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Un marché morbide en plein essor : Plongée dans les eaux troubles des filières des migrants
Publié dans El Watan le 10 - 12 - 2018

C'est aujourd'hui, lundi 10 décembre, date coïncidant avec les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l'homme, que s'ouvrent les travaux de la très attendue conférence intergouvernementale sur la migration de Marrakech (CIM 2018). Très attendue, car sera adopté, lors de ce rendez-vous planétaire auquel devraient prendre part au moins 130 chefs d'Etat et de gouvernement, le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.
Il s'agit du premier instrument onusien traitant de la question de la migration dans sa globalité, dont se sont désolidarisés nombre de pays, à l'image des Etats-Unis, la Hongrie, l'Autriche, l'Australie, la République tchèque, Israël, la Pologne, la Bulgarie, l'Estonie et tout récemment la Suisse.
La question qui s'impose est : quelle attitude est susceptible d'adopter la délégation de haut niveau représentant l'Algérie face aux interpellations sur la brûlante et hautement sensible question des migrants, laquelle risque de s'inviter à la conférence de Marrakech ?
D'autant que novembre 2018 a été marqué à jamais par les pires épisodes de l'interminable feuilleton des migrants qui se joue à ciel à ouvert voilà plus d'une décennie. La mort de plus d'une dizaine de jeunes migrants irréguliers et la disparition d'environ une centaine d'autres ayant endeuillé et ébranlé, ces derniers temps, des familles de l'Algérois, de l'Est, de l'Oranie et de la Kabylie, plongent tout le pays dans la consternation et l'incompréhension.
A qui la faute ? A nos gouvernants qui ont fait de l'Algérie un pays profondément exécré par ses enfants, à la démission des parents, à l'Europe hypocrite, qui continue de se barricader à renfort d'hommes et de technologies, aux pays miradors auprès desquels cette même Europe a sous-traité le contrôle de ses frontières ?
Galsi, ou la route de la mort
La responsabilité incomberait peut-être au vieux navigateur de Sidi Salem, celui qui, sans le savoir, avait, à la fois, ouvert la porte de l'enfer à la vulnérable jeunesse algérienne et celle du paradis aux réseaux criminels transnationaux de traite d'humains. Bien singulière est, en effet, cette ironie du sort, dont ce connaisseur des secrets de la grande bleue dévoilera la sinistre portée.
Le projet de gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie (Galsi), mis en veille depuis plus d'une dizaine d'années, s'avérera, en revanche, être un filon d'or ayant favorisé l'émergence d'un marché de nature toute autre, mais non moins rémunérateur et aux débouchés à l'international tout aussi sûrs : le business de la harga à destination de la botte qui générerait aux réseaux des passeurs, selon des estimations italiennes, des bénéfices pouvant aller jusqu'à 700 millions d'euros.
En effet, c'est grâce à l'expertise dans le domaine de la navigation et de la pêche en apnée d'un septuagénaire natif du quartier populeux de Sidi Salem (commune d'El Bouni, Annaba) qui fut mis au parfum de la cartographie du tracé de 1500 km dont 560 en haute mer, pour les besoins d'une liaison sous-marine en Méditerranée par gazoduc entre l'Algérie et l'Italie, en passant par la Sardaigne, projet lancé en 2003 par la compagnie Sonatrach et ses partenaires italiens (Eni, Edison, Hera et la région Sardaigne), que la route migratoire vers la Sardaigne, île située sur flanc nord-ouest du canal de Sicile, fut découverte pour la première fois. La finalité étant le renforcement de la sécurité énergétique du vieux continent, particulièrement l'Italie.
Pays vers lequel le gaz était censé être acheminé d'abord par voie terrestre, depuis les sites de production (Sahara) jusqu'à Biskra, Batna puis Constantine, ensuite par voie maritime, de Annaba à Piombino, en Toscane, en passant par les deux petites villes de Cagliari et Olbia (Terranoa), en Sardaigne.
Or, au lieu du gaz naturel, le tracé en off-shore aura, en fin de compte, beaucoup plus aidé à l'acheminement d'êtres humains.
Et le coup de starter des premières expéditions clandestines vers le rêve européen fut donné, au début de l'été 2005, sous la houlette du vieux navigateur, par un groupe d'une quinzaine de migrants et autre ironie du sort, ils étaient originaires de Batna, Constantine et Annaba.
Depuis, une véritable campagne de promotion autour de la destination Sardaigne au départ de Sidi Salem fut déployée et le phénomène de la harga commencera par se répandre, de manière spectaculaire, auprès des jeunes Annabis, de wilayas limitrophes et d'un peu partout.
Ainsi, en l'espace de quelques années, les départs se comptaient en centaines, puis en milliers et Annaba se verra vite propulsée au rang des plus grandes villes maghrébines émettrices de migrants clandestins.
Absence de statistiques officielles
Nombre d'ONG, d'ici et de l'autre rive de la Méditerranée, militants pour la défense des droits des migrants, parlent de 10 000 à 15 000 migrants appréhendés, entre 2005 et 2017, par les services des garde-côtes nationaux, de 20 000 à 25 000 autres arrivés à bon port et plus de 1500 à 2000 pour qui l'aventure s'était brutalement arrêtée au cœur de la grande bleue, et ce, sans parler de centaines d'autres, à ce jour portés disparus.
Cette absence de statistiques officielles demeure, visiblement, toujours d'actualité : «L'Italie compte pas moins de 300 000 à 500 000 migrants irréguliers, toutes origines confondues, contre 5 millions de réguliers. Cette année, de janvier à octobre, 21 785 migrants sont arrivés en Italie par la mer.
Les trois premières nationalités étant les Tunisiens (4000), les Erythréens et les Nigériens. Les Algériens sont très minoritaires. Dans l'agriculture (travail saisonnier), on rencontre rarement des Algériens.
Il y a beaucoup plus de Tunisiens, de Marocains et de Subsahariens», nous a indiqué Raffaella Maria Cosentino, reporter pour la chaîne de télévision italienne RAI, en marge de la 2e édition des Panafricaines dédié à «Migrations africaines, une chance pour le continent, une responsabilité pour les médias», une rencontre sur la problématique des migrations africaines tenue à Casablanca (Maroc).
Pourtant, tient à souligner cette spécialiste des questions migratoires : «Sur le nombre d'Algériens, je ne dispose d'aucun chiffre précis. Je peux, par contre, vous dire que le sujet des harraga est très peu abordé par les grands médias italiens.
La Sardaigne est un côté de l'Italie presque caché, un peu loin pour les agences de presse italiennes, surtout. Il faut noter que les arrivées d'Algériens sur cette île se font par petits bateaux de dizaines de personnes, contrairement aux Tunisiens qui débarquent en masse sur l'autre île italienne, Lampedusa en l'occurrence, donc beaucoup plus médiatisés.
Pour les Tunisiens ou les Nigériens, par exemple, avec lesquels l'Italie a signé des accords de réadmission, les chiffres existent. Ils ont intérêt à aller les chercher».
Par contre, lorsqu'il s'agit de la problématique de migrants subsahariens, l'Algérie fait souvent la une des grands médias italiens : «Des collègues, journalistes et photographes professionnels, qui sont loin d'être des menteurs, ont recueilli, en juillet dernier, des témoignages sur des migrants nigériens, des femmes et des enfants surtout, renvoyés par l'Algérie.
Ces migrants ont passé plusieurs jours dans le désert sans boire ni manger. Mais, je pense que si l'Algérie a agi ainsi, c'est sans doute sous la pression de l'Europe et sa politique d'externalisation des frontières, elle cherche à faire bouger les frontières toujours plus bas vers le désert.» Risquerait-on de voir un jour les agents de Frontex débarquer sur nos frontières ? «Ah oui (rires), peut être ! Je ne sais pas si au niveau politique c'est possible.
En tout cas, la question de l'externalisation des frontières est au cœur des débats en Italie entre les activistes. Ces derniers se préoccupent beaucoup du fait que l'UE puisse externaliser ses frontières et demander aux pays du nord de l'Afrique de faire le gardien.
L'UE pourrait donner de l'argent aux pays nord-africains sous forme de coopération et exiger, en contrepartie, la répression des migrants, qu'ils soient Algériens ou autres nationalités. La question fait débat au sein de notre société civile», nous a-t-elle répondu.
Appréhensions européennes
Cette inquiétude de l'Italie ou de l'Europe de voir de vieux scénarios se répéter s'expliquerait, en partie, d'après des officiels français, italiens ou espagnols, considérant le climat politico-économique ambiant en Algérie ou dans toute la région avoisinante.
D'autant que, rappellent-ils, après celui de 2011, année marquée par des événements politiques exceptionnels ayant ébranlé plus d'un pays arabe, le record le plus retentissant sera atteint en 2016, où pas moins de 1106 franchissements illégaux des frontières maritimes italiennes étaient à l'actif de nos harraga.
Ce qui, à l'époque, avait d'ailleurs poussé le président de la région de Sardaigne, Francesco Pigliaru, à crier publiquement son ras-le-bol, exhortant les autorités de son pays à prendre les mesures qui s'imposent pour «endiguer les débarquements massifs de migrants irréguliers algériens» sur son île.
Sauf que son appel serait resté sans écho, la tendance étant repartie à la hausse : de janvier à fin septembre 2017, entre 800 et 1000 nouvelles tentatives d'émigration illégale avaient été mises en échec par nos garde-côtes, alors que plusieurs centaines de harraga avaient déjà débarqué en Italie.
Un nombre tout aussi important sera enregistré en 2018, faisant réagir Filippo Spanu, conseiller aux affaires générales, chargé des flux migratoires, au Conseil régional de la Sardaigne qui, à son tour, estime que «le trafic algérien, en cours depuis quatre ans, est très différent de celui de la Libye». Et d'insister : «Ce trafic doit cesser».
Non moins nombreux, sont également les harraga à emprunter de plus en plus la route vers l'Espagne. «Lorsque la voie de l'Est, Grèce via l'Afrique de l'Est, s'était ouverte, les réseaux de passeurs l'avait exploitée de 2014 jusqu'en 2016. A partir de 2016, profitant de la situation en Libye, ces réseaux se sont rabattus sur la route centrale, Libye-Italie, mettant en danger avéré la vie de milliers de personnes», a ajouté la journaliste italienne.
En effet, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a, à nouveau, sonné l'alarme : «Le taux de mortalité lors de la traversée de la Méditerranée entre la Libye et l'Italie a grimpé de 1 personne sur 29 au premier trimestre 2017 à 1 personne sur 14 au premier trimestre 2018 et même à 1 personne sur 8 en septembre 2018». Pis encore, sur les six premiers mois de 2018, une personne sur 18, qui tentait de traverser la Méditerranée, a disparu.
En septembre, près d'un migrant sur 5, partant de Libye, aurait disparu, selon des ONG italiennes. Nos harraga pourraient en faire partie puisque depuis ces quelques dernières années, des expéditions s'organisent et se multiplient au départ de Annaba vers la Tunisie, puis la Libye pour atteindre l'Italie. «Ces cinq dernières années, beaucoup de harraga algériens viennent en Libye pour tenter la traversée à destination de Lampedusa.
Or, la plupart se font racketter par les réseaux de passeurs libyens et égyptiens. Les embarcations (jusqu'à 3000 euros/place), censées les conduire vers les côtes italiennes, sont souvent abandonnées sur des îlots libyens.
A ces harraga algériens on fait croire qu'ils sont arrivés à bon port, alors qu'en réalité, ils ne sortent jamais des eaux territoriales libyennes», nous confie Hala Misrati, une journaliste libyenne. Toutefois, avec la nouvelle politique du gouvernement italien de fermer en 2017 les ports aux ONG et aux bateaux secourant des migrants en Méditerranée, de nouvelles routes se sont développées, notamment via l'Espagne.
Basculement sur la route Ouest, Maroc-Espagne
Sur un total de 99 538 entrées en Europe, de janvier à octobre 2018, 50 129 ont été enregistrées en Espagne, dont plus de la moitié (27 994) migrants sont arrivés sur les côtes espagnoles depuis le Maroc, 21 785 en Italie et 26 178 en Grèce. Dangereusement hantés par le rêve européen, nos harraga redoublent de tentatives depuis l'Algérie ou en se fondant dans cette masse de réfugiés maghrébins et subsahariens partant de Tunisie, de Libye ou encore du Maroc.
Situation très peu flatteuse pour un pays de la taille de l'Algérie et qui témoigne, à bien des égards, de l'incapacité de cette même Algérie à retenir ses enfants, à apporter des réponses globales à leur mal-vivre devenu endémique.
Même le dispositif criminalisant l'acte de la harga (loi n° 09-01 du 25 février 2009) s'avérera de moins en moins dissuasif. En témoignent la multiplication, peu de temps après sa mise en œuvre, des départs à la recherche d'une vie meilleure de l'autre rive de la Méditerranée et les changements récurrents des itinéraires migratoires pour y parvenir.
Après celles de l'Italie et de Malte, alors devenues de moins en moins sûres, les harraga mettront le cap sur la route Turquie-Grèce que leur feront découvrir leurs compatriotes, les spécialistes de l'import/import dans le prêt-à-porter : 11% des 11 808 migrants illégaux interceptés en Grèce, entre 2010 et 2011, avaient été identifiés en tant qu'Algériens, juste derrière les Pakistanais (16%) et les Afghans (23%). Et pas seulement : le canal de Sicile s'était, à la même période, macabrement illustré en engloutissant 87% des 1674 migrants illégaux morts en Méditerranée, dont beaucoup étaient des Algériens.
Aussi, en 2011, toujours sur l'itinéraire terrestre entre la Turquie et la Grèce, où convergeait plus du tiers des passages des migrations irrégulières vers l'Europe au départ des côtes maghrébines, l'avènement du «printemps arabe» aidant, les harraga étaient deux à six fois plus nombreux que les Marocains et les Tunisiens : 1700 avaient été interceptés après leur entrée, sans compter tous ceux, encore plus nombreux, qui, à leur arrivée par la mer, s'étaient évaporés dans la nature ou ceux disparus dans les naufrages fantômes.
Surtout que les opérations de sauvetage devenaient de moins en moins fréquentes de par les risques d'arrestation ou de saisie d'embarcations auxquels pouvaient s'exposer les pêcheurs italiens ou autres, en cas d'intervention afin de secourir les migrants en difficulté.
Néanmoins, après la conclusion, au printemps 2016, du très controversé accord euro-turque visant à endiguer l'arrivée en Europe de réfugiés partant de Turquie, les harraga ont, à nouveau, repris la route de l'Italie. Là où toutes les conditions sont, pourtant, censées les en dissuader.
Car sans le savoir, les harraga débarquent, le plus souvent, sur le littoral sud de l'île sarde où est implantée une vaste base d'entraînement des forces armées italiennes de l'OTAN et ses infrastructures, des polygones de tirs depuis la côte (Perdasdefogu), des champs pour exercices de feu (capo Teulada), des polygones pour exercices aériens (capo Frasca), des dépôts de carburant et autres produits chimiques dangereux, etc.
Pis encore, lorsqu'ils parviennent à échapper aux mailles des garde-côtes sardes ou celles de leurs bras armés Frontex (agence de surveillance des frontières extérieures de l'Europe), nos jeunes aventuriers peuvent s'égarer aux alentours de cette base militaire.
L'autre grand danger auquel ils se retrouvent confrontés est de sauter sur des mines disséminées dans le sol par les militaires de l'OTAN pour les besoins de protection du périmètre de la base.
A tout cela, il faut ajouter le sort réservé à ceux qui risquent, à tout moment, d'être happés par les filets des 3000 à 4000 militaires déployés dans les grandes villes italiennes pour appuyer les forces de l'ordre dans la traque des sans-papiers.
Et pour, soi-disant, combattre le fléau de la harga et dissuader les jeunes de jouer leur vie, les autorités nationales avaient décidé du déploiement de la grosse artillerie : multiplication de missions policières algériennes dans plus d'une capitale et ville européennes, Genève surtout, collaboration avec l'Office européen de police (Europol), participation aux patrouilles navales avec les marines française et italienne et la discrète collaboration avec le Centre national d'intelligence (CNI), principal service de renseignement espagnol, d'un côté, renforcement des moyens d'intervention des gardes-côtes nationaux, surveillance accrue des frontières maritimes, approche plus conciliante à travers des incitations financières (le dispositif Ansej, en particulier), de l'autre.
Mais c'était peine perdue : encore plus nombreux sont les, jeunes ou moins jeunes, femmes et enfants, à se révéler tout aussi résolument déterminés à partir, et ce, quels qu'en soient le moyen et le prix à payer.


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