En l'absence d'une prise en charge de ce problème, les habitants de la cité se sentent délaissés. A la Cité diplomatique, dans la localité de Dergana, à l'est de la capitale, des immeubles construits en préfabriqué au début des années 1980 contiennent de la fibre d'amiante à profusion. Construite par une entreprise canadienne, à l'instar de beaucoup d'autres cités à travers le territoire national, la Cité diplomatique de Dergana compte une vingtaine de bâtiments dont la durée de vie n'excède pas 25 ans. Ces appartements ont été altérés par une occupation qui a dépassé largement les prévisions initiales. Ils sont devenus au fil du temps une source d'inquiétude pour leurs occupants, qui craignent le pire pour leur santé et celle de leurs enfants. La fibre d'amiante, qui est une matière hautement cancérigène, a été utilisée pour l'aménagement de ces appartements, particulièrement au niveau des murs des façades. «Il y a des panneaux appelés ‘‘panneaux sandwichs'', plaqués au niveau des murs de la devanture. Ces panneaux sont faits en amiante. D'autres parties des appartements contiennent également de l'amiante à moindre volume, comme c'est le cas au niveau des toilettes et des salles de bain», confie un résident. D'après les habitants de la cité, cette situation préoccupante n'a pas suscité une quelconque inquiétude de la part des autorités compétentes. «L'OPGI, a qui incombe la gestion de notre cité, s'est complètement désengagé par rapport à ce problème. Nous avons tenté à maintes reprises d'obtenir une prise en charge, notamment auprès des services de l'OPGI, en vain, puisqu'aucune suite n'a été donnée à notre requête. Nous continuons donc à vivre sous la menace du cancer», déplore-t-il. Ces habitants, dont des médecins qui sont au fait de la question, affirment qu'en plus de la crainte d'être affectés par des tumeurs, il y a également l'apparition de certaines maladies respiratoires et allergiques chez les enfants. «Je reçois quotidiennement des enfants atteints de maladies respiratoires et d'allergie. Je peux affirmer sans équivoque que l'origine de ces maladies est le milieu fermé des appartements. Pour moi, c'est une certitude. S'agissant du cancer, il est évident que la fibre d'amiante provoque des tumeurs, d'où la nécessité de prendre en charge ce problème de manière sérieuse, car on ne peut pas laisser une population vivre sous la menace d'une maladie aussi grave que le cancer», affirme un médecin spécialisé en pédiatrie. Et à un habitant de lancer un appel aux autorités compétentes : «Nous demandons à ce que des travaux de désamiantage soient lancés, à l'instar de ce qui se fait dans d'autres pays qui connaissent le même problème.» Nous avons tenté d'avoir des explications sur cette question qui taraude les citoyens depuis des années, sans succès. Les responsables de la direction générale de l'OPGI et les multiples sous-directions qui se trouvent dans la capitale ne daignent pas répondre.