La pluie printanière a empêché la projection du film de Mohamed Lakhdar Hamina, Chronique des années de braise, lequel devait lancer le programme «Cinéma sous les étoiles», organisé par le Centre culturel français (CCF) de Annaba en collaboration avec l'université Badji Mokhtar. Le public, qui s'est déplacé à l'ex-lycée Pierre et Marie Curie, était quelque peu déçu. Le cinéaste, qui a donné à l'Algérie sa première Palme d'or au Festival de Cannes en 1975, était lui aussi un peu triste. Mohamed Lakhdar Hamina aurait voulu que les cinéphiles revoient une version réduite d'une trentaine de minutes de sa fresque historique. Révision qui est elle-même une démarche artistique. «Je vais revenir à Annaba», a-t-il promis reprenant avec lui sa copie de 35 mm. Avant de quitter la ville, il a animé, hier après-midi, une rencontre au CCF sur le cinéma. D'autres films seront projetés durant une semaine jusqu'au 21 mai sur un écran gonflable devenu une petite curiosité pour le public. Une équipe de techniciens, venue de France, se charge de tous les aspects liés à la projection. Selon Mohamed Tayeb Laskri, recteur de l'université Badji Mokhtar de Annaba, frère du cinéaste Amar Laskri, l'idée d'organiser Cinéma sous les étoiles est venue après une visite de Fabrice Morio, directeur du CCF Annaba, à l'ex-lycée Pierre et Marie Curie. «Il ne connaissait pas la bâtisse. Quand il a vu la cour, il a tout de suite pensé à des projections cinéma en plein air. Il m'a fait la proposition et j'ai accepté. C'est une idée fantastique. Il s'est chargé de ramener le matériel de France et on découvre une nouvelle technologie du grand écran», a-t-il expliqué. L'événement sera selon lui annuel. Appartenant à l'université, l'ex-lycée Pierre et Marie Curie est un actuellement un centre d'enseignement de langues étrangères. «Nous voulons faire de ce lieu un centre universitaire culturel. Plusieurs clubs assureront l'animation. Le club cinéma vient d'être créé. Il sera installé prochainement», a annoncé le recteur. Mohamed Tayeb Laskri a promis de bâtir une salle couverte à l'intérieur de cet ex-lycée pour des projections cinématographiques à longueur d'année. Après la Cinémathèque, Annaba manque cruellement de salles de cinéma. Durant la semaine, seront projetés, chaque soir à 20 h, plusieurs films dont Les Silences du Palais de la Tunisienne Moufida Tlatli, qui n'a pas pu se déplacer à Annaba en raison d'un engagement au Maroc, La Belle et la Bête du Français Jean Cocteau, Mascarade de l'Algérien Lyès Salem et Bled number one du Franco-Algérien Rabah Ameur-Zaimèche. Dans les après-midis, au CCF seront présentés des documentaires et des films tels que le chef-d'œuvre des frères italiens Paolo et Vittorio Taviani, Padre padrone (Palme d'or à Cannes en 1977) ou des courts métrages peu connus de Lyès Salem à l'image de Cousines, produit en 2004. Jeudi soir, à défaut d'images, le public a eu droit à de la musique instrumentale jouée par le groupe constantinois Ethnosphère. Un ensemble qui appuie son art sur la guitare et sur la flûte et qui fait dans la recherche. Cela peut aller du malouf mélangé, du flamenco à du mode zidane joué autrement. D'autres groupes sont programmés les prochains jours, tels que Billel Gnawa, Hamouche, Krikrou, Askream, Numide et Biggie-G.
