Certaines organisations régionales, comme la Ligue arabe ou l'Organisation de l'unité africaine (OUA) par exemple, étaient considérées par les analystes comme des syndicats de chefs d'Etat au service exclusif des régimes autocratiques et dictatoriaux en place. L'Union africaine (UA), qui a succédé à l'OUA, n'échappe malheureusement pas à cette règle. En effet, sur proposition de Maâmar El Gueddafi, « guide de la Révolution libyenne, commandeur des croyants et roi des rois d'Afrique » (c'est ainsi qu'il a décidé d'être appelé officiellement), elle a adopté une résolution dans laquelle elle soutient que les dirigeants africains ne coopéreront pas avec la Cour pénale internationale (CPI) pour l'arrestation du président soudanais Omar El Béchir pour « crimes de guerre et crimes contre l'humanité » au Darfour, région de l'ouest du Soudan où l'armée et les milices se livrent au massacre à grande échelle des populations civiles. Exception notable du Botswana qui a refusé de s'associer à une démarche honteuse, tous les pays ont adhéré au texte. Pourtant, la grande majorité d'entre eux a adhéré à la CPI. Pourquoi l'UA défend-elle un homme responsable d'un véritable crime contre l'humanité et se démarque-t-elle ainsi de la communauté internationale ? De toute évidence, elle s'est fait hara-kiri en se portant un coup au peu de crédibilité qu'elle possède. Elle a donné la preuve qu'elle n'est pas l'émanation de peuples épris de justice, de paix et de démocratie, mais une instance érigée en avocat du diable, prête à adopter des attitudes similaires si un autocrate africain se met en situation hors la loi. Les citoyens algériens ne peuvent guère tolérer une telle situation. Ils savent qui est Omar El Béchir. Dans les années 1990, il a ouvert dans son pays des camps d'entraînement pour les terroristes de l'AIS et du GIA, lesquels sont ensuite rentrés en Algérie pour semer la mort et la désolation. Pour cette raison d'ailleurs, Alger avait rompu les relations diplomatiques avec Khartoum. A cette époque, la colère des Algériens était telle que le président Liamine Zeroual, invité à Tripoli pour l'anniversaire du coup d'Etat du 1er septembre 1969, avait quitté avec fracas la tribune officielle lorsqu'il avait constaté la présence du dictateur soudanais. C'est dire que pour le mal qu'il a fait uniquement au peuple algérien, Omar El Béchir mérite très bien son inculpation par la Cour pénale internationale. L'histoire retiendra que l'UA a pris une décision scélérate qui insulte tous les combattants africains morts pour la liberté contre le colonialisme et pour les droits de l'homme. Elle s'est prononcée pour la poursuite de l'asservissement des peuples d'Afrique.