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«L'empire chérifien» ou l'empire des mirages
Publié dans El Watan le 16 - 04 - 2008

Ce chercheur, dont la rigueur s'exprime notamment dans ses travaux remarqués en épistémologie, vient hélas de se laisser embarquer dans une entreprise hasardeuse qui ressemble fort à une basse besogne commanditée par le Makhzen. Dans un ouvrage qui vient de paraître(1) et qu'il intitule Le Sahara – liens sociaux et enjeux géostratégiques – ce sujet marocain soutient la thèse ô combien rebattue et pensions-nous éculée et remisée, selon laquelle la France coloniale aurait dépossédé «l'empire chérifien» non pas d'une petite portion de son territoire mais de l'essentiel de celui-ci, puisque seraient concernés par cette spoliation l'ensemble des territoires du Sahara et cela au profit de «l'Algérie française». Dans cette approche, le territoire du Sahara-Occidental ne représenterait plus qu'un misérable grain de sable dans l'immense océan de sable et de dunes du Sahara historique ! Sont donc revendiqués, au nom d'un «empire chérifien» fantasmatique, non pas seulement les populations «sahraouies» ainsi que le territoire du Sahara-Occidental, mais les populations «sahariennes», et donc l'intégralité des territoires sahariens où elles vivent. Rien que cela. A l'appui de cette thèse, Mohamed Cherkaoui exhibe une enquête systématique des registres de mariage menée bien évidemment avec l'appui de nombre d'«Excellences» Marocaines dont il dévoile très honnêtement les noms et qu'il couvre d'éloges pour leur «disponibilité» : le nombre d'épousailles entre Marocains et «Sahariens» serait si considérable que le doute n'est plus permis ; la légitimité du lien politique entre le «Sahara» et le Maroc est irrécusable : elle renvoie à l'empire chérifien que la France coloniale a dépecé, et dont le Maroc d'aujourd'hui ne constitue finalement qu'un pauvre vestige, un semblant de moignon atrophié. Il s'agit donc pour le Maroc actuel de revendiquer sa souveraineté ; sur ce, je cite : «Les Sahariens et les autres Marocains». Les citoyens marocains apprécieront la formulation puisqu'ils ne deviennent qu'un minuscule appendice de la formidable ressource humaine qui peuple l'immensité du Sahara.
Premier problème : l'enquête d'état civil diligentée par Mohamed Cherkaoui n'a touché que l'«appendice», à savoir le territoire du Maroc ainsi qu'une petite portion du Sahara-Occidental. Comment pourrait-elle être scientifiquement validée si elle ignore l'essentiel des territoires et des populations du Sahara revendiqués au nom de cet empire chérifien fantasmé et, partant, les mariages qu'on y a célébrés ? Parce qu'on se marie aussi au Sahara. En deuxième lieu, cette investigation a été conduite sous la houlette complaisante des autorités marocaines. L'auteur le reconnaît. En troisième lieu, même dans le cadre «congru» du Maroc et de la partie occupée du territoire du Sahara-Occidental, les résultats brandis sont peu crédibles : les mariages entre «Marocains» et «Sahariens» sont de notoriété publique des mariages non pas seulement arrangés, mais forcés et planifiés afin de créer l'illusion d'une légitimité politique. Il s'agit par ce moyen grossier de fausser le recensement des populations du Sahara-Occidental en prévision du référendum d'autodétermination réclamé par le Front Polisario relayé par maintes résolutions de l'Organisation des Nations unies.
L'auteur fait remonter, par ailleurs, les origines de l'empire chérifien au XVIe siècle, rien que cela. Pourquoi ne remonte-t-il pas au Ve siècle ? Le souverain chérifien, réputé descendant du Prophète Mohamed (QSSSL), pourrait alors revendiquer, au nom du califat, aussi bien l'Andalousie, la Sardaigne, la Sicile, Malte, la Palestine, les Balkans (avec le petit Kosovo) et une partie de l'Autriche s'étendant jusqu'aux portes de Vienne. Et puis Ceuta et Mellila, bien sûr, pour ne s'en tenir qu'au pourtour méditerranéen.
La nation musulmane, sans aucun doute, se dressera comme un seul homme pour se ranger sous la fière bannière de ce djihad d'un nouveau genre. Au nom du roi. Mais M. Cherkaoui est chagrin : le monde entier serait, d'après lui, en train de «tirer à boulets rouges sur les prémices du printemps démocratique au Maroc». Qui a tiré, et d'abord sur quels prémices ? Les sinistres culs de basse-fosse que sont les centres de concentration du Sahara Marocain peuvent-ils être considérés comme les «prémices» de ce printemps ? Toujours chagrin et chiffonné, cet homme de science qu'emporte un élan dévorateur affirme et de manière péremptoire que (hormis le Maroc), «de l'Atlantique à la mer Rouge et bien au-delà, ce sont tous des régimes si autoritaires qu'il n'y a rien de nouveau à en dire» et «qu'ils ne méritent pas qu'on leur consacre une minute de son temps». Minute ! Cette téméraire et outrageante pétition n'est pas tout à fait juste, puisque l'auteur a consacré à l'Algérie, cible déclarée de ses chimères, non pas une minute, mais de son propre aveu, plusieurs mois d'enquête.
Une enquête soutenue, lâche-t-il ingénument par une «armée de l'ombre ! » Au bout de cette entreprise harassante, un ouvrage superbement broché, sur papier de haute facture. Merci, merci pour toutes ces attentions… Mais au fait, qui a financé toute cette débauche généreuse pour produire une si belle ouvrage ? Toujours dans l'atmosphère de cette nostalgie névrotique d'un empire chérifien fumeux qui tourmente l'auteur, celui-ci croit percevoir depuis 10 ans une «révolution silencieuse au Maroc». Et ce Maroc emblématique se propose d'ouvrir «de nouvelles perspectives politiques» tout à la fois «aux autres régions du royaume chérifien mais aussi aux nations voisines» (l'Algérie au premier chef). Rien que cela.
Dans ce cadre, cet «empire chérifien» subliminal reçoit un sérieux coup de lifting. Il aura désormais la forme moderne d'une «démocratie confédérale» à laquelle il est enjoint aux «nations voisines» de se joindre pour leur propre salut, sous la protection bienveillante du roi, car se serait le seul moyen de relever les défis de la mondialisation. Un projet prométhéen qui devrait soulever de grosses vagues de dunes et de poussière au Sahara. Si cette thèse, qui confine au délire, d'un empire chérifien mythique devait être validée, alors l'on pourrait tout de même lui objecter l'incroyable passivité, qui confine à la complaisance, dont le royaume a fait montre au lendemain du débarquement de Sidi Fredj devant les avancées du corps expéditionnaire français dans le Sud algérien.
L'Emir Abdelkader et ses valeureux compagnons, et plus tard les chefs des insurrections successives incessantes qui on soulevé les populations algériennes du Sahara depuis 1870, et ce jusqu'au tournant du siècle, furent les seuls à se dresser contre l'envahisseur. L'Emir Abdelkader aurait au moins pu espérer un soutien, une aide, une attitude bienveillante, un signe de sympathie auprès du royaume marocain puisque l'Emir défendait les territoires de «l'Empire» contre les infidèles.
Ce ne fut nullement le cas : poursuivies par les troupes coloniales françaises et cherchant refuge sur le territoire marocain afin d'y trouver un répit et refaire leur forces, les cavaliers de l'Emir furent impitoyablement pourchassés et refoulés par les tabors et les goumiers du roi : ils se trouvèrent pris entre marteau et enclume. Va donc, alors, pour sortir des limbes ce fastueux «Empire chérifien» et lui donner corps et consistance. Seulement, comme toute entreprise de cette ampleur — comme pour les plus modestes d'ailleurs —, il faut engager le premier pas : nous suggérons humblement d'entamer cette marche longue, exaltante et improbable à Ceuta et Mellila où le souverain d'Espagne, le roi Juan Carlos, vient d'effecteur une parade triomphale — certains mauvais esprits disent provocatrice — sans toutefois que cela fasse tiquer le Makhzen.
(1) Mohamed Cherkaoui «Le Sahara»- Liens sociaux et enjeux géostratégiques.
Editions Baldwell – Presse – Oxford


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