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1960 : l'année de toutes les turbulences
Publié dans El Watan le 09 - 01 - 2007

La sauvagerie de ces «guerriers sans peur et sans reproche» ne cacha pas au général de Gaulle l'irréversibilité de la marche du peuple algérien vers l'indépendance. Il inventa, en septembre 1959, un nouveau sens au slogan «autodétermination». Il croyait que ce nouveau terme dans le vocabulaire du colonialisme allait amener, très vite, des Algériens à ses bottes pour constituer cette 3e force à laquelle il aspirait pour tisser avec les «communautaristes» indigènes des liens solides et nouveaux mettant fin au rêve «insolent» des héros du 1er novembre. Dans ce but et pour donner une certaine crédibilité à cette opération, il fit libéré d'anciens militants des partis patriotiques, même modérés, pour les appâter par des élections qu'il affirmait «solennellement» … libres. Les libérés, assez nombreux, se divisent en plusieurs catégories. Il y eut ceux qu'un responsable militaro-policier de de Gaulle recruta dans son MPC pour, écrit-il, les empêcher de retourner au FLN. Nous en reparlerons peut-être un jour. Certains coururent dormir tout leur saoul, la tête posée sur les genoux de leur mère, essayant d'oublier les «mauvais» jours des camps et des prisons mais restants attentifs aux bruits de la guerre et prêts à y courir. D'autres, il faut les appeler des malins, des lâches, des défaillants, préférèrent aller se mettre au service du roi de «l'ouest» qui était certainement notre frère mais sûrement pas notre ami ! Au mieux, ils allèrent se dissoudre, à l'est, dans les services civils, souvent subalternes du FLN. L'un de ceux qui allèrent vers l'est, appelant le «Mézé», fit un détour à La Casbah où, fort de sa qualité d'ancien responsable centraliste, chercha à faire croire à des militants MTLD que les éléments de la Wilaya IV étaient des «bleus». Il renouvela cette abomination à Paris auprès de la fédération de France. C'est ce que me rapporta Me Climan, avocate du FLN, que j'avais l'habitude de recevoir à Alger. Nous étions attablés à la terrasse d'un café de la rue Didouche Mourad, à l'époque la rue Michelet. Elle me dit : «Un responsable est passé à Paris et il a dit aux frères que la Wilaya IV était composée de bleus.» Et de lui répondre : «Très bien, madame, vous êtes assise en face d'un responsable de la Wilaya IV. Je pense que c'est Mézé l'auteur de cette infamie ?» La regardant durement et profitant de son grand étonnement, j'ajoutais : «Si les frères veulent connaître le moral du maquis autour d'Alger qu'ils envoient un de leurs militants et qu'ils n'écoutent plus n'importe quel défaillant non muni d'un laisser-passer écrit du FLN.» J'insistais fortement sur le terme «écrit». Le plus grand nombre, Dieu merci, décidèrent de se réunir souvent délégués par leurs amis qui ne pouvaient être présents dans l'appartement d'un vieux militant, Roudjali Ahmed, rue Hélène Boucher (Belcourt) face au stade du 20 Août. Une discussion sur la situation générale à Alger eut lieu. Un rapport fut rédigé et envoyé, une copie par la Wilaya III, une autre par la Wilaya IV au GPRA à qui nous demandions de nous autoriser à nous organiser avec la qualité de «zone autonome».
En attendant, nous avions créé le réseau El Malik à la tête duquel nous plaçâmes trois frères de l'assistance : Bara Mohand dit El Malik, Alilat Larbi dit Abdelatif et Bettouche Belkacem. Ce réseau était appelé El Malik, du nom de guerre de notre frère Bara Mohand, que Dieu ait son âme, et activera dans la collégialité, en relation avec la Wilaya IV, notre frère Bettouche ayant déjà des liens avec cette Wilaya. Notre volonté, consciente et délibérée, était de créer au sein de nos masses un état psychologique tel qu'à tout moment nous puissions les mobiliser et les appeler à des actions viriles contre les tenants de l'Algérie française ou gaullienne. Nous devions aussi appeler toutes les autres wilayas, en activant à Alger, à demander à leurs militants de rejoindre notre organisation pour assurer l'unité de nos rangs, tant désirée par les responsables nationaux et par notre peuple. La mission donnée à tous était, à travers toute la ville, de détruire la méfiance productrice de peur, qui paralysait les anciens de la bataille d'Alger et tous les jeunes qui aspiraient à avoir l'occasion de se mesurer aux braillards pieds-noirs. Seulement Tunis, qui considérait ces gesticulations comme une affaire franco-française, nous appelait au calme. En décembre 1960, désespérant de voir de vieux militants et des hommes du FLN-ALN approuver son «autodétermination», le général de Gaulle décida de faire un voyage en Algérie pour faire accepter par notre peuple son nouveau «jouet». Il voulait un 13 mai gaulliste et partout à l'intérieur du pays, les SAS et les SAU commandités par le Mouvement pour la communauté (MPC), le firent recevoir par les cris «Algérie algérienne … Vive de Gaulle» auxquels répondait le cri schizophrénique : «Algérie française». Les médias du monde entier se retrouvèrent à Alger pour assister à un combat décisif entre le chef de l'Etat français et les descendants des rebuts européens recrutés dans les bas fonds des ports de la Méditerranée. Le 10 décembre 1960, le capitaine Bernard (SAU, administration communale) convoqua au stade Biales, où se situaient ses services, tous ceux qui l'écoutèrent par peur ou parce qu'ils travaillaient sous ses ordres. Le 3 décembre 1995 pour une réunion, présidée par Mohamed Chérif Messadia, à la Foire internationale, pour l'écriture de l'histoire de la Wilaya IV, B. Mohamed, dit Hanafi, confirma qu'il se rendit à cette convocation accompagné de Si Tahar T. Voilà une confirmation que ce furent les SAU, surtout Bernard rejoint par Marion de Salembier, qui nous firent ce cadeau précieux : faire descendre notre peuple dans la rue crier son refus charnel de l'occupation étrangère.
L'étincelle
Nos frères seront heureux le lendemain, soit le 11 décembre 1960 même s'ils devaient le payer très cher en morts, en blessés et en arrestations, de faire assister les pieds-noires à un festival FLN. Nos adversaires en eurent des sueurs froides. Les manifestations se terminèrent en présence des médias du monde entier par une victoire éclatante de notre peuple… et Krim Belkacem fit entendre à Manhattan les clameurs de Belcourt. L'historien français Yves Courrière écrivit dans son livre Les feux du désespoir : «Le capitaine Kheiredine et le lieutenant Djamel étaient à Alger en septembre 1960.» Il s'est trompé. La Wilaya IV n'avait à l'époque aucune autorité sur Alger sinon celle qu'elle pouvait avoir par le canal du réseau El Malik, les deux frères cités plus haut sont arrivés à Alger au printemps 1961. El Malik et moi-même les avons rencontrés dans une villa à Kouba «apprêtée» par notre ami et compagnon de combat Kessab Nadir et le frère Rabia Mohamed. «Algérie algérienne..» et «…Vive de Gaulle» ne sont certainement pas deux slogans ordonnés par le GPRA par le canal d'une dame, émissaire, arrivée de Tunis… ce qu'affirma un colonel au cours d'une conférence au palais de la culture. Cela est contraire à ce qu'a dit Ferhat Abbas, président du GPRA, au cours d'une conférence de presse à Tunis le 12 décembre 1960. Ce sont les militants d'Alger qui jetèrent dans la foule, le 11 décembre 1960, l'étincelle. Notre peuple, entérinant une historique déclaration de Larbi Ben M'hidi, prit son sort entre ses mains. Au prix de très grands sacrifices, il confirma, une fois de plus, son irréductible refus charnel de l'occupation étrangère. Tous ceux qui affirmèrent, ce décembre 2006, à la radio et à la télévision, qu'ils organisèrent minutieusement les déferlements de Belcourt doivent confondre avec les manifestations des 1er et 5 juillet 1962. A moins qu'ils ne considèrent qu'ils peuvent arranger la vérité alors qu'il faut se plier à elle comme l'a écrit notre regretté ami André Mandouze. Gloire donc à notre peuple… incontestable héros.
Décembre 2006


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