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Quand la tradition fait des affaires
Marché à la criée de Beni Isguen
Publié dans El Watan le 01 - 02 - 2005

Il n'y a pas si longtemps, la lourde porte d'entrée du ksar de Beni Isguen était fermée à double tour dès la tombée de la nuit. Du haut de la mosquée, on criait aux étrangers de quitter la cité et chacun rentrait dormir chez soi, dans sa maison étroite aux poutres en palmier. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
La porte reste ouverte à tous les vents et à tous les gens. Malgré tout, dès la première ruelle, un panneau en français et en anglais indique qu'ici, il est interdit de sortir son appareil photo, de fumer, de porter shorts et débardeurs. Beni Isguen, ville millénaire de la vallée du M'zab, enserrée de murailles et fondée en 1347 par la communauté mozabite, semble avoir été pétrifiée dans l'histoire. Figée. Epousant la forme douce de la colline, la ville a été conçue sur le modèle pyramidal : les habitations, cubes blanc et bleu pâle, s'organisent en cercles concentriques depuis la mosquée, qui domine le paysage, jusqu'aux remparts. La forme épurée du minaret et sa couleur ocre rappellent celles des pigeonniers des pays sahéliens. Les maisons en briques crues enduites de chaux ne possèdent pas de fenêtres mais des ouvertures minces qui ressemblent à des meurtrières. A Beni Isguen, impossible de circuler en voiture. Les ruelles sont étroites, pour conserver la chaleur, et en lacets, pour éviter que la vue ne porte trop loin et pour couper la force du vent lors des tempêtes de sable. Au XVIIIe siècle, lorsque la région était à son apogée de carrefour du commerce caravanier, les chameaux baladaient leur allure nonchalante sous les passages voûtés. Aujourd'hui, la ville est étonnamment calme. Les bruits sont étouffés et l'on entend à peine les pas des femmes, drapées du haïk blanc, qui ne laisse apparaître que leur œil gauche. Elles glissent sur les pavés, visions fantomatiques en plein milieu de l'après-midi. Difficile de connaître le nombre d'habitants du ksar, ils seraient 15 000 à 17 000 avec la commune de Bounoura (fondée en 1046). Les ruelles silencieuses, éclaboussées seulement par quelques rires d'enfants, débouchent soudain sur un puits de lumière et de cris : c'est la place du marché à la criée. Il est 16h passées et l'activité bat son plein. « Ashrine dinars ! Ashrine dinars ! (20 DA). » Des chiffres sont lancés dans l'air pur et résonnent sur les façades de la place rectangulaire. Ce marché unique et ancestral a lieu tous les jours, sauf les vendredis et jours fériés, entre la troisième et quatrième prière. En hiver, c'est donc de 16 à 17h30 que l'on peut trouver son bonheur. Le jeudi c'est le jour le plus animé car il précède le jour du grand marché, vendredi, où certains revendent ce qu'ils ont acquis à la vente aux enchères de la veille... La plupart des maisons, dont le pas-de-porte donne sur la place, sont ouvertes. On devine leur intérieur austère et leurs pièces exiguës, basses de plafond. Un subtil dégradé de couleurs habille les façades avec différents tons d'ocre, de beige et de vert d'eau. La place est réservée aux hommes bien qu'elle porte le nom d'une femme : Lalla Achou. Cette dame a offert le terrain à la communauté pour se faire pardonner d'avoir, un jour, été en retard pour sa prière... Le long des maisons, à l'ombre, les anciens ont pris place. Ils portent les vêtements traditionnels : pantalon « loubia » gris ou beige, chemisier blanc, parfois le petit gilet court et la calotte blanche. « Sur cette place, on se repose, on se parle, on donne ses rendez-vous, on fait des affaires », explique l'un d'entre eux, approuvé par ses amis. Ici, on utilise le berbère mozabite et, autour d'un verre de thé, on commente les ventes. « Avant, sur ce marché, on trouvait des objets en bois de palmier, des tapis traditionnels, des poteries. Aujourd'hui, c'est différent », précise le vieil homme. Effectivement, c'est différent. Parmi les offres du jour : une mobylette hors d'âge, une télévision à écran usé, une pioche poussiéreuse et un robinet qui cherche son lavabo. Des fripes masculines s'entassent aux pieds des vendeurs. Les vieux, assis sur des coussins aussi âgés qu'eux, comptent cérémonieusement leurs billets, l'air grave. Aucune voix ne dépasse celle des commissaires-priseurs. L'un d'eux, Ahmed, 48 ans, est au milieu de la place et tente de vendre un lot de livres à la couverture mitée. Ses épaisses lunettes de myope rétrécissent ses yeux, son pantalon est usé et sa calotte n'est plus très blanche. Mais sa voix porte haut. Le déroulement de la vente est réglementé par la mosquée. Les commissaires-priseurs sont désignés par les responsables religieux : ils doivent faire une demande et avoir un garant. Ils prennent un pourcentage sur les ventes mais « cela ne suffit pas à vivre. C'est un travail secondaire », explique Ahmed, refusant de dire combien il gagne par jour. Un peu plus loin, un vendeur crie un prix pour le tapis qu'il porte sur l'épaule. Il porte un burnous et les mêmes lunettes double foyer qu'Ahmed et déambule de groupes en groupes pour proposer son produit. « Ce marché est très ancien, c'est comme un trésor pour nous, il fait partie de notre patrimoine et, quand nous y sommes, nous observons des règles ancestrales. Il fait partie de nos traditions. »

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