Il est certains gestes qui, le moins que l'on puisse dire, frisent l'horrible, tant l'acte de vandalisme perpétré colle à la peau. A l'approche des premiers balbutiements floraux et de la jubilation végétale, après une dormance biologique, certains se plaisent à porter préjudice au cadre bâti en abattant des colonnes de ficus. « Cela entre dans le cadre d'une opération qui revêt le caractère d'utilité publique », nous susurre-t-on, sauf que l'entreprise, à qui est confiée la charge de travaux sur une voirie, ne juge pas utile de reboiser les alentours. Elle passe comme un mastodonte, détruisant tout sur son passage. A l'image d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Cela à défaut d'évoquer un autre motif qui, parfois, ne tient pas la route pour abattre ce que la nature a mis des années pour nous servir gracieusement. Mais la main de l'homme se montre si ingrate, si égoïste et si perfide. Un proverbe grec plein de perspicacité m'interpelle, à juste titre : « Si on arrache une plante, on dérange une étoile. » Une sagesse qui nous édifie sur cette interaction des éléments de la nature que résume l'écosystème dont nous dépendons, nous le genre humain. A notre grand dam, nous venons d'apprendre un autre massacre à la tronçonneuse, il y a quelques jours, à ciel ouvert sur une espèce végétale qui, par endroits, fait partie de nos décors d'urbain et suburbain. Une dizaine d'eucalyptus, plus que cinquantenaires, embellissant la cité Egeco dans la commune de Bourouba, vient de faire l'objet d'une décapitation. Le hic est que le crime de lèse-dame nature est l'œuvre d'une entreprise qui, dans le cadre de l'Ansej, s'est permis de débarrasser le lieu de la myrtacée qui procurait ombrage et détente aux habitants de la cité. Pour ne pas susciter les soupçons, l'entreprise déprédatrice s'est employée, dans un premier temps, à procéder juste à un élagage avant de venir à la charge le jour suivant pour éliminer ce patrimoine végétal, poumon de la cité. Cet acte répréhensible n'a pas fait moins naître un ramdam entre les locataires indignés et l'opérateur vorace dont l'écogeste est loin d'être son fort. Tout cela, pour des châssis de bois de caisse. Tout cela aussi sous l'œil complice de certains responsables locaux qui n'arrivent pas à se déprendre de certaines habitudes. Dommage ! C'est bien dommage !