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Epitaphe de l'aqueduc de Aïn Zeboudja
Publié dans El Watan le 31 - 05 - 2005

Mourir seul au milieu de la foule urbaine. Votre ignorance m'a condamné à une mort certaine. Je résiste à forces inégales à vos attaques assassines et meurtrières. Vos actes de bâtir sont porteurs de destruction.
Je suis porteur de vie. L'eau que j'acheminais était génératrice de prospérité et de développement. J'ai déterminé l'organisation de l'espace urbain d'une des plus redoutables places fortes de la Méditerranée. J'atteste de l'heure de gloire et de richesse que connut la ville d'El Djezaïr Banu Mezghenna. Je symbolise une fierté populaire qui réclame justice et reconnaissance auprès des générations futures. Je meurs de votre cécité.
Qui suis-je ? M'avez-vous reconnu ? Je suis un pilier du patrimoine culturel et naturel du paysage algérois. Entre le XVIe et le XVIIe siècle, le peuple d'El Djezaïr Banu Mezghenna dota sa ville de quatre aqueducs importants pour répondre à ses besoins. La densification de la ville était due à la richesse obtenue de la rente de la course en Méditerranée et le retour massif des Andalous après la chute de Grenade, «la Reconquista de 1492».
Il y avait le grand aqueduc du Télemly, qui ramenait les eaux situées au sud de la ville jusqu'à Bab Djedid, construit sous Berlerbey Hassan Ibn Kheirredine en 1517. Sous Arab Ahmed en 1573, le second aqueduc ramenait les eaux des sources de Birtraria vers Bab El Oued. En 1610, l'architecte Moussa El Andaloussi réalisa l'aqueduc du Hamma, qui ramenait les eaux de ces sources vers Bab Azzoun.
Enfin le plus long, moi, l'aqueduc de Aïn Zeboudja, je cheminais en tunnel à ciel ouvert depuis les hauteurs d'Alger. Je captais les eaux des sources artificielles sur le plateau de Ben Aknoun à près de 10 kilomètres de La Casbah d'Alger. Pour augmenter mon débit, les maîtres artisans ont eu recours à des drainages superficiels et à des canalisations perpendiculaires aux courbes de niveaux qui collectent les eaux au moyen de galeries remplies de pierres sèches filtrant l'eau. J'alimentais les fontaines de La Casbah d'Alger ainsi que celles de la citadelle et du quartier des Tagarins. Ainsi, je suis en tant q'aqueduc de Aïn Zeboudja le seul vestige des quatre aqueducs de la ville d'El Djazaïr Banu Mezghenna. Je témoigne du génie, du savoir-faire des ingénieurs en hydraulique du XVIIe siècle. J'atteste d'une grande maîtrise du territoire de la ville et de l'optimisation de la gestion de ses ressources naturelles. Je suis une leçon d'architecture et d'urbanisme. Je suis un monument archéologique de valeur capitale.
Quel avenir m'est-IL réservé ?
L'Algérie possède-t-elle tant de monuments historiques au point d'avoir le luxe de détruire sciemment des édifices témoins de son histoire ?
Le cadre réglementaire n'est pas responsable de cette destruction. Les lois existent depuis l'indépendance. En effet, la loi 62-157 du 3 décembre 1962 a reconduit la législation française en matière de protection des sites et monuments historiques. De même que l'ordonnance 67-281 de 1967 était relative aux fouilles et à la protection des sites et monuments historiques et naturels. Plus tard, la loi 87-03 relative à l'aménagement du territoire stipule la protection et la restauration des sites historiques. En 1990, apparaît la charte internationale pour la gestion du patrimoine archéologique qui est défini en tant que richesse fragile non renouvelable.
L'existence de cet ensemble de lois, d'ordonnances et de chartes pour la défense et la valorisation du patrimoine culturel et naturel sur tout le territoire national doit être un rempart contre la disparition des joyaux de l'histoire algérienne. Aussi bien que la dernière loi 01-20 relative à l'aménagement du territoire et au développement durable à pour objectif la mise en valeur et l'utilisation rationnelle des ressources patrimoniales naturelles et culturelles.
Malheureusement, le pire ennemi de ce patrimoine archéologique et architectural reste l'homme. Non pas le simple citoyen, mais le professionnel, l'architecte et les promoteurs immobiliers avides de profits. L'homme qui est censé être détenteur du savoir-faire technique et artistique. Dans le val d'Hydra, un crime contre l'histoire collective est commis. C'est une éradication sournoise et lâche.
En effet, le val d'Hydra est le parcours des eaux de l'oued Kniss, qui se déversent dans la baie d'Alger au niveau d'Hussein Dey. Il est sur les hauteurs boisées d'Alger. C'est un quartier résidentiel où se multiplient les opérations de construction de grands équipements. C'est le lieu d'un grand remaniement urbain. De gros investissements financiers sont mis en place en ce lieu. Des projets de logements, de tours de bureaux et de grande piscine olympique sont en cours de réalisation. Ils répondent certainement à un grand besoin de la capitale. Mais ma présence en tant qu'aqueduc de Aïn Zeboudja et monument historique ne m'a conféré aucun respect. Pis, tous ces chantiers sensibilisent mon sol, la valse incessante des grues et bulldozers génère des vibrations qui fragilisent ma structure et m'assurent ma destruction.
Pourquoi ?
Cet état de fait est irréversible. Il est plus que tant de se remettre en question. Prenez vos responsabilités devant l'histoire. La question du patrimoine culturelle, la question de la valeur architecturale, le respect de l'histoire de la culture et la quête de l'identité sont au cœur du débat. Il s'agit de poser les fondements d'une nouvelle société. Quelle est la part de responsabilité de la population et des pouvoirs publics ? C'est un crime quotidien que subit notre patrimoine culturel et naturel.
Il ne s'agit pas seulement du dernier aqueduc d'Alger, mais notre questionnement s'attache à la valeur patrimoniale et sa place dans la société algérienne d'aujourd'hui. Il s'agit d'interroger le citoyen sur son niveau de responsabilité vis-à-vis de son histoire, donc de son identité. L'observation de notre environnement urbain actuel nous interpelle et nous oblige à faire le triste constat d'état de crise. L'architecture est la traduction physique à un temps «t» d'un état de développement de toute société. Au-delà de la maîtrise d'un savoir-faire technique, elle reflète l'image de la société qui la produit. L'acte de bâtir est plein de symbolique et de sens. Il est de l'ordre de la création. Il est pouvoir et puissance entre les mains des hommes. Le rapport de l'homme à la nature qui le porte fut toujours un challenge pour arriver à un état d'équilibre : la vie.
Quelle est l'architecture produite aujourd'hui en Algérie ? Ce qui se fait au val d'Hydra aujourd'hui est représentatif de la profonde crise identitaire que vie la société algérienne entre idolâtrie d'une modernité non maîtrisée et images pastiches du passé mal connu.


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