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L'apport de l'Etoile nord-africaine
Publié dans El Watan le 15 - 01 - 2006

Après quarante années d'indépendance, fruit d'une guerre implacable, et très chèrement payée, l'Algérie et son peuple sont toujours la proie du désespoir et de la désillusion.
La misère conquiert encore et toujours des territoires et des populations de plus en plus grands : pauvreté frappante avec ses cohortes de mendiants, de sans-abri et de malades mentaux, impuissance devant les calamités naturelles, régression culturelle, chômage et délinquance. C'est la malvie dans toute sa désolante réalité.
Comment en est-on arrivé là, comment ont pu être dévoyés à ce point les sacrifices inouïs et les espérances de plusieurs générations d'Algériens engagés dans le combat depuis 1919 et jusqu'à 1962, sous la bannière du Mouvement national, de l'ENA au FLN, en passant par le PPA et le MTLD ? Comment expliquer que tant de nos enfants ne rêvent qu'à fuir le pays par tous les moyens et, pour certains d'entre eux, à verser dans la perversion islamiste pour tuer et se faire tuer sans raison ? Que sont devenus les rêves de dignité, de justice sociale et de liberté ? Comment expliquer également que l'on soit à la traîne du développement et du progrès en général, quand d'autres nations, naturellement et humainement moins favorisées, y font figure honorable et avancent régulièrement ?
Ces interrogations nous inclinent à chercher d'où vient le mal qui range le pays et comment y remédier.
A toutes ces questions et à bien d'autres, je pense qu'on ne peut donner de réponse logique et adéquate sans regarder dans notre passé, dans notre comportement en rappelant brièvement l'histoire du Mouvement national.
On sait que les prémices du Mouvement national ont pour début l'action patriotique menée par l'Emir Khaled de 1919 à 1924. L'empreinte laissée par son mouvement sur l'émigration en France et plus particulièrement en Algérie avait suscité un grand enthousiasme chez le peuple algérien, raison pour laquelle l'Emir fut expulsé vers la Syrie et son mouvement réprimé avec violence par le pouvoir colonial en Algérie.
C'est ce qui avait incité le PCF à récupérer ce mouvement pour l'utiliser à son avantage, car la création en 1926 d'une section sous l'égide de son parti par une curieuse appellation : Etoile nord-africaine (qui fait penser à une association sportive ou caritative) dont les membres fondateurs étaient tous algériens immigrés, formant un sous prolétariat par sa composition sociale, sans bagage intellectuel suffisant, avec à sa tête Messali Hadj, membre permanent du parti communiste, choisi pour sa prestance charismatique, son courage exemplaire, agitateur populiste adulé par son entourage.
Dans leur association, les Algériens de l'Etoile, ayant pris conscience de leur situation ambiguë d'abusés, avaient fini par réagir en donnant à leur mouvement une orientation politique, hors de la tutelle du PCF, action qui entraînera une rupture totale. L'Etoile dissoute par le pouvoir fut recréée sous l'appellation La Glorieuse étoile, dissoute aussi après quelque temps. En fin de compte, c'est après onze années d'agitation politique en terre étrangère, sans réels intérêts pour le pays, que ses dirigeants avaient décidé de la création d'un parti politique et de son implantation sur le sol nourricier de la terre natale, l'Algérie, en lui donnant le nom de PPA, Parti du peuple algérien, le 11 mars I937. Il est dissout lors de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale en 1939. Ses chefs sont arrêtés à la suite des manifestations du 8 Mai I945 qui ont donné lieu à près de 45 000 morts et plus de 100 000 arrestations. Le parti continuera son activité dans la clandestinité jusqu'en I947 où il se présentera aux élections législatives sous le nom de MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) et décide de maintenir son action clandestine par la création d'une organisation spéciale OS paramilitaire.
Ce parti MTLD, qui s'était donné l'image de la modernité par sa forme, ses structures, ses instances de direction (Bureau politique et Comité central), avait mené, certes, une activité politique sur plusieurs plans mais avec les mêmes habitudes et réflexes négatifs hérités de l'ENA : culte du chef, absence de règles démocratiques (on gravissait les échelons par cooptation ou par autoproclamation) et d'une définition claire de sa politique sur les plans idéologique, doctrinal et stratégique (de quel nationalisme s'agit-il ? quelle orientation, quelle action, quelle organisation, etc.), jusqu'au congrès de 1953 qui procédera enfin à des rénovations et à des corrections portant sur les insuffisances ayant caractérisé ce parti et handicapé sa marche.
C'est précisément à la suite de ces changements que Messali, pas content de voir ses hommes de confiance écartés des organes de décision et sa demande de Présidence à vie rejetée, prit le risque de détruire le parti en adressant une lettre circulaire aux militants de base accusant les membres dirigeants et le Comité central de trahison. Ces derniers, quant à eux, l'accusèrent de dictature et de mégalomanie. Une situation de grave crise qui a conduit le parti à son implosion et à son déchirement en plusieurs tendances (messaliste, centraliste, neutraliste) par l'incapacité de ses dirigeants, au grand désarroi de ses militants.
Ce sont les conséquences d'une succession de crises au sein de ce parti dues à ses origines populistes faussement révolutionnaires et à des frictions entre son chef Messali et les autres dirigeants, depuis sa création dans les années 1920.
– Crise au sein de l'ENA, entre Messali et Imache Amar
– Crise au sein du PPA, entre Messali et Lamine Debaghine
– Crise au sein du MTLD, entre Comité central et les Berbéristes
– Crise au sein du MTLD, entre Messali et le Comité central
– Crise au sein du Groupe des 21, entre sa direction autoproclamée et le groupe de Constantine
C'est dans ce climat de crise de confiance et de suspicion que s'est constitué le CRUA (Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action) qui va essuyer un échec dans sa mission de réconciliation, par suite du refus catégorique de Messali.
Devant cette situation, quelques éléments de l'OS choisis par Boudiaf ont décidé, lors de leur réunion du 21 juin I954, du passage à l'action armée pour la libération nationale. Certes, une décision hautement nécessaire pour les responsables du groupe de Constantine qui auraient voulu que cette réunion se soit déroulée entre responsables à l'échelle nationale et régionale, mais hélas, faite hâtivement dans la confusion, sans concertation ni préparation sérieuse, comme par dépit ou désespoir. «Puisque nos chefs ne sont pas d'accord entre eux, on va les y obliger de cette façon. N'dirouha n'tartgouha, eli m'cha m'cha, eli ma m'chech irouh lel habs (Nous allons la faire, celui qui voudra suivre le fera et celui qui ne le voudra pas ira en prison).»
Voilà dans quel état d'esprit on a fait démarrer la grande entreprise historique. Pour illustrer cette décision, l'expression bien connue de Ben M'hidi : «Jetez la révolution dans la rue, le peuple la prendra en main», est bien réelle.
Effectivement, c'est le peuple qui l'a prise en main à sa façon, car à défaut de ses dirigeants initiateurs absents à l'étranger, en conflit entre eux pour des raisons de leadership. Il est clair que le peuple algérien, dont l'émancipation est inscrite dans sa prodigieuse et inépuisable capacité de résistance, avait besoin surtout d'un chef aux qualités requises, guide entraîneur et unificateur qui aurait pu donner suite au mouvement de l'Emir Khaled en Algérie, à cette époque. Mais malheureusement, l'avènement négatif de l'ENA est venu perturber le cours de l'histoire avec sa politique maximaliste, prônant un discours populiste, activiste, plus radical que celui des autres leaders et de leurs mouvements naissants en Algérie. Ces derniers disposaient alors de capacités réelles d'évolution vers l'indépendance qui auraient pu faciliter la réalisation d'un Mouvement d'union nationale pour une action commune, à l'image des AML (Amis du manifeste et de la liberté) en 1945, dans de meilleures conditions et certainement pour de meilleurs résultats pour le bien du pays.
De tous ces faits, qui relèvent de l'histoire et de l'éclairage que je leur apporte, découle ce constat : le populisme et le zaïmisme de l'ENA ont été à l'origine des dérives du Mouvement national, et ses conséquences tragiques se font sentir jusqu'à aujourd'hui.
Oui, ce sont bien ces deux tares : populisme et zaïmisme qui continuent de tirer le pays vers l'arrière. Elles ont produit l'arrivisme, la prise du pouvoir réel par des opportunistes, des transfuges de l'armée coloniale qui ont pris le contrôle de l'ALN et des instances de la révolution à la faveur de la permanence des crises, notamment de celle, grave entre toutes, qui a marqué le congrès de Tripoli en 1962, suscitée et exacerbée par Ben Bella aux fins de prise du pouvoir.
Finalement, ce qui a manqué à l'Algérie, c'est un véritable mouvement révolutionnaire et d'authentiques leaders d'envergure, de ceux que le Vietnam avec Ho Chi Minh, et l'Afrique du Sud avec Mandela, ont eu par exemple.
Aujourd'hui, le dépassement de la situation déplorable de l'Algérie, lourdement lestée du poids de son passé, ne sera possible que par l'avènement d'hommes nouveaux, en rupture radicale avec le système pervers responsable de toutes les infortunes nationales depuis si longtemps et doués de qualités premières que sont le patriotisme, l'intelligence et le don de soi, hommes nouveaux qui seront assurément les porteurs d'espoir.
(*) L'auteur est un ancien membre du Mouvement national.
Ancien membre du Groupe des 21 dit par erreur «des 22».


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