Il a quitté le pays en 1988 après son baccalauréat passé à Maghnia. L'enfant de Sidi Ali Benzemra, dans la wilaya de Tlemcen, avait projeté de continuer ses études de maths en France mais, une fois à Paris, il a laissé tout tomber et a opté pour le transport. « Je n'en pouvais plus et puis, les études coûtent cher », dit-il avec un ton jovial. Le transport ? Enfin, c'est trop dire. Son rêve, c'était d'être chauffeur de taxi. « Je voulais emmener les gens à leurs destinations tout en m'amusant à m'engouffrer dans les rues et ruelles de la capitale française ». En fait, Kacem est né dans l'hexagone. Ses parents avaient décidé de rentrer au bercail en 1985. « J'aime beaucoup le pays, mais j'avais vite compris que ma vie était ici, en France ». Conduisant sa belle Mercedes avec passion, le taxi driver nous fait une confession en arrivant à hauteur d'un hôtel à quelques mètres de l'Arc de Triomphe. « J'ai ramené une personnalité algérienne de l'aéroport d'Orly à cet endroit. Elle n'est pas la seule, d'ailleurs, j'en ai vu défiler dans ma voiture ». Des noms ? « Vous savez, le secret professionnel existe aussi chez les taxieurs » s'excuse-t-il avec le sourire. Kacem a le verbe facile et même lorsqu'il s'adresse à un client étranger, il n'omet jamais de sortir un mot en arabe, comme pour exhiber son identité. C'est aussi une sorte d'intimité avec sa clientèle. « Généralement, ils sourient avant de me demander de leur apprendre quelques mots d'arabe ». Kacem travaille sur commande. « J'accueille toujours mes clients à l'aéroport et ils ne sont pas tous des Algériens. » Notre compatriote a beaucoup d'histoires à raconter, tout en se gardant d'avancer un nom. « C'est un métier enrichissant, on apprend beaucoup auprès des gens. En fait, même si je voyage beaucoup avec ma petite famille, ce métier me fait aussi voyager ». Sacré Kacem, l'enfant de Lisses, la périphérie parisienne.
