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Amine Zaoui, haras de femmes
Publié dans El Watan le 20 - 10 - 2005

Ce voyage, presque intersidéral, se joue de la verticalité temporelle sans vergogne et, là, l'enchantement est plein de candeur, parfois le ridicule plein d'innocence. Pourtant !
Le rapport, plus qu'évident dans Haras de Femmes, entre l'œdipe, le familial, le social par extension, l'historique, le politique et le religieux, provoque une complexité des plus ravissantes. Sincèrement, j'ai ri, et beaucoup même, jusqu'aux larmes parfois, tant le coup-de-pied dans la fourmilière ressemble à une ruade, une estocade, oserai-je dire. J'ai ri, parce que j'ai ressenti cet espiègle amusement qu'un Amine Zaoui frondeur – un auteur qui fait de tous les complexes des hommes des dominos qu'on abat sur une table libre, nue – peut se permettre en sautant d'une contrée à l'autre, d'un âge à un autre, avec une agilité qui se moque de tous les obstacles.
Le rapport esthétique, linguistique, voire idéologique, nous ramène sans cesse vers cette névrose qui risque fort bien d'être un complexe fondateur des œuvres artistiques, intellectuelles et autres, certes, et cependant constitutif de l'évolution humaine. Et c'est là que la traduction de Haras de Femmes, en grec, trouve toute son envergure dans un pays où la mythologie suinte sur les murs, chante sur toutes les cordes, se perpétue dans l'éternel enfantement spirituel de toutes les légendes. Ce n'est qu'heureuse justice.
Par touches régulières, ce texte nous rappelle que nous sommes croyants tout en désavouant ce que nous racontons, car un «rapporteur» (entendons par là narrateur) n'est en rien impliqué. L'auteur n'est qu'un innocent porte parole de tout ce qui demeure au fond de l'homme, imprononçable, inavouable, interdit. Ce monde est en nous et nous sommes dans ce monde où les tabous, supposés dépassés ailleurs, sont loin d'être à peine supposés chez nous, car l'âme de la littérature algérienne, maghrébine, puis arabe (l'ordre des termes n'étant que subjectif) – hormis quelques rares exceptions si l'on embrasse toute la littérature arabe -, participe à la tension, dans sa forme la plus violente, très souvent.
Le terme «dépassé» suppose de façon implicite qu'ils ont pu l'être ailleurs. Chose complètement absurde. Ces tabous qui bloquent encore les élans et exacerbent les rapports avec celui qui n'est pas nous, celui qui nous regarde, celui qui nous fait face ou celui-là même que nous renvoie notre miroir en gardant notre véritable réplique derrière son dos, ces tabous ne demandent qu'une chose : être exprimés sans ambages. Libérés.
Et, dans le regard de celui qui fixe la communauté arabe – prendre ce terme dans sa plus large acceptation -, on éprouve comme une certitude que quelque chose n'a pu être dépassée : nos propres tabous, ceux-là mêmes que nous aimerions bien abattre comme des quilles de plomb, mais que nous continuons à fixer comme des garde-fous pour nous «protéger», parce qu'encore trop peu protégés. La peur de vivre la peur, celle qui s'impose à la verdeur d'esprit et à l'étroitesse d'espace de certaines mentalités.
Comme celle d'un Boudjedra, la littérature d'Amine Zaoui ne propose pas de faire table rase véritablement des hauts obstacles érigés en couloirs dédaliens, où les us et coutumes, les traditions, ont fait de la pudeur – feinte le plus souvent – un handicape héréditaire paralysant, même si parfois elle est exprimée de façon très militante.
Cette littérature rend compte tout simplement que l'être, l'individu que nous sommes, le narrateur, l'auteur de toute cette sensibilité, dont l'origine ne relève pas moins du collectif et du communautaire, est au fond de nous tous. Séparer l'auteur de son expérience personnelle et de la matière de son dire serait presque insensé, car cette littérature – même en infime partie – ne peut être que symptomatique d'un malaise quasi généralisé (évitons l'absolutisme). Comme tout auteur, Amine Zaoui est indissociable de sa communauté – nous l'avons déjà dit – et quelle que puisse être la nature apparente de son refus/révolte, sa littérature, elle, ne peut avoir d'autre origine qu'œdipienne et autre réserve où elle puise sa névrose propre. Car, il s'agit bien d'une névrose très humaine qui puise son ampleur dans l'impuissance imposée : la vertu passive. Cette attitude est clairement adoptée dans le rapport entre notre premier ancêtre et ses deux fils. Dans Haras de Femmes, le père et l'oncle de la narratrice, Caïn et Abel, sont l'expression même de la biblique allégorie avec Adam, leur père, grand-père, de celle-ci par conséquent. Ce Caïn révolté contre le père est d'une passivité quasiment impuissante. Contrairement à Œdipe et à son homologue de la Bible et du Coran, il subit et ne tue personne, ni son frère Abel ni son père. Il s'identifie seulement au voleur de la pierre noire sacrée de la Kaâba et, dans cet acte, s'érige en symbole Puissance, Pouvoir et Suprématie sur un père qu'il fuit à dos… d'âne. La narratrice, adolescente, que nous pensons folle à lier, est loin de l'être, car la structure et la cohérence de la pensée rendent tant recevable qu'admirable son dire. C'est la recherche cruciale d'une véritable problématique, un sujet intimement lié et plus que jamais enchaîné à l'homme et à son histoire. Le trio Œdipe-famille-société s'y installe sous différentes apparences structurales. Ce sont tantôt trois anneaux qui s'enchaînent et se bouclent, tantôt trois creusets qui s'emboîtent comme des poupées russes. Le trio s'installe dans un rapport plus qu'évident alors que le politique s'incruste par simple association d'idées.
Si le linguistique se plaît dans toute la véracité de sa nudité – et cela n'est que pour plaire aux amoureux du direct -, l'esthétique, voire même l'idéologique, enchante de plein fouet.
Haras de Femmes, Amine Zaoui, Ed. Le Serpent à Plumes, juillet, 2001.


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