Le deuxième porte sur la réservation par Sonatrach d'une capacité de regazéification sur le terminal de Montoir. Si aucun chiffre n'a été communiqué sur le volume de gaz qui sera vendu, on croit savoir que la quantité serait supérieure à 800 millions de mètres cubes. Avec ce contrat, le volume global qui sera vendu à trois compagnies espagnoles (Cepsa, Endesa et Iberdrola) et GDF serait de 5 milliards de mètres cubes. C'est le premier contrat de vente de gaz à la compagnie française à travers un gazoduc qui est facilité par la connexion du réseau espagnol au réseau de gazoducs français. Depuis 1964, les ventes de gaz à GDF par Sonatrach se font par la voie maritime (GNL). En 2004, Sonatrach a vendu 8 milliards de mètres cubes à GDF. Le gaz est liquéfié à Arzew ou à Skikda et transporté par méthanier jusqu'au terminal de regazéification pour reprendre son aspect gazeux et être mis sur le marché. Les contrats de vente de gaz qui lient Sonatrach à Gaz de France portent sur un volume de plus de 10 milliards de mètres cubes. Le terminal de Montoir est la plus grande installation de regazéification de gaz naturel en Europe avec une capacité de stockage de GNL de 360 000 m3, selon GDF. Le terminal de Montoir-de-Bretagne reçoit plus de 15% du gaz naturel importé en France, essentiellement en provenance d'Algérie, du Nigeria et d'Egypte. Sa capacité annuelle serait de 10 milliards de mètres cubes. Sonatrach vient de créer récemment deux nouvelles filiales pour commercialiser le gaz naturel en Espagne et en Italie. Pour l'Espagne, la filiale est dénommée Sonatrach Gas Comercializadora S.A, et pour l'Italie elle est dénommée Sonatrach Gas Italia SPA. Ces deux nouvelles sociétés s'ajoutent à Sonatrach Gas Marketing UK Ltd créée au début de l'année 2006 pour vendre du gaz directement aux clients sur le marché britannique. L'Italie, l'Espagne et la France sont les trois principaux clients de l'Algérie pour le gaz. L'Algérie exporte environ 62 milliards de mètres cubes de gaz par an, dont près de 97 % en direction de l'Europe. En créant une filiale pour commercialiser du gaz sur le marché britannique, Sonatrach arrivait à concrétiser le principe de développement d'une présence sur les marchés de proximité les plus valorisants ainsi que l'intégration de l'aval gazier à travers des ventes directes sur le marché final. Elle lui permettait de débuter ses activités de commercialisation de gaz issu de la regazéification du GNL à travers le terminal de Isle of Grain, directement aux clients sur le marché britannique. Le même principe a valu pour l'implantation en Espagne et en Italie. Pour l'Italie, la compagnie nationale a déjà prévu de vendre 2 milliards de mètres cubes directement sur le marché italien par le Galsi. Pour l'Espagne, le même principe vaudra avec une quantité de gaz qui passera par Medgaz et qui sera vendu directement sur le marché espagnol en plus des intérêts détenus par la compagnie sur le terminal de Reganosa en Galicie. Le contrat qui sera signé aujourd'hui avec GDF est le premier du genre puisqu'il concerne du gaz sec qui transitera par gazoduc. De plus, il s'accompagne d'un contrat de réservation d'une capacité de gaz qui permet à Sonatrach de pénétrer le marché du gaz français.Le retard mis à signer le contrat de gaz, qui avait été annoncé il y a plusieurs mois, est dû certainement aux négociations qui ont été menées pour la réservation d'une capacité de regazéification sur le terminal de Montoir. Avec cette signature, on peut dire que la compagnie nationale a obtenu de ces principaux clients de quitter le rôle de simple fournisseur et d'avoir accès aux marchés européens. Cette option qui a été défendue depuis plusieurs années a finalement abouti à travers un partenariat. Cela permet à la compagnie nationale d'être présente sur toute la chaîne jusqu'au client final et de capter une partie de la rente. Sur un autre plan, les pays européens, clients traditionnels, tels que l'Espagne, l'Italie ou la France, augmentent la part du gaz algérien et diversifient ainsi leur approvisionnement en volume. Cet aspect a été surtout remarqué depuis la crise entre la Russie et l'Ukraine, lorsque Moscou avait fermé les robinets du gaz à l'Ukraine à cause d'un conflit sur le prix de ce dernier. Une mesure qui avait eu des répercussions sur l'approvisionnement de plusieurs pays européens, vu que les quantités de gaz qu'ils achetaient passaient par gazoduc via l'Ukraine. Depuis, malgré l'importance du gaz russe pour le marché européen et la place qu'il occupe, les pays européens cherchent toutes les opportunités pour diversifier leur approvisionnement par gazoduc et par méthanier avec du GNL. Et les quantités supplémentaires qui peuvent venir d'Algérie sont les bienvenues. En 2004, Sonatrach a vendu 25 milliards de mètres cubes de GNL dont 10% en spot. La France est le premier client avec 32%, suivie de l'Espagne (23%), la Belgique (16% ), les USA (10%), la Turquie (12% ), l'Italie (5%) et la Grèce (2%). Par la voie des gazoducs, les ventes de gaz naturel ont atteint 35,3 milliards de mètres cubes dont 70% (24 milliards de mètres cubes) par le gazoduc Algérie-Italie /Enrico Mattei et 30% (10,59 milliards de mètres cubes) par le gazoduc Algérie-Espagne /Pedro Duran Farell. Le premier client en gaz naturel est l'Italie (68% ) suivi de l'Espagne (22%) ,le Portugal (7%), la Tunisie (2%) et la Slovénie (1%) .
