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Un musée virtuel pour revisiter une vie de création
40e anniversaire de la disparition de M'hamed Issiakhem
Publié dans La Nouvelle République le 03 - 12 - 2025

Quarante ans après la disparition de M'hamed Issiakhem, l'un des artistes les plus marquants de la peinture algérienne moderne, un vaste travail de mémoire voit enfin le jour : un musée virtuel entièrement consacré à son œuvre, baptisé « Missiakhem ».
Cette plateforme, élaborée par ses proches, rassemble plus d'une centaine de pièces – peintures, dessins, travaux à la plume, mais aussi timbres et billets de banque qu'il a conçus – et offre un accès inédit à l'ensemble de son parcours artistique.
À l'occasion de cet anniversaire symbolique, le site se présente comme un outil documentaire d'une richesse rare, façonné pour permettre au public d'explorer intimement le cheminement créatif de l'artiste.
Dès l'accueil, l'internaute est plongé dans la voix même d'Issiakhem : un extrait audio d'une conversation avec le poète Ahmed Azeggagh sert d'introduction. L'artiste y glisse un conseil sur la manière d'approcher les œuvres : regarder librement, sans chercher l'ombre ou l'intention de l'auteur. Pour lui, l'artiste doit s'effacer une fois l'œuvre livrée. Le musée virtuel reprend cette idée en proposant un parcours clair, pédagogique et pensé pour accompagner la découverte sans jamais l'imposer.
Un parcours en quatre périodes pour comprendre une vie de création
La plateforme retrace l'évolution d'Issiakhem à travers quatre grandes séquences qui structurent sa production. La première couvre les années 1949 à 1962, marquées par sa formation aux Beaux-Arts et son engagement politique. La période suivante, intitulée « Résolution et désillusion », s'étend jusqu'en 1972 et illustre une décennie agitée où l'artiste explore de nouvelles formes d'expression. Viennent ensuite les années 1972 à 1979, celles de la maturité, où son style s'affirme pleinement. Enfin, les œuvres produites entre 1980 et 1985 composent l'ultime chapitre, un « Epilogue » dans lequel se lisent à la fois la lucidité, la douleur et l'achèvement d'une vie de recherche artistique.
Chaque œuvre exposée est accompagnée de sa date, de commentaires, parfois de citations d'Issiakhem lui-même, recueillies au fil de plus de quarante années de travail d'archivage réalisé par sa famille. Cette matière documentaire permet d'appréhender, pas à pas, les transformations artistiques d'un peintre qui a sans cesse remis son geste en question.
Un génie forgé par la douleur et la résilience
Né en 1928 à Ath Djennad et élevé à Relizane, Issiakhem traverse dès l'enfance l'une des épreuves qui marqueront profondément toute son œuvre. En 1943, l'explosion accidentelle d'une grenade récupérée dans un camp américain le mutile gravement et coûte la vie à plusieurs membres de sa famille dont sa sœur. L'adolescent survive, mais revient de deux années d'hospitalisation amputé de l'avant-bras gauche. Ce traumatisme deviendra la matrice d'un langage pictural bouleversant, tendu, viscéral.
À partir de 1947, il rejoint la Société des beaux-arts puis l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger, dans l'atelier de Mohamed Racim. Dès le début des années 1950, il expose à Paris et rencontre des figures intellectuelles majeures, dont Kateb Yacine, avec qui il noue une amitié profonde. Après l'indépendance, Issiakhem devient dessinateur pour la presse, enseigne, et contribue activement à structurer la scène artistique algérienne en participant à la fondation de l'Union nationale des arts plastiques.
Des amitiés fondatrices : Kateb Yacine et Benamar Médiene
Autour d'Issiakhem gravitent plusieurs personnalités qui influenceront sa trajectoire. Son lien avec Kateb Yacine est l'un des plus connus : l'écrivain lui donne le surnom « Œil de lynx », évoquant sa précision de regard. Dans un texte publié après sa mort, Kateb raconte ces nuits parisiennes où, dans les bistrots d'immigrés, il retrouvait en compagnie du peintre un morceau d'Algérie en exil. Ces moments de partage cimentent une relation d'une très grande intensité.
L'autre amitié décisive est celle qui l'unit au sociologue et historien de l'art Benamar Médiene. Jeune étudiant lorsqu'il rencontre Issiakhem et Kateb, Médiene voit en eux deux repères essentiels pour comprendre l'Algérie, l'art, et la manière de regarder le monde. Son œuvre d'écrivain et d'analyste jouera un rôle central dans la préservation de la mémoire d'Issiakhem. Ses descriptions de l'artiste sont parmi les plus pénétrantes : un être provocateur mais profondément fraternel, un peintre forgé par la révolte et animé d'une exigence sans concession.
Lire Issiakhem : autoportraits, figures et abstraction
Parmi les œuvres emblématiques analysées par Médiene, les autoportraits occupent une place particulière. Celui de 1949 montre un jeune homme à l'aube de sa vie d'artiste. Celui de 1976 porte une dédicace adressée à Zoulikha et Djaffar Inal, témoignant d'une amitié durable. Celui de 1985, élaboré dans un moment de profonde fragilité, fait écho à la maladie de Zoulikha Benzine. Médiene voit dans ces œuvres des confrontations directes entre l'artiste et lui-même, où Issiakhem se peint « sans masque, sans concession ».
Parmi les tableaux marquants, « Les aveugles » illustre une humanité qui avance à tâtons mais refuse l'abandon. Médiene y lit une scène expressionniste dense, sculptée presque dans la matière, où les personnages cherchent un horizon invisible. Autre œuvre pivot, Carré bleu (1983), peinte au sortir d'un coma. Un petit carré lumineux y surgit au cœur d'un bleu sidéral. Issiakhem y voyait un retour abstrait à son propre drame, comme si une brèche lumineuse s'ouvrait dans le chaos.
Un héritage porté vers l'avenir
Issiakhem meurt le 1er décembre 1985, victime d'un cancer, laissant une œuvre qui n'a cessé de fasciner. Le musée virtuel Missiakhem s'inscrit aujourd'hui dans cette continuité : rendre son travail accessible, offrir une clé d'entrée à ceux qui veulent comprendre comment un peintre a transformé sa douleur en un langage universel. Pensée pour être simple, ouverte et consultable sur tous supports, la plateforme ambitionne de devenir un outil pédagogique majeur. Elle rassemble ce qu'aucune institution physique ne pourrait réunir et constitue un espace où l'on peut, à son rythme, suivre la trajectoire d'un artiste majeur de la modernité algérienne.


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