temps dopée par d'autres facteurs de préférence vis-à-vis d'une qualité donnée, exigée par rapport à une offre variable non contrôlée sur ce plan.
Importation
Ainsi donc, selon Akli Moussouni, le niveau des prix sur le marché de détail évolue par voie d'endossement entre le prix du marché pour une qualité inférieure du même produit mais de meilleure qualité. «Ce rapport, qui reste proportionnellement élevé entre les deux familles de produit, permet de maintenir des prix de vente relativement élevés durant l'année, notamment les périodes de forte consommation, à l'approche de l'Aïd, des saisons estivales, des fêtes et de mariage...», assure-t-il. De son côté, Hadj Tahar Boulenouar lie la hausse des prix des amandes à trois raisons distinctes, en dehors de la loi de l'offre et la demande qui joue un rôle primordial dans cette hausse. La première : l'absence de production nationale. «Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas de potentiel, mais force est de constater que nous n'avons pas encouragé la production nationale. Pourtant, nous avons les terres nécessaires pour développer l'activité», affirme-t-il. La seconde : l'interdiction de l'importation. «Suite à la publication, le 1er janvier, de la liste des 800 produits interdits à l'importation où figuraient les amandes, les prix ont flambé car le marché des amandes est basé sur l'importation», confie-t-il. Et enfin, l'absence d'une politique d'encouragement de l'investissement agricole.
Production nationale
«Il y a des années, nous produisions des amandes. Comment se fait-il qu'on en produit plus aujourd'hui ? Où sont les organisations patronales ? Finalement, une fois les produits alimentaires interdits d'importation, les prix augmentent. Or, si nous avions une production nationale, les prix resteraient stationnaires», précise Hadj Tahar Boulenouar. Mais, pourquoi la production nationale peine-t-elle à décoller ? Selon les données du ministère de l'Agriculture, l'Algérie comptait une production d'environ 57 000 tonnes en 2010 pour un rendement de 14 qx/ha. Pour Akli Moussouni, «cela paraît peu probable, connaissant le manque de fiabilité de nos statistiques, sachant que les seules plantations datent de la période coloniale, abandonnées pour la plupart, par rapport à la déconfiture qu'a subie le secteur agricole à travers une succession de réformes contre-productives». Selon lui, il y a eu des tentatives de reprise de cette culture, notamment à l'ouest du pays, qui montraient de très bons résultats, mais qui sont demeurées marginales par rapport à la demande du marché national de plus en plus importante. De son côté, Souhil Meddah confie que pour qu'un produit de ce type émerge dans le temps, il faut d'abord qu'il soit soutenu par une demande spéciale au sein du marché de consommation qui lui permette de se positionner selon trois conditions. La première concerne la conciliation entre besoin et demande globale. La deuxième est relative à la nature du besoin, qu'il soit uniquement quantitatif ou quantitatif et qualitatif en même temps. La troisième concerne le rapport coût, prix et pouvoir d'achat.
Climat
«Or, dans le cas présent, on observe que le facteur qualitatif n'est pas équilibré et ne permet pas de constituer un choix unanime envers un produit local moins entretenu sur le plan de sa qualité par rapport aux quantités importées. Donc la question ne réside pas dans la demande, mais dans le produit local lui-même qui manque de qualité», soutient-il. En effet, en termes de qualité, les fruits secs, dont les amandes, consommés en Algérie, essentiellement importés d'Iran, de Turquie, des Etats-Unis, ont la réputation d'avoir une qualité supérieure. Ces pays ont-ils un climat plus favorable que le nôtre ? Pour Akli Moussouni, notre climat n'a rien à envier à ceux des pays producteurs d'amandes. «Plus encore, il est possible de produire chez nous une des meilleures qualités au monde dès lors que le caractère semi-aride du climat n'entrave en aucun cas cette culture dont la rusticité est parfaitement adaptée à nos montagnes et piémonts», confie-t-il. Selon lui, il suffit d'un apport complémentaire en eau pour doper un niveau de croissance supérieur à celui de l'Europe (pourtant gros producteur) grâce au couple lumière intense et chaleur modérée de l'Afrique du Nord. Il n'y a même pas de risque de pics de froid hivernal qui puisse altérer cette culture. Finalement, beaucoup assurent que pour remédier à la «crise des amandes», il faut que la culture de l'amandier puisse connaître une extension des surfaces cultivées et la création en nombre suffisant d'entreprises de transformation pour absorber toute la production. Est-ce réellement la solution ? Akli Moussouni estime qu'on parle trop de l'extension des surfaces cultivées.
Démagogie
Selon lui, le «manque» d'espace est souvent désigné comme bouc émissaire pour justifier la problématique de l'agriculture algérienne. «Par ailleurs, on ne peut acquérir des unités de transformation pour une culture qu'on ne peut rentablement faire fructifier rapidement», assure-t-il. Pour lui, la problématique des importations doit servir d'axe de réflexion pour reconfigurer la réorganisation totale du secteur agricole. L'expert pointe du doigt un paradoxe : «Curieusement, dans le passé, la libéralisation de l'économie dite ‘'socialiste'' a été engagée à travers l'importation à outrance pour ‘'mettre en concurrence le producteur national avec l'étranger''. A présent on ‘'réduit les importations pour encourager le produit national''. Tantôt on veut ‘'exporter à tout prix'' et tantôt ‘'on doit produire ce qu'on importe'' ! Comme toujours, on entretien la démagogie à travers la chose et son contraire. Toute relance d'une activité agricole doit s'inscrire dans la diversification de l'économie hors hydrocarbures et la sécurité alimentaire. Ce qui implique des calculs d'ordre stratégique par rapport à notre contexte géographique.» De son avis, le développement de la culture de l'amandier ne peut donc être envisagée qu'à travers la réhabilitation des autres cultures industrielles, à savoir, l'arachide pour l'huile, le coton, la betterave sucrière...
Transactions
En développant sa production d'amandes, l'Algérie sera gagnante sur deux plans, de l'avis de Souhil Meddah. Le premier étant sur les ressources extérieures et comme tout autre produit, le renforcement d'une production nationale, mais à une qualité contrôlée dans sa composante, permettra d'économiser sur les transactions des dépenses en devises à l'extérieur. Le deuxième concerne le marché de distribution local qui verra un meilleur équilibre en termes de prix de vente en gros et en détail, ce qui permettra de conserver une meilleure maîtrise sur le pouvoir d'achat direct et d'une façon indirecte de bien maîtriser le cadrage des masses inflationnistes, surtout durant les périodes qui enregistrent des demandes importantes. «Et enfin d'un point de vue macro-économique, une production nationale renforcée peut aussi se coupler à une demande nationale en progression, ce qui va influer sur les équilibres des transactions de masse en dinars tout en comptant sur des intrants locaux et aussi d'améliorer la structure fiscale dans sa configuration de niches alimentées par des labels de producteurs et de contribuables locaux sérieux», conclut Souhil Meddah.


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