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Plaidoyer pour sauver un métier en déclin
Fête du bijou d'Ath Yenni
Publié dans El Watan le 28 - 07 - 2018

En 1982, la commune d'Ath Yenni comptait 350 bijoutiers qui travaillaient régulièrement dans la légalité, contre une trentaine de fabricants en 2018.
Le coup d'envoi de la 15e édition de la Fête du bijou (Tameghra n-l'fetta) d'Ath Yenni, à 35 km au sud-est de Tizi Ouzou, a été donné jeudi, en présence du wali, du président de l'APW et des autorités locales. Intitulée «Le bijou d'Ath Yenni, patrimoine national à travers les âges», cette manifestation culturelle organisée par le comité local des fêtes a regroupé 80 exposants venus de six wilayas, Boumerdès, Oran, Tébessa, Tiaret, Sidi Bel Abbès et Tizi Ouzou.
Devenue une tradition pour les habitants de cette région, dont la réputation pour sa production en joaillerie traditionnelle dépasse les frontières nationales, la fête se poursuivra jusqu'au 3 août prochain. «Cette fête constitue un événement artistique et culturel qui permet à des milliers de visiteurs de découvrir l'une des merveilles de l'artisanat de Kabylie, à savoir le bijou. La bijouterie revêt certes un aspect culturel, mais elle doit pouvoir assurer un rôle économique dans la région.
Produits très recherchés, les bijoux d'Ath Yenni peuvent prétendre à être placés au plan international, comme de nombreux produits de l'artisanat qui ont déjà acquis une renommée lors d'expositions de haut niveau, organisées dans de nombreux pays, tels que la France, l'Allemagne, le Portugal… Ces produits ont été ont exposés à la Foire de Dubaï, qui s'est tenue il y a quelques mois. Nos produits artisanaux ont connu à cette occasion un réel succès», a souligné le wali de Tizi Ouzou, Mohamed Bouderbali, dans son allocution d'ouverture.
Le président de l'APW, Youcef Aouchiche, dira que malgré les contraintes rencontrées, les artisans bijoutiers d'Ath Yenni perpétuent un art qui constitue l'identité et le symbole de la Kabylie et de toute l'Algérie. De son côté, le jeune maire d'Ath Yenni, Deghoul Smaïl, a annoncé que les travaux d'aménagement du Musée du bijou et la Maison de l'artisanat de la commune, pour lesquels une enveloppe a été dégagée par le ministère du Tourisme, sont en cours. «Les problèmes posés par les bijoutiers lors des éditions précédentes sont toujours à l'ordre du jour.
La matière première est chère et introuvable sur le marché officiel. Cela se répercute sur le prix de vente des produits. L'autre problème réitéré aujourd'hui aux responsables a trait à l'écoulement de leur produit fini. Cette fête a été créée en 1995 dans des conditions difficiles pour aider cette catégorie d'artisans et défendre le label d'Ath Yenni.»
Le programme élaboré par les organisateurs prévoit notamment des expositions au CEM Larbi Mezani et à la maison de jeunes Keddache Ali, ainsi que des conférences et des démonstrations dans des ateliers de fabrication de l'orfèvrerie locale. Selon Deghoul Smaïl, tous les moyens humains et matériels ont été mobilisés pour la réussite de cette rencontre visant à honorer et promouvoir le patrimoine artisanal de la région. Les organisateurs comptent mettre à profit cette édition pour réitérer leur demande consistant en la sauvegarde de ce patrimoine séculaire. Il s'agit, en effet, de pérenniser un legs qui risque tout simplement de disparaître.
Les artisans qui prennent part à cette fête, dans l'espoir d'écouler des articles de leur production, se plaignent du manque de la matière première, l'argent et le corail, d'où sa cherté. Cette contrainte, la principale, freine sérieusement l'activité et fait flamber les coûts du produit fini proposé aux clients. «Que des promesses ! Les pouvoirs publics ne font rien pour nous aider. Nous achetons la matière première sur le marché parallèle», se désole une ancienne artisane. La matière première n'est disponible que sur le marché informel, d'où une flambée constante des prix.
La complainte revient telle une litanie. Pour l'argumentaire, des bijoutiers avancent que le prix de l'argent frôle les 130 000 DA/kg, alors que cette quantité est cédée par l'Agence nationale pour la transformation et la distribution de l'or (Agenor) à 100 000 DA, soit une différence de 30%, laquelle se répercute négativement sur le prix du bijou en détail. Ces prix varient entre 2400 et 3500 DA le gramme, tandis que le corail est vendu à 400 000 DA/kg.
L'argent et le corail ne parviennent pas aux artisans
L'écoulement de la marchandise sur le marché national constitue aussi un sujet de préoccupation pour les bijoutiers. «Nos ventes ne dépassent pas les wilayas de Kabylie. Il n'y a pas de circuit de vente pour commercialiser ailleurs», dit un jeune artisan d'Ath Yenni. L'Agenor est pointée du doigt pour «non-assistance» à un métier en danger de disparition. Selon des membres de l'association des artisans bijoutiers, les difficultés rencontrées dans ce domaine ont contraint nombre d'entre eux à fermer boutique et à changer de métier.
En 1982, la commune d'Ath Yenni comptait 350 bijoutiers qui travaillaient régulièrement dans la légalité. En 2010, il ne reste qu'une trentaine de fabricants dans la localité, précise- t-on. L'APC a interpellé à maintes reprises les pouvoirs publics à l'effet de ré-immatriculer les bijoutiers, régulariser d'autres et alléger certaines contraintes. «Les autorités en charge du secteur doivent aussi penser à prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme aux produits contrefaits qui menacent la pérennité de notre artisanat.
Des bijoux kabyles comme Tabzimt (fibule ronde) et autres parures sont fabriqués en Chine, sans compter les bijoux de fantaisie qui inondent le marché algérien», déplore un artisan. L'ancien président de l'association des bijoutiers d'Ath Yenni, Kaci Chaouchi, a déclaré que «l'informel est le problème n°1 des artisans bijoutiers». «Officiellement, les importations sont suspendues, mais les produits contrefaits continuent à inonder le marché. Des gens profitent de cette situation pour vendre du n'importe quoi.
Il faut la traçabilité des produits, même durant cette fête. Nous exigeons la présence de la garantie. Dans beaucoup de cas, la situation profite aux revendeurs, et non pas aux fabricants.» Par ailleurs, il ajoute que l'offre dépasse la demande et que le seul circuit de vente pour les artisans bijoutiers est leurs vitrines. Un état des lieux peu reluisant d'un métier en déclin confirmé par Ali B., parti exercer à Bouira : «Nous achetons le corail au marché parallèle avec tous les risques d'être arrêtés. Beaucoup de bijoutiers ont cessé à cause de la pénurie des matières premières, dont le corail et l'argent.
Les ventes ont diminué considérablement. Il n'y a plus de touristes comme avant. Même la main-d'œuvre se fait rare. J'ai ouvert un atelier de fabrication à Bouira, mais j'ai dû fermer mon local faute d'ouvriers spécialisés. Nous avons exercé de père en fils, si on tient encore, c'est par amour du métier.» Un constat d'échec d'une profession aux abois qui vient contredire les assurances des responsables en charge du secteur quant à la prise en charge des doléances des bijoutiers.
Des aides insuffisantes
A l'ouverture de cette 15e édition, le wali de Tizi Ouzou, qui a rappelé le rôle de l'artisanat dans la création de l'emploi, a souligné que les pouvoirs publics accompagnent le développement de la bijouterie et autres produits artisanaux. «Le développement de la bijouterie, comme d'autres produits artisanaux, bénéficie d'un intérêt particulier de la part des pouvoirs publics qui n'ont pas lésiné sur les moyens à engager pour assurer sa promotion.
A titre illustratif, nous indiquons que 92 artisans ont bénéficié d'une enveloppe financière qui avoisine 34 000 000 DA, prélevée sur le Fonds national de promotion de l'artisanat et des activités traditionnelles (FNPAAT). S'ajoute à cette aide appréciable l'attribution de nombreux locaux à usage professionnel. Bien plus, pour la seule région de Beni Yenni, 152 bijoutiers ont été inscrits au registre des arts et métiers (RAM). En complément aux aides financières accordées, une formation est dispensée aux artisans par le biais de la Chambre de l'artisanat et des métiers.
Cette formation est destinée à initier les concernés aux méthodes de gestion.» Et d'ajouter : «Avec le souci d'appuyer et d'encourager le bijoutier, comme les autres artisans, il a été créé un Fonds de garantie au développement de l'artisanat. Multipliant les formes d'aides, les pouvoirs publics ont mis en place différents dispositifs (Ansej, Cnac et Angem), en vue de promouvoir la création de petites entreprises artisanales qui permettent aux jeunes talents d'émerger et de se prendre en charge.
Il y a lieu de faire observer que la création d'entreprises bénéficie d'avantages fiscaux appréciables, tels que la dispense du paiement de la TVA et de l'IBS sur une période de 10 années.» Selon le wali, les autorités locales se préoccupent également de l'aide à apporter aux artisans qui bénéficient de subventions supportées sur le budget de la wilaya à l'occasion des fêtes locales et festivals, tels que celui de la poterie et de la robe kabyle. Selon M. Bouderbali, ces manifestations à caractère culturel et économique offrent de réelles opportunités aux exposants pour faire connaître leurs produits et faciliter leur écoulement.
«Le développement de l'artisanat, dont la bijouterie est l'un des principaux éléments, passe nécessairement par l'organisation des artisans qui doivent mutualiser leurs efforts de manière à pouvoir faire face à certaines difficultés, comme celle liée à l'approvisionnement et à la commercialisation», plaide le wali. L'une des formules pouvant être appliquée, a-t-il dit, serait la mise sur pied de coopératives ou d'associations, de manière à rationaliser et maîtriser la production dans toutes ses étapes. «L'organisation en métiers doit être complétée par un dispositif approprié à même d'aider à l'exportation des produits, dont la qualité devra atteindre un niveau tel, que leur placement ne pose pas de difficultés.
A ce propos, il est nécessaire de penser à créer des labels qui seront décernés par des commissions techniques composées de maîtres artisans chevronnés. Ces labels permettront de soutenir la concurrence sur les marchés extérieurs, où le paramètre qualité/prix est recherché.» En février dernier, le ministère du Tourisme et de l'Artisanat était prédisposé à ouvrir le dossier de la labellisation du bijou d'Ath Yenni et de la protection professionnelle des artisans, pour que le bijou puisse se placer sur le marché international.
Lors d'une journée d'étude sur le bijou d'Ath Yenni, tenue en février dernier à Tizi Ouzou, le directeur en charge de la qualité au niveau du ministère avait déclaré que «la tutelle reste à l'écoute des 750 bijoutiers exerçant dans la wilaya pour résoudre les problèmes soulevés». Leur accompagnement pour l'écoulement de leur produit et la promotion de ce métier d'art était parmi les engagements de son département.
Une centaine de kilos d'argent a été importée en 2018 par Agenor pour profiter aux 750 artisans bijoutiers que compte la wilaya de Tizi Ouzou, a annoncé un responsable de l'agence lors de la même rencontre. Le problème d'approvisionnement en métaux précieux, en l'occurrence l'argent, est dû à la non-délivrance par les pouvoirs publics, depuis 2016, d'agrément d'importation au profit d'Agenor.
C'est ce qui explique la réduction drastique du quota attribué ces dernières années aux artisans, a-t-on soutenu de même source. De son côté, le représentant d'Agenor dans la wilaya de Tizi Ouzou avait indiqué que 800 kg d'argent ont été distribués en 2014, 150 kg en 2015, 234 en 2016 et 100 kg en 2017. Des bijoutiers interrogés jeudi à Ath Yenni sont catégoriques : «Nous achetons nos matières premières au marché parallèle à des prix exorbitants.»


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