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Ouverture de l'économie à l'international
Publié dans El Watan le 16 - 10 - 2006

La structure productive s'est encore dégradée, avec un recul de la production industrielle et agricole dans la valeur ajoutée totale et l'accroissement du poids des hydrocarbures. Les équilibres extérieurs ne reposent que sur les exportations de pétrole et de gaz. L'économie est en panne. Qu'est ce qui nous rend impropre à relancer l'investissement productif, à sortir de l'impasse actuelle ?.
1- Une économie en panne
Les surplus financiers produits actuellement font craindre le gaspillage des ressources en importations de voiture, biens de consommation, placements financiers à l'étranger, en train de vie excessif de l'Etat … au lieu de l'investissement en capacité permanente de création de richesses pour assurer aux générations futures les moyens d'une existence digne et libre. Constamment affichée l'idée de l'après pétrole est renvoyée à plus tard. Le chemin parcouru depuis 40 ans n'incite pas à l'optimisme. La dépendance de l'économie, de l'Etat et de la société à l'égard des hydrocarbures est croissante, elle atteint désormais un niveau record : 98,3 % des recettes d'exportation, 76 % des ressources budgétaires, 45 % du PIB. A la fin des années 1960, les hydrocarbures ne fournissaient que 40 % de nos exportations. Les exportations hors hydrocarbures ne couvrent pas la moitié de nos importations de nourriture.
En clair, sans le pétrole, l'Algérie serait exposée à des restrictions alimentaires insupportables, voire à une famine dévastatrice comme celle qu'a connu l'Irlande en 1848. En 1992, 1993 et 1994 nous avons du emprunter pour acheter de la nourriture, nous avons mangé à crédit !
Le futur est donc des plus sombre si nous n'arrivons pas à mettre en place durant les décennies à venir, et nous ne l'avons pas fait jusque là, une production exportable de substitution aux hydrocarbures pour régler en devises nos importations vitales.
L'Arabie des saoudes, premier producteur mondial d'hydrocarbures, 10 millions de barils jour, dépend moins que nous de son pétrole : 35 % du PIB seulement, 90 % de ses exportations pour 98,3 % pour nous.
Nous accumulons depuis 2003 des excédents courants importants, des réserves de change, des économies de recettes dans le fonds de régulation des recettes de l'Etat, quelque 30 milliards de dollars, 30 % en PIB. L'épargne brute a atteint le niveau record de 51 % du PIB après 27 à 30 % jusqu'en 1999, 45 % en 2000.
Pour certains, ce sont là des motifs de satisfaction bruyante, pour d'autres, signes importants d'inertie, tous les symptômes d'une économie en panne. Il ne s'agit évidemment pas de rejeter une épargne de précaution. Si le surplus financier augmente au-delà du nécessaire, c'est que nous n'investissons pas suffisamment, notamment dans la production industrielle, la part de celle-ci dans le PIB a été divisée par trois de 1980 (18 %) à 2005 (6,5 %). La formation brute de capital fixe (F.BCF.), c'est à dire l'investissement, de l'ordre de 22 % à 24 % du PIB, comme en Tunisie et au Maroc, dont les comptes extérieurs sont au rouge, est très en-deçà de ce qu'il faut pour créer des emplois et de nouvelles richesses. Faut-il rappeler que dans les années 1970 et 1980, le taux brut d'investissement était en moyenne de l'ordre de 35 %.
Par ailleurs, on ne sait rien du contenu de cette formation brute de capital fixe, de sa répartition par secteur institutionnel : administrations publiques, ménages (l'acquisition de logements est considérée comme un investissement) entreprises, qui investit et dans quoi, avec quels résultats. La structure productive de l'économie témoigne d'une remarquable stagnation. Depuis les années 1980, la part de l'industrie et de l'agriculture recule, celle des hydrocarbures progresse. Qu'est-ce qui nous rend impropre à relancer l'investissement productif, à sortir de l'impasse actuelle ?.
Poser une telle question est incongru, politiquement incorrect, tant les dogmes du libéralisme sont devenus intangibles, vérité incontournable. L'ouverture signifie « Libre échange », libre circulation des capitaux, des biens et des services, concurrence sur les marchés, retrait de l'Etat de la sphère productive.
Il existe, bien entendu, d'autres types d'ouverture sur l'économie internationale que le schéma offert par le libre échange, il ne s'agit pas de contester l'utilité du commerce entre les pays, mais l'idée défendue par Bush selon laquelle «quand un bien ou un service sont produits à un prix plus bas dans un autre pays, il est normal de l'importer plutôt que le produire sur place » et les empêcheurs de tourner en rond d'ajouter « L'externalisation est rentable : chaque consommateur profite de la baisse des prix, y compris celui qui a perdu son emploi ».
Aucun pays ne s'est développé selon le schéma libre-échangiste, l'Amérique moins que tout autre pays. Elle menace aujourd'hui la Chine de taxer ses exportations à hauteur de 25,5 %, si elle ne réévalue pas sa monnaie. L'union européenne vient d'établir un droit de douane de 15 à 20 % sur l'importation de chaussures en provenance de Chine et du Vietnam.
Tous les pays industrialisés ont construit leurs avantages compétitifs à l'abri de solides barrières douanières, de soutiens publics, voire de menaces économiques et d'interventions militaires. Au XVIII et XIX, l'Angleterre n'hésitait pas à envoyer ses canonnières pour s'ouvrir les marchés.
«Que les marchandises soient de fabrication nationale chaque fois que c'est possible et commode » écrivait Keynes, et François Perroux d'ajouter «Chaque peuple a le droit national et le devoir de fabriquer les marchandises dont il a besoin », c'est ce droit que le libre échange, l'ouverture, entend nous contester !.
Le bilan 1995-2005 de ce type d'ouverture est loin d'être probant. La concurrence sauvage que livre les importations à la production domestique a découragé l'investissement local. Il est bien plus profitable d'importer que de produire. Pour autant l'investissement étranger se fait attendre. En matière d'IDE hors hydrocarbures, c'est l'Egypte qui est le principal investisseur devant la France et l'Italie (cf. examen de la politique de l'investissement Algérie N.U. Genève 2004). Malgré les déboires des années 1980-1990, notre seule stratégie économique consiste à maximiser les recettes d'hydrocarbures.
Davantage, les dépendes de l'Etat dans les infrastructures, sous la rubrique «appui à la croissance » n'exercent aucun effet d'entraînement sur le reste de l'activité. Le recul industriel se poursuit dans toutes les branches. Enfin, nous n'avons pas réussi à établir un véritable partenariat avec les pays du nord de la Méditerranée avec lesquels nous sommes pourtant liés par des accords de coopération. Nous ne sommes pour eux que de simples débouchés, un marché pour leurs exportations.
2- Réhabiliter l'entreprise
Avoir de l'argent ne suffit pas pour construire une capacité à créer des richesses, à fournir de l'emploi, il faut des entreprises, capables de réaliser les programmes d'investissement, de combiner capital et travail dans un processus de production. Ce dont l'économie souffre le plus est le manque d'entreprises. Leur nombre et leur taille se réduit de plus en plus. La fermeture des entreprises publiques a été sans doute la plus grave erreur économique commise ces dernières années.
Pour certains, nous pouvons remplacer les entreprises défaillantes par les entreprises étrangères plus efficaces, leur confier la réalisation et la gestion des infrastructures, des services, banques, télécommunication, distribution de l'eau, l'électricité. Il y a semble-t-il une liberté totale pour le capital étranger, la possibilité de prendre le contrôle majoritaire d'entreprises publiques, de créer des filiales à 100 % dans n'importe quel secteur d'activité.
La propension à tout confier aux entreprises étrangères a nécessairement des limites, des conséquences sur l'évolution des comptes courants à plus ou moins long terme.
La question des transferts de profits ne peut donc être éludée ou traitée superficiellement au motif que l'on peut toujours tirer sur le pétrole pour le règlement en devises de nos paiements extérieurs. Les mises en garde de la CNUCED (ONU) à ce sujet se font plus pressante. Le fait que les I.D.F soient devenus la principale source de financement extérieur pour les pays en développement, l'aide publique au développement a chuté de moitié de 1991 à 2000 passant de 60 milliards de dollars à 38,6 milliards de dollars. (1991-2000), fait craindre le retour à des situations comparables à celles de l'endettement.
Les sommes rapatriées par les groupes transnationaux sont considérables. Pour l'année 2005 les entreprises américaines dans le monde ont rapatrié 350 milliards de dollars de profits réalisés à l'étranger. En tête Pfizer avec 36,9 milliards de dollars, mais également Pepsi-cola 7,5 milliards de dollars, Coca-cola 6,5 milliards de dollars.
Pour l'Algérie les transferts de profits pour 2005 se sont élevés à 4,590 milliards de dollars selon les mêmes sources (citées par A. Benbitour) le montant des bénéfices rapatriés devrait être de quelque 10 milliards de dollars en 2007. En Chine qui reçoit chaque année 50 fois plus d'IDE que l'Algérie et dont le stock de capital étranger doit multiplier le notre par 100 au moins, les profits rapatriés par les firmes étrangères se sont élevés pour la période 2001/2005 à 50 milliards de dollars soit à 10 milliards de dollars par an, montant à rapporter au seul excédent commercial avec les USA de 250 milliards de dollars pour 2005. Le faible montant des profits, rapatriés en Chine s'explique, en partie, par le réinvestissement des bénéfices en territoire Chinois. (Agence Chine nouvelle).
Bien évidemment cela ne signifie pas qu'il faut écarter le capital étranger, sa participation peut s'avérer utile au développement dans la mesure ou l'on précise ce l'on attend de lui, qu'il est intégré dans une stratégie claire de développement d'activités comme c'est le cas en Chine, en Inde ou en Chili ou le capital étranger est fortement encadré.
L'association d'entreprises « joint-venture » sans entrée d'intérêts étrangers dans le capital de la société à capitaux nationaux, association visant un projet industriel….. comportant les obligations d'assistance technique est largement privilégiée par de nombreux pays. Chez nous le capital étranger semble rechercher le contrôle ou la participation majoritaire au capital d'entreprises déjà existantes. Les créations nouvelles d'entreprise sont rares. L'ONU demande d'être attentif aux formes de pénétration du capital pas toutes profitables aux pays qui les accueillent, d'en évaluer l'impact positif et négatif.
3- Le financement public
Revitaliser et créer de nouvelles entreprises appellent à revoir les conditions de financement des entreprises. Les conditions de financement mises en place dans les années 1970 et 1980 sont la cause des échecs et des difficultés de la plupart des entreprises publiques. Elles ont fonctionné dans ce que l'on pourrait appeler l'économie d'endettement. Les entreprises sont structurellement endettées auprès du système bancaire, tout comme le système bancaire est structurellement endetté auprès de l'institut démission. Il s'agit donc de doter les entreprises de structures financières qui leur permettent de ne faire appel au financement bancaire que dans des limites soutenables.
En 1948 en France, comme en Allemagne, en Italie, est lancé le 1er grand programme d'industrialisation : chantier naval, sidérurgie, énergie, transport, communication, aéronautique …, sur financement public. Le marché financier ne pouvait pas financer le plan ; le relais du financement public par le marché n'interviendra que plus tard. «Si l'Etat ne finance pas le développement, qui le financera ? » disait J. Monnet, le père du 1er plan français. L'effort industriel public se poursuivra jusque 1958 avec Guillaumet, ministre du général de Gaulle. C'est à cette époque que sera élaboré le plan de Constantine et réalisé le projet sidérurgique d'El Hadjar.
Nous devrons tirer les enseignements de l'expérience des sociétés nationales pour créer de nouvelles entreprises plus efficaces et renforcer celles qui existent. Pas d'abandon, de dissolution, sous prétexte que les unités de production sont obsolètes ou inefficaces. L'entreprise n'est pas seulement un ensemble de biens physiques et de structures financières, c'est également et surtout un capital humain, une source d'expériences, de savoir faire collectif et de compétences individuelles. La dissolution d'entreprises, qui dispersent les collectifs, expatrient les meilleurs cadres, est une perte sèche pour l'économie non, un gain.
Pour citer le sociologue Max Weber « Le problème majeur de l'extension du capitalisme n'est pas celui du capital, mais celui du développement de l'esprit capitaliste ».
En d'autres termes, les hommes, leur formation, leur culture, comptent plus que le capital. Nous rejoignons évidemment la question fondamentale du système d'enseignement/formation/recherche.
Le redéploiement des entreprises n'est possible qu'accompagné de la formation des personnels qualifiés et de la progression des savoirs, que si l'école cesse d'être un espace d'investissement idéologique pour le pouvoir, un instrument de conquête identitaire pour les forces conservatrices.
Le marché domestique existe, il peut s'élargir, les capitaux sont disponibles, les capacités techniques formées et/ou à acquérir à l'étranger, alors qu'attendons-nous ? Vous-voulez recommencer ce que nous avons entrepris dans les années 1970 me diriez-vous ? Oui, mais cette fois, et ce n'était pas le cas dans les années 1970, nous avons les ressources pour soutenir nos ambitions sur le long terme, le retournement du marché pétrolier aidant. Mais en avons-nous la volonté politique ?


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