Quand on évoque la transition énergétique, on a tendance à ne parler que de quelques ressources dont le fossile, le schiste et les énergies renouvelables comme le solaire et l'éolien. Le sous-sol regorge de richesses dont les noms échappent au commun des mortels et l'Algérie compte des gisements à faire pâlir de jalousie les plus riches. Nacereddine Kazitani, géologue et spécialiste du secteur, a énuméré hier toutes les ressources minières dont dispose l'Algérie et dont le schiste n'est en fait qu'une infime partie et qui peut être facilement abandonné pour développer d'autres possibilités d'enrichissement et de développement de l'économie nationale. «Les matériaux ou métaux de la transition énergétique sont nombreux et il faut savoir les exploiter», affirme l'invité de l'Observatoire citoyen algérien. Il cite bien entendu l'énergie solaire qui est connue de tous et estime que l'Algérie peut exploiter ce capital dans chaque coin du pays, même si le point le plus irradié du territoire est Djanet. Quant à l'énergie éolienne, elle est de moindre intensité, mais il existe des zones plus venteuses que d'autres, notamment au sud-ouest du pays, une partie du M'zab et un endroit dans le plateau ouest. Nous disposons aussi de gisements importants de titane et d'OTEC et aussi de dihydrogène. Hamam Maskhoutine est la zone la plus chaude de la planète après les geysers islandais. Il existe aussi du thorium, dont 10 kg représentent 12 500 000 litres de pétrole. La tendance mondiale se dirige vers le développement de la fusion thermonucléaire qui est l'énergie la plus propre, dira M. Kazitani. De même pour les terres rares dont nous avons un important gisement dans la région proche de l'Aïr, soit près de 60%. L'Algérie compte aussi de grands gisements de cuivre, un matériau très utilisé dans les véhicules électriques. Le manganèse et l'arsenic sont des dotations naturelles qu'on retrouve dans la région de Djebel Guettara. Le manganèse étant un matériau utilisé dans l'industrie de l'acier. Le potentiel des roches mères situées dans le Sahara algérien n'est pas fait que de schiste. Ce dernier ne représente que 0,4% du mix total du contenu de ces roches. Ces dernières renferment outre le soufre et le fer, du nickel, de l'uranium, de l'anadium et du zinc. L'uranium à lui tout seul est de l'ordre de 16 500 tonnes. Le lithium et le vanadium existent aussi. Il existe aussi des quantités faramineuses d'or dont on n'exploite que 10 PPM alors que les gisements recèlent 500 PPM, notamment au Hoggar central. L'Algérie est troisième au monde en termes de gisements d'étain et de tungstène et aucun de ces gisements n'est exploité. Nous importons du baryte pour le forage alors que nous disposons de gisements «incommensurables» de baryum et de strontium non exploités, en allant de Sidi Bel Abbès jusqu'à Guelma. C'est là une liste non exhaustive des ressources minières dont nous disposons et qui méritent d'être bien exploités. «La loi minière de 2014 est inapplicable car le décret d'application n'est pas encore sorti et on se demande pourquoi. Il existe une aberration dans la loi qui interdit à tout Algérien ou toute start-up algérienne d'accéder au domaine minier, ce qui est aberrant» indique M. Kazitani. «Le schiste est la solution de facilité qu'on nous propose, il existe des alternatives contrairement à ce qu'on nous dit», estime M. Ghries, ancien de Sonatrach et membre de l'OCA. Pour Ali Bennouari, «l'approche pétrolière de développement du pays a fait beaucoup de mal, le problème a été dans l'appropriation de la rente par un régime prédateur. Nous craignons aussi que les richesses du renouvelables soient exploitées par ces mêmes prédateurs et les multinationales».