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Djamel Guerid, sociologue à l'Université d'Oran : La société algérienne moderniste en danger
Publié dans El Watan le 18 - 06 - 2009

Professeur de sociologie et d'anthropologie à l'université d'Oran, auteur de L'exception algérienne, la modernisation à l'épreuve de la société (Casbah), Djamel Guerid était, hier, l'invité des Débats d'El Watan à Alger. Récusant la vision dominante de l'Algérie apportée par les chercheurs, en particulier les Français, il explique que la société algérienne est double : moderniste et traditionnaliste et que les efforts pour imposer la société moderniste ont en réalité produit l'inverse.
Dans votre livre, vous expliquez qu'il existe depuis la colonisation deux sociétés en Algérie : une « moderniste » et une « traditionaliste »…
Oui mais attention, cette dualité n'est pas née de l'indépendance ni de la société en crise : elle est contemporaine à la colonisation, qui, par sa forme particulière, a profondément transformé la société. Pour moi, cette dualité est culturelle au sens anthropologique du terme. J'entends par culture : une manière d'être, de penser et d'agir, presque une civilisation. Par exemple, pour définir la société traditionaliste, j'utilise le qualificatif « arabiste » pour éviter tout amalgame avec l'Islam, car ce n'est pas une affaire de religion, la religion n'étant qu'une partie de la culture.
Pour illustrer cette division dans l'histoire, vous citez Hamdan Khodja et l'Emir Abdelkader, Abbas Ferhat et Ibn Badis. Aujourd'hui, quelles personnalités opposeriez-vous ?
Par exemple Saïd Sadi et Othman Saâdi, président de l'Association algérienne pour la défense de la langue arabe. Mais cette dualité est présente partout dans la société ! Prenez les défenseurs du week-end universel, qui veulent le week-end le samedi et le dimanche pour des raisons économiques et les partisans du jeudi/vendredi qui avancent des arguments culturels et religieux. Ou encore : regardez la façon dont les Algériens s'informent : il y a ceux qui lisent El Watan et ceux qui lisent Echourrouk, ceux qui regardent Al Jazeera et ceux qui regardent TF1 !
Mais est-ce qu'une troisième voie hybride ne serait pas en train de se dessiner, celle d'une société arabiste qui par moments prendrait le visage de la modernité ? Celle de plus en plus visible des affairistes fidèles au système social traditionnel mais adhèrent au matérialisme des modernistes…
Je ne crois pas, car la dualité est toujours là : ces individus acceptent la modernité technique, pour eux, elle est neutre et vivent même comme des Occidentaux, mais ils n'acceptent pas la modernité culturelle. Ils font la distinction entre les deux. Au contraire, je vois aujourd'hui une exacerbation de cette dualité et je crois que les modernistes sont en train de perdre du terrain. Les Algériens sont de plus en plus nombreux à vouloir partir et planifient même leur départ. Et si ce ne sont pas les adultes, ce sont leurs enfants. Depuis vingt ans, je pose la même question à mes étudiants et je vois de plus en plus de jeunes qui envisagent de quitter l'Algérie après leurs études. Même s'ils ne passent pas à l'acte, ils en ont l'intention. Même les filles font le projet de partir, ce n'était pas le cas il y a vingt ans… J'irai même plus loin en disant qu'il n'y a peut-être plus qu'à Alger que les modernistes forment encore un groupe cohérent. Et je ne m'étonne pas qu'Abdelaziz Bouteflika ait obtenu un score si important à la dernière présidentielle : il est dans la société traditionaliste majoritaire comme un poisson dans l'eau. Les modernistes qui réduisent le résultat des votes à une manipulation politique se trompent.
Est-ce que cette dualité peut alors un jour disparaître au profit de ce que vous appelez la société majoritaire ?
L'industrialisation des années 1970 avait pour objet de faire disparaître cette dualité au profit des modernistes, de faire passer l'ensemble social d'une ère à une autre, de la société traditionnelle à la société rationnelle. En fait, c'est l'inverse qui s'est produit. Je tenterai même une analogie : en 1962, la dualité s'est effacée avec la disparition « physique » des Français qui incarnaient les modernistes. Aujourd'hui, il se passe exactement la même chose avec le départ des Algériens. Mais pour l'instant, nous ne pouvons faire aucune analyse car nous en sommes encore au stade du constat…
En parlant d'analyse, vous évoquez aussi dans votre livre l'image unilatérale de l'Algérie donnée par les intellectuels français et algériens. A l'image de la patrie de la révolution exemplaire s'est superposée celle d'un pays de « terroristes ». Est-ce que le problème ne vient- il pas du fait que très peu de chercheurs français s'intéressent à l'Algérie ?
J'ai l'impression que les anciens chercheurs français spécialistes de l'Algérie et même les journalistes ont été déçus, voire pour certains désespérés, et se sont tournés vers autre chose. Parce qu'ils ont fonctionné de manière partisane : ils voyaient dans l'Algérie la concrétisation d'une idée, selon laquelle le pays deviendrait comme la France, parce que finalement, ils ne voyaient pas de rupture réelle sur le plan culturel. Les Algériens, eux, se sont improvisés fournisseurs de schémas d'analyse et ne renvoient aux Français que l'image que ces derniers en ont. Parce qu'il s'agit fondamentalement de la même image, celle de la société algérienne qui bien, que « bien partie », s'est trouvée contrariée dans sa modernisation, essentiellement du fait de l'obstacle culturel et religieux. Aujourd'hui, l'Algérie est sous-analysée et cela prend des proportions assez graves. L'Algérie a perdu ses meilleurs chercheurs et il faut reconnaître aussi qu'il n'y a aucune facilité pour que les chercheurs français viennent faire du terrain. La reprise va se faire mais lentement et elle pourrait venir des jeunes chercheurs français d'origine algérienne.


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