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De Gaulle, Papon, le 8 Mai 1945 et le 17 Octobre 1961
Publié dans El Watan le 23 - 10 - 2005

Nous avons attentivement pris connaissance des articles commémorant la journée du 17 octobre et souhaitons y apporter quelques informations supplémentaires, utiles, à l'intention des jeunes lecteurs qui n'ont pu être des observateurs, avisés, du fonctionnement des institutions des Républiques de l'ère coloniale. L'imagerie d'un de Gaulle «décolonisateur» mérite quelques corrections, à la lumière des textes législatifs et administratifs, alors en vigueur.
Sétif fut perpétré le jour de la libération par un gouvernement issu de la Résistance, comprenant des ministres communistes.
Henri Guillemin, dans Le Général clair-obscur, relève la formule laconique inscrite sur son journal : «Troubles à Sétif» et poursuit sur l'amertume du général de brigade, réfugié sur les hauteurs d'Alger, qui aurait attendu, vainement, la visite des notables algériens.
La suite est connue : le rétablissement du décret Crémieux, le droit de vote aux Françaises et la reconduite du «Statut local» des indigènes, en dépit de leur présence, en première ligne, à Monte Cassino.
Mais et surtout, la nomination de Papon à Constantine, dès 1947 ; ce qui ne pouvait être le fruit du hasard. En effet, il ne pouvait ignorer les états de service, sous l'occupation, de cet ancien secrétaire général de la préfecture de la Gironde. Pour Papon, cette nomination avait un double but : obtenir l'absolution de sa participation à la Collaboration et sévir avec le plus grand zèle dans la répression des Sétifiens et des Guelmis, au lendemain de 1945. Naegelen, lui-même, confesse que les exécutions extra-judiciaires étaient une pratique coutumière de son prédécesseur Chataigneau, l'un des exécuteurs du 8 Mai 1945.
Pour faire face au déclenchement du 1er Novembre 1954, le gouvernement SFIO, l'ancêtre de l'actuel PS, va obtenir du Parlement le vote des «Pouvoirs spéciaux», en 1956, pour mener «les opérations de pacification» en Algérie, sous les applaudissements des bancs de la Droite, du Centre et de la Gauche, y compris des communistes dont les voix n'étaient, pourtant, pas nécessaires pour que la loi passe.
La IVe République va s'effondrer sous le bombardement Sakiet-Sidi-Youssef, village tunisien près de la frontière algérienne, condamné par la classe internationale unanime et de Gaulle revient au pouvoir à la faveur d'un putch militaire, mené par «un quarteron de généraux», contre cette République qui n'arrivait pas à vaincre les Algériens.
Il nomme, immédiatement, Challe, général en chef des armées avec mission d'éradiquer la résistance dans les djebels et décapiter tout le futur brain-trust de l'Algérie indépendante.
La nomination de Papon «préfet de la Seine» n'était donc qu'une suite et froide logique, pour qu'il continue à exercer ses talents, alors que la question algérienne faisait irruption sur la scène internationale. La France était acculée au jet de l'éponge et de Gaulle entendait se «dégager dans les honneurs» au prix de l'horreur. Dans ses mémoires, son aide de camp, Constantin Melnik, en réalité Melnikoff, relate les ordres reçus : «Attrapez-moi les tous ces macaques par les c…» et d'ajouter au micro : «Plusieurs d'entre eux doivent reposer dans le béton de quelques piles de ponts». En fait, Papon servira les IVe et Ve République sous de Gaulle/Debré, comme il avait servi sous Vichy, l'Etat français de Pétain/Laval. A cette différence capitale près, que dans un cas, il n'était qu'un sous-fifre, alors que dans l'autre il va prendre du galon.
Comme toujours, le nombre de victimes ne sera jamais connu avec précision. Les chauffeurs de bus, où quelques Algériens espéraient trouver refuge, faisaient code phares à la police pour signaler leur présence à bord. Il est vrai que leur corporation et compagnie, la RATP, avaient mérité du service en offrant le dernier voyage aux raflés du Vel d'Hiv. Des corps avaient été repêchés jusque dans l'embouchure de la Seine et les médecins légistes inscrivaient en marge de leur constat : «NPB», initiales de «noyé par balles». Jean Cau qui assurait les besognes de bonne à tout faire chez Sartre, à un angle du boulevard Saint-Germain, donc à deux pas du lieu du crime écrivit : «Ces loqueteux sont des gens organisés». L'Histoire retiendra qu'ils ont, tout de même, fait échec aux de Gaulle/Debré/Frey et autres, bien sûr, mieux habillés.
Comme chacun sait, un effet pervers peut, parfois, s'accompagner, d'effets vertueux inattendus.
Le 17 octobre 1961, dont la commémoration s'amplifie au fil des ans, est une parfaite illustration de l'œuvre coloniale que la loi du 23 février entend réhabiliter. Son vote était passé inaperçu, en pleine effervescence électorale contre le Traité constitutionnel européen. Or, en cette rentrée, des enseignants de différentes sensibilités politiques ont réalisé qu'un article de cette loi, votée à l'unanimité, leur fait obligation d'enseigner la version labellisée officielle. Cette commémoration a fourni l'occasion de réagir expressément.
L'analyse de son contenu et des textes préparatoires n'est pas le sujet de notre courrier d'aujourd'hui, un traité entier n'y suffirait pas.
Les débats oscillaient entre les lacunes et le grotesque : un député, encore tout halluciné, affirme que sa plus grande fierté est d'avoir porté l'uniforme de commandant d'une unité de harkis. Néanmoins, il a, aussitôt, recouvré ses esprits pour veiller à ce que cette loi n'ouvre que des droits limités à compensation en faveur des harkis. Mais l'insistance de tous est «d'envoyer un signal très fort à l'Algérie». Est-il utile de souligner que l'Algérie n'est en rien responsable du traitement discriminatoire réservé à certaines composantes de la société française. A remarquer, également, et défense de rire, que l'Historien choisi pour mener les investigations prescrites par cette loi, en vue de la réhabilitation de l'œuvre coloniale, est un spécialiste de l'étude… du Moyen-âge.
Pour compléter cet éclairage du dédale des incohérences françaises sur l'Algérie, rappelons qu'une loi fut votée en octobre 1999 pour substituer à l'expression «opérations effectuées en Afrique du Nord» celle de «guerre d'Algérie». Un député a donné l'explication de ces variations sémantiques : «Nous ne voulions pas reconnaître que c'était une guerre, pour ne pas reconnaître à l'Algérie la qualité d'Etat».
La IVe République avait voté Les Pouvoirs spéciaux en 1956, instaurant la loi martiale, en violation du préambule de la Constitution de1946 qui énonçait : «la République française… n'emploiera jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple». La France n'avait pas, non plus, ratifié la Convention européenne des droits de l'homme de 1950 qui prohibait la pratique de la torture et l'application de la peine capitale pour motifs politiques, sachant très bien à quelle problématique elle était confrontée et les méthodes appliquées.
Enfin, quelles que soient les nécessités diplomatiques, économiques, culturelles d'un traité bilatéral, il ne peut induire, et encore moins prescrire, de limites à la manifestation de la vérité.
Le meilleur hommage qui peut être rendu à la mémoire des martyrs du 17 Octobre, combattants pour la liberté, est de continuer leur combat… pour l'Histoire.
Zahia El Mokrani-Gonon.
[email protected]
16 avenue Paul Appell 75014 Paris.
Paris, le 20 octobre 2005.


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