Cette présente contribution analyse d'une part les sept axes de la stratégie énergétique de l'Algérie dialectiquement liés et les impacts des nouvelles mutations énergétiques régionales. 1. Les sept axes de la politique énergétique de l'Algérie 2025/2030/2040 Premier axe : investir dans le pétrole et le gaz traditionnel, la production algérienne de pétrole est d'environ et en fonction des quotas affichés par l'OPEP entre 920.000- 950.000 barils/jour, et la production annuelle de gaz entre 1110-120 milliards de mètres cubes gazeux dont pour pétrole et gaz entre 40/45% pour la consommation intérieure (Sonelgaz prévoyant en cas de non découvertes substantielle et le maintien des subventions généralisées plus de 70% de la production actuelle horizon 2030 ) et devant injecter dans les puits afin d'éviter leur épuisement entre 15/20% de la production. Les exportations algériennes en moyenne se font pour 70% par canalisation et 30% par GNL Sonatrach prévoyant d'investir entre 40/50 milliards de dollars durant les cinq prochaines années qui constitueront encore pour longtemps la principale entrée en devises (50% de la superficie n'étant pas encore exploitée) pour découvrir de nouvelles réserves avec pour objectif tant pour courir la consommation intérieure que d'augmenter les volumes de gaz à l'exportation. Notamment en tissant des partenariats gagnants -gagnants avec de grandes firmes internationales, l'exploration actuelle couvrant actuellement seulement environ 55% de la superficie. Le deuxième axe est le développement des énergies renouvelables : Dès lors que la transition énergétique pour l'Algérie est un choix stratégique politique, militaire et économique pour assurer la sécurité énergétique du pays, qui se fera progressivement, car il est incontestable que les gisements fossilifères du pays commencent à se tarir alors que la consommation énergétique nationale est en croissance importante. Mais le soleil tout seul ne suffit pas Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. L'Algérie dispose d'abondantes sources d'énergies renouvelables, solaires (plus de 3 000 heures de soleil par an) hydraulique, et éoliennes, qui lui permettent de devenir un leader dans la production de l'énergie propre le ministère de l'Energie prévoyant horizon 2030/2040, environ 40% de la couverture du marché intérieur étant fin 2024 entre 2/3%. L'Algérie s'est engagé à installer une puissance d'origine renouvelable de l'ordre de 22 000 MW à l'horizon 2030/2035, dont 12 000 MW pour le marché national algérien, et avec une possibilité d'exportation allant jusqu'à 10.000 MW. Cependant, il reste à mobiliser un financement estimé selon plusieurs conseils des ministres entre 50/70 milliards de dollars pour atteindre ces objectifs. Le troisième axe est le développement de l'hydrogène : L'Algérie peut être un acteur efficace au sein de la chaîne de valeur énergétique en développant de l'hydrogène vert, bleu et blanc. La stratégie de l'hydrogène tourne autour de trois axes (voir interview du professeur Abderrahmane Mebtoul sur ce sujet à la télévision algérienne Ennahar le 16 septembre 2025): Premièrement la mise en place d'un cadre juridique, organisationnel et institutionnel intégré. Deuxièmement, des infrastructures appropriées pour la production et le stockage avec une intégration industrielle garantissant la production locale des équipements ainsi que la maîtrise de l'ingénierie et des services à travers le développement des capacités et des compétences à travers les universités et instituts. Troisièmement, la ise en place de mécanismes de financement innovants des investissements, et le renforcement de la coopération internationale, notamment avec le développement de projets d'interconnexion pour le transport de l'hydrogène, en particulier le projet South 2 Corridor destiné à l'exportation de l'hydrogène vert vers l'Europe, Ainsi des contacts sont en cours avec le partenaire ENI, afin de mener des projets pilotes pour l'hydrogène vert et les biocarburants et la société allemande VNG AG pour la réalisation des projets d'hydrogène vert et d'ammoniac. L'Algérie se propose, d'investir de 20 à 25 milliards de dollars à l'horizon 20242040 autour de l'hydrogène renouvelable, divisée en trois grands phases : le démarrage via des projets pilotes (2023 à 2030), l'expansion et la création de marchés (2030 à 2040) et l'industrialisation et la compétitivité du marché (2040 à 2050). À horizon 2040, l'Algérie prévoit de produire et d'exporter 30 à 40 TWh d'hydrogène gazeux et liquide, avec un mix à la fois composé d'hydrogène bleu, produit à partir de gaz, et d'hydrogène vert fabriqué par électrolyse grâce aux importantes ressources solaires du pays, avec pour objectif de fournir à l'Europe 10 % de ses besoins en hydrogène vert, d'ici à 2040. Le quatrième axe : L'Algérie ambitionne de construire des mini centrales nucléaires à des fins pacifistes en accord avec l'AIE pour faire face à une demande d'électricité galopante, l'Institut de génie nucléaire, créé, devant former les ingénieurs et les techniciens en partenariat, qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Les réserves prouvées de l'Algérie en uranium avoisinent les 29 000 tonnes, de quoi faire fonctionner deux centrales nucléaires d'une capacité de 1000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, selon les données du ministère de l'Energie. La ressource humaine étant la clé, à l'instar de la production de toutes les formes d'énergie et afin d'éviter cet exode des cerveaux massif que connaît l'Algérie. Le cinquième axe est l'option du pétrole/gaz de schiste où l'Algérie possède le 3e réservoir mondial, (selon des études internationales), introduite dans la loi des hydrocarbures, dossier que j'ai l'honneur de diriger pour le compte du gouvernement et remis en janvier 2015. En Algérie, devant éviter des positions tranchées pour ou contre, les USA étant devenu le premier producteur grâce à cette ressource mais devant protéger l'environnement. L'adhésion des populations locales par un dialogue productif est nécessaire car on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au Sud du pays, l'Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l'eau étant un enjeu stratégique au niveau méditerranéen et africain. Selon l'étude réalisée sous ma direction, les nouvelles techniques peu consommatrices d'eau et évitant l'injection de produits chimiques dans les puits devraient être opérationnelles à car, actuellement, avec la fracturation hydraulique classique il faudrait pour environ un milliard de mètres cubes gazeux, environ 1 million de mètres cubes d'eau douce, devant tenir compte de la durée de vie courte des puits (5 ans maximum) et devant perforer des centaines pour avoir un milliard de mètres cubes gazeux. (dossier sous la direction du Pr A.Mebtoul gaz de schiste, opportunités et risques assisté des cadres dirigeants de Sonatrach premier ministère 2015 8 volumes 780 pages. Le sixième axe est une nouvelle politique des subventions. L'actuelle politique intérieure tant de l'énergie que des carburants en particulier encourage le gaspillage et une consommation non optimale , d'où la nécessité d'un système des subventions directes au profit des catégories sociales et ménages à faible et moyen revenus mais devant être réaliste, le revenu moyen de l'Algérien étant environ 20% de celui de l'européen, ainsi que transitoirement pour des segments inducteur de valeur ajoutée. Pour exemple, la politique des carburants doit s'insérer dans le cadre de l'efficacité énergétique, renvoyant à une nouvelle politique des prix afin d'éviter renvoyant au dossier des subventions ciblées que j'ai dirigé celui des carburants, avec le bureau d'études américain Ernest Young et avec les cadres du ministère de l'Energie et de Sonatrach que j'ai présenté personnellement à la commission économique de l'APN en 2008 (prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix international). C'est la plus grande réserve pour l'Algérie, ce qui implique une révision des politiques de l'habitat, du transport et une sensibilisation de la population. A cet effet, une réflexion doit être engagée pour la création d'une chambre nationale de compensation, que toute subvention devra avoir l'aval du parlement pour plus de transparence. Une chambre devant réaliser un système de péréquation, tant interrégionale que socioprofessionnelle, segmentant les activités afin d'encourager les secteurs structurants. Le septième axe est la politique de la neutralité carbone où les directives européennes de protection de l'environnement, principal marché de l'Algérie, seront appliquées dès 2027. L'Algérie dans le cadre du Mix énergétique doit axer sa politique sur la diminution des gaz torchés, la réduction de l'empreinte carbone, Selon les responsables du secteur la stratégie du gouvernement, consiste dans le domaine du stockage du transport de privilégier les carburants alternatifs. Dans le commerce mondial, le transport maritime et aérien représentant près de 7% des émissions mondiale l'Algérie a commencé à adopter des solutions alternatives telles que le méthanol et le gaz naturel liquéfié (GNL) avec l'intégration de la technologie de propulsion DFDE (bicarburant) dans la flotte de transport maritime algérienne, ce qui permettra de réduire la consommation d'énergie et les émissions. Ainsi, il est prévu la mise en place d'installations de stockage et d'approvisionnement en carburant propre à Arzew et à Skikda, afin de soutenir la compétitivité du transport maritime durable de réduire l'intensité carbone de tous les navires de 40 % d'ici à 2030 par rapport à 2008 et dans le secteur de l'aviation un projet-pilote avec Air Algérie vise à produire localement les carburants d'aviation durables (SAF/Sustainable Aviation Fuel) à partir de résidus de raffinage et d'huiles usagées afin de contribuer au respect des engagements internationaux et à la réduction des émissions du secteur aérien. Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités